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Aragon - Carco - Ferrat

                        Francis Carco
Ecouter la version chantée
Composé et interprété
par Jean Ferrat




Louis Aragon - (1897-1982)


Carco

Dis qu'as-tu fait des jours enfuis
De ta jeunesse et de toi-même
De tes mains pleines de poèmes
Qui tremblaient au bout de ta nuit


Il avait toujours dans la tête
Le manège d'anciens tourments
De la fenêtre par moment
Parvenaient des bouffées de fête

Où sont les lumières lointaines
Voici fermés les yeux éteints
Ce chant des lilas au matin
De Montmartre à Mortefontaine

Tu meurs sans avoir vu le drame
Carco qui ne sus que chanter
Te souviens-tu de cet été
De Nice où nous nous rencontrâmes

On faisait semblant d'être heureux
Le ciel ressemblait à la mer
Même l'aurore était amère
C'était en l'an quarante-deux

Excuse-moi que je le dise
Dans ce Paris où tu n'es plus
Comme Guillaume l'a voulu
Qu'un nom qui se mélancolise

Que l'avenir du moins n'oublie
Ce qui fut le charme de l'air
Le bonheur d'être et le vin clair
La Seine douce dans son lit


Francis Carco chanté par Fréhel

                                      Fréhel en 1908

Ecouter sur DEEZER
Interprété par Frehel en 1935
Musique de Jacques Larmanjat




Francis Carco (1886-1958)


Chanson Tendre

Au souvenir de nos vingt ans,
Par ce beau matin de printemps,
J’ai voulu revoir tout là-bas
L’auberge au milieu des lilas.
On entendait dans les branches
Les oiseaux chanter dimanche
Et ta chaste robe blanche
Paraissait guider mes pas.

Tout avait l’air à sa place,
Même ton nom sur la glace,
Juste à la place où s’efface,
Quoi qu’on fasse,
Toute trace...
Et je croyais presque entendre
Ta voix tendre murmurer
"Viens plus près".

J’étais ému, comme autrefois,
Dans cette auberge au fond des bois.
J’avais des larmes plein les yeux
Et je trouvais ça merveilleux.
Durant toute la journée,
Dans la chambre abandonnée
Depuis tant et tant d'années,
Je nous suis revus tous deux.

Mais rien n’était à sa place;
Je suis resté, tête basse,
À me faire, dans la glace,
Face à face
La grimace...
Enfin, j’ai poussé la porte,
Que m’importe,
N i ni
C’est fini!

Pourtant, quand descendit le soir,
Je suis venu tout seul m’asseoir
Sur le banc de bois vermoulu
Où tu ne revins jamais plus.
Tu me paraissais plus belle,
Plus charmante, plus cruelle,
Qu’aucune de toutes celles
Pour qui mon coeur a battu.

Tout avait l'air à sa place,
Même ton nom sur la glace,
Juste à la place où s'efface,
Quoi qu’on fasse
Toute trace
Puis, avec un pauvre rire,
J’ai cru lire :
"Après tout,
On s’en fout!"



Du même auteur :
Au pied des tours de Notre-Dame
Bohème
Chanson Tendre
Complainte
Il pleut
Le doux caboulot
Les fiacres
Nuits d'hiver
Rengaine
Ton ombre

Hugo - L'art d'être Grand-Père

Jeanne, Victor et Georges

Ecouter sur DEEZER
Composé et interprété
par Alain Laugenie



Victor Hugo - L'art d'être Grand-Père


Ma Jeanne

Ma Jeanne, dont je suis doucement insensé,
Étant femme, se sent reine ; tout l'A B C
Des femmes, c'est d'avoir des bras blancs, d'être belles,
De courber d'un regard les fronts les plus rebelles,
De savoir avec rien, des bouquets, des chiffons,
Un sourire, éblouir les coeurs les plus profonds,
D'être, à côté de l'homme ingrat, triste et morose,
Douces plus que l'azur, roses plus que la rose ;
Jeanne le sait ; elle a trois ans, c'est l'âge mûr ;
Rien ne lui manque ; elle est la fleur de mon vieux mur,
Ma contemplation, mon parfum, mon ivresse ;
Ma strophe, qui près d'elle a l'air d'une pauvresse,
L'implore, et reçoit d'elle un rayon ; et l'enfant
Sait déjà se parer d'un chapeau triomphant,
De beaux souliers vermeils, d'une robe étonnante ;
Elle a des mouvements de mouche frissonnante ;
Elle est femme, montrant ses rubans bleus ou verts.
Et sa fraîche toilette, et son âme au travers ;
Elle est de droit céleste et par devoir jolie ;
Et son commencement de règne est ma folie.


Lamartine - Le Lac


Ecouter la version chantée
Interprétée par Les choeurs de la citadelle
de Montmélian (Savoie)
Compositeur : Sylvain Vandurme
- Diffusé par YOUTUBE -

Version 1904
Interprétée par Pol Plançon
Sur une mélodie de Louis Niedermeyer
- Diffusé par YOUTUBE -




Alphonse de Lamartine - (1790-1869)

Méditations poétiques


Le Lac

Ainsi, toujours poussés vers de nouveaux rivages,
Dans la nuit éternelle emportés sans retour,
Ne pourrons-nous jamais sur l’océan des âges
Jeter l’ancre un seul jour ?

Ô lac ! l’année à peine a fini sa carrière,
Et près des flots chéris qu’elle devait revoir,
Regarde ! je viens seul m’asseoir sur cette pierre
Où tu la vis s’asseoir !

Tu mugissais ainsi sous ces roches profondes ;
Ainsi tu te brisais sur leurs flancs déchirés ;
Ainsi le vent jetait l’écume de tes ondes
Sur ses pieds adorés.

Un soir, t’en souvient- il ? nous voguions en silence ;
On n’entendait au loin, sur l’onde et sous les cieux,
Que le bruit des rameurs qui frappaient en cadence
Tes flots harmonieux.

Tout à coup des accents inconnus à la terre
Du rivage charmé frappèrent les échos ;
Le flot fut attentif, et la voix qui m’est chère
Laissa tomber ces mots :

« Ô temps, suspends ton vol ! et vous, heures propices,
Suspendez votre cours !
Laissez-nous savourer les rapides délices
Des plus beaux de nos jours !

« Assez de malheureux ici-bas vous implorent :
Coulez, coulez pour eux ;
Prenez avec leurs jours les soins qui les dévorent ;
Oubliez les heureux.

« Mais je demande en vain quelques moments encore,
Le temps m’échappe et fuit ;
Je dis à cette nuit : ‹ Sois plus lente › ; et l’aurore
Va dissiper la nuit.

« Aimons donc, aimons donc ! de l’heure fugitive,
Hâtons-nous, jouissons !
L’homme n’a point de port, le temps n’a point de rive ;
Il coule, et nous passons ! »

Temps jaloux, se peut-il que ces moments d’ivresse,
Où l’amour à longs flots nous verse le bonheur,
S’envolent loin de nous de la même vitesse
Que les jours de malheur ?

Hé quoi ! n’en pourrons-nous fixer au moins la trace ?
Quoi ! passés pour jamais ? quoi! tout entiers perdus ?
Ce temps qui les donna, ce temps qui les efface,
Ne nous les rendra plus ?

Éternité, néant, passé, sombres abîmes,
Que faites-vous des jours que vous engloutissez ?
Parlez : nous rendrez-vous ces extases sublimes
Que vous nous ravissez ?

Ô lac! rochers muets ! grottes! forêt obscure !
Vous que le temps épargne ou qu’il peut rajeunir,
Gardez de cette nuit, gardez, belle nature,
Au moins le souvenir !

Qu’il soit dans ton repos, qu’il soit dans tes orages,
Beau lac, et dans l’aspect de tes riants coteaux,
Et dans ces noirs sapins, et dans ces rocs sauvages
Qui pendent sur tes eaux !

Qu’il soit dans le zéphyr qui frémit et qui passe,
Dans les bruits de tes bords par tes bords répétés,
Dans l’astre au front d’argent qui blanchit ta surface
De ses molles clartés!

Que le vent qui gémit, le roseau qui soupire,
Que les parfums légers de ton air embaumé,
Que tout ce qu’on entend, l’on voit ou l’on respire,
Tout dise : « Ils ont aimé ! »




Ecouter la version chantée
Interprétation : Jacques Pottier
Composition : Alain Jacques
- Diffusé par DEEZER -

Baudelaire - L'Albatros


Ecouter sur DEEZER
Composé et interprété
par Léo Ferré



Charles Baudelaire - (1821-1867)

Les fleurs du mal


L'Albatros

Souvent, pour s’amuser, les hommes d’équipage
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
Le navire glissant sur les gouffres amers.

A peine les ont-ils déposés sur les planches,
Que ces rois de l’azur, maladroits et honteux,
Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
Comme des avirons traîner à côté d’eux.

Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule !
Lui, naguère si beau, qu’il est comique et laid !
L’un agace son bec avec un brûle-gueule,
L’autre mime, en boitant, l’infirme qui volait !

Le Poëte est semblable au prince des nuées
Qui hante la tempête et se rit de l’archer ;
Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l’empêchent de marcher.


Aragon - Ferré - Ogeret

Tu n'en reviendras pas


Ecouter sur DEEZER
interprété par Marc Ogeret
Musique de Leo Ferré




Louis Aragon - (1897-1982)

Le roman inachevé


La Guerre et ce qui s'en suivit

Tu n'en reviendras pas toi qui courais les filles
Jeune homme dont j'ai vu battre le coeur à nu
Quand j'ai déchiré ta chemise et toi non plus
Tu n'en reviendras pas vieux joueur de manille

Qu'un obus a coupé par le travers en deux
Pour une fois qu'il avait un jeu du tonnerre
Et toi le tatoué l'ancien Légionnaire
Tu survivras longtemps sans visage sans yeux

On part Dieu sait pour où Ça tient du mauvais rêve
On glissera le long de la ligne de feu
Quelque part ça commence à n'être plus du jeu
Les bonshommes là-bas attendent la relève

Roule au loin roule train des dernières lueurs
Les soldats assoupis que ta danse secoue
Laissent pencher leur front et fléchissent le cou
Cela sent le tabac la laine et la sueur

Comment vous regarder sans voir vos destinées
Fiancés de la terre et promis des douleurs
La veilleuse vous fait de la couleur des pleurs
Vous bougez vaguement vos jambes condamnées

Déjà la pierre pense où votre nom s'inscrit
Déjà vous n'êtes plus qu'un mot d'or sur nos places
Déjà le souvenir de vos amours s'efface
Déjà vous n'êtes plus que pour avoir péri


Alfred de Vigny - Le Cor

Portrait d'Alfred de Vigny par Antoine Maurin




Alfred de Vigny (1797-1863)


Le Cor

J'aime le son du Cor, le soir, au fond des bois,
Soit qu'il chante les pleurs de la biche aux abois,
Ou l'adieu du chasseur que l'écho faible accueille,
Et que le vent du nord porte de feuille en feuille.

Que de fois, seul, dans l'ombre à minuit demeuré,
J'ai souri de l'entendre, et plus souvent pleuré !
Car je croyais ouïr de ces bruits prophétiques
Qui précédaient la mort des Paladins antiques.
...
Ames des Chevaliers, revenez-vous encor?
Est-ce vous qui parlez avec la voix du Cor ?
Roncevaux ! Roncevaux ! Dans ta sombre vallée
L'ombre du grand Roland n'est donc pas consolée !




Interprété par Huc Santana sur une musique d'Ange Flegier

Paul Fort - Comme Hier


Ecouter sur DEEZER
Composé et interprété
par Georges Brassens



Paul Fort - (1872-1960)


Comme Hier

Hé ! donne-moi ta bouche, hé ! ma jolie fraise !
L'aube a mis des fraises plein notre horizon.
Garde tes dindons, moi mes porcs, Thérèse.
Ne repousse pas du pied mes petits cochons.

Va, comme hier ! comme hier ! comme hier !
Si tu ne m'aimes point, c'est moi qui t'aim'rons.
L'un tient le couteau, l'autre la cuiller :
La vie, c'est toujours les mêmes chansons.

Pour sauter l'gros sourceau de pierre en pierre,
Comme tous les jours, mes bras t'enlèv'ront.
Nos dindes, nos truies nous suivront légères.
Ne repousse pas du pied mes petits cochons.

Va, comme hier ! comme hier ! comme hier !
Si tu ne m'aimes point, c'est moi qui t'aim'rons.
La vie c'est toujours amour et misère.
La vie, c'est toujours les mêmes chansons.

J'ai tant de respect pour ton cœur, Thérèse,
Et pour tes dindons, quand nous nous aimons.
Quand nous nous fâchons, hé ! ma jolie fraise,
Ne repousse pas du pied mes petits cochons.

Va, comme hier ! comme hier ! comme hier !
Si tu ne m'aimes point, c'est moi qui t'aim'rons.
L'un tient le couteau, l'autre la cuiller :
La vie, c'est toujours les mêmes chansons.



Du même auteur :
Chanson de fol
Chanson fatale
Comme Hier
Complainte du petit cheval blanc
Complainte du roi et de la reine
Enterrement de Verlaine
Il faut nous aimer vivants
La ronde
Le bonheur est dans le pré
Le chasseur perdu en forêt
Les baleines
Les boules de neige
Si le Bon Dieu l'avait voulu

Enterrements



- Paul Fort, admirateur de Verlaine, assiste à ses obsèques
- Brassens, admirateur de Paul Fort, assiste à ses obsèques
- Christian Valmory, admirateur de Brassens prévoit ses obsèques



Composé et interpété par Georges Brassens sur un texte de Paul Fort



Paul Fort


Enterrement de Verlaine

Le revois-tu mon âme, ce Boul' Mich d'autrefois
Et dont le plus beau jour fut un jour de beau froid:
Dieu: s'ouvrit-il jamais une voie aussi pure
Au convoi d'un grand mort suivi de miniatures?

Tous les grognards - petits - de Verlaine étaient là,
Toussotant, Frissonnant, Glissant sur le verglas,
Mais qui suivaient ce mort et la désespérance,
Morte enfin, du Premier Rossignol de la France.

Ou plutôt du second (François de Montcorbier,
Voici belle lurette en fut le vrai premier)
N'importe ! Lélian, je vous suivrai toujours !
Premier ? Second ? vous seul. En ce plus froid des jours.

N'importe ! Je suivrai toujours, l'âme enivrée
Ah ! Folle d'une espérance désespérée
Montesquiou-Fezensac et Bibi-la-Purée
Vos deux gardes du corps, - entre tous moi dernier.



Paroles et Musique de Georges Brassens
Interprété par Gerard Quillier



Georges Brassens


Enterrement de Paul Fort

Tous les oiseaux étaient dehors
Et toutes les plantes aussi.
Le petit cheval n'est pas mort
Dans le mauvais temps, Dieu merci.
Le bon soleil criait si fort :
Il fait beau, qu'on était ravis.
Moi, l'enterrement de Paul Fort,
Fut le plus beau jour de ma vie.

On comptait bien quelques pécores,
Quelques dindes à Montlhéry,
Quelques méchants, que sais-je encore :
Des moches, des mauvais esprits,
Mais qu'importe ? Après tout ; les morts
Sont à tout le monde. Tant pis,
Moi, l'enterrement de Paul Fort,
Fut le plus beau jours de ma vie.

Le curé allait un peu fort
De Requiem à mon avis.
Longuement penché sur le corps,
Il tirait l'âme à son profit,
Comme s'il fallait un passeport
Aux poètes pour le paradis.
S'il fallait à Dieu du renfort
Pour reconnaître ses amis.

Tous derrière en gardes du corps
Et lui devant, on a suivi.
Le petit cheval n'est pas mort
Comme un chien je le certifie.
Tous les oiseaux étaient dehors
Et toutes les plantes aussi.
Moi, l'enterrement de Paul Fort,
Fut le plus beau jour de ma vie.
...





Christian Valmory

Enterrement de Brassens


Ecouter sur DEEZER
Ecrit, composé et interpété
par Christian Valmory

Paul Fort vu par Georges Brassens

Paul Fort


Ecouter sur DEEZER
Composé et chanté
par Georges Brassens



Paul Fort (1872-1960)


Complainte du Petit Cheval Blanc


Le petit cheval dans le mauvais temps,
Qu'il avait donc du courage!
C'était un petit cheval blanc,
Tous derrière et lui devant.

Il n'y avait jamais de beau temps
Dans ce pauvre paysage,
Il n'y avait jamais de printemps,
Ni derrière, ni devant.

Mais toujours il était content,
Menant les gars du village,
A travers la pluie noire des champs,
Tous derrière et lui devant.

Sa voiture allait poursuivant
Sa belle petite queue sauvage.
C'est alors qu'il était content,
Tous derrière et lui devant.

Mais un jour, dans le mauvais temps,
Un jour qu'il était si sage,
Il est mort par un éclair blanc,
Tous derrière et lui devant.

Il est mort sans voir le beau temps,
Qu'il avait donc du courage!
Il est mort sans voir le printemps
Ni derrière, ni devant.



Du même auteur :
Chanson de fol
Chanson fatale
Comme Hier
Complainte du petit cheval blanc
Complainte du roi et de la reine
Enterrement de Verlaine
Il faut nous aimer vivants
La ronde
Le bonheur est dans le pré
Le chasseur perdu en forêt
Les baleines
Les boules de neige
Si le Bon Dieu l'avait voulu

Rutebeuf vu par Léo Ferré

    Pauvre Rutebeuf a aussi été chanté par Catherine Sauvage,
    Germaine Montero, Jacques Douai, Cora Vaucaire,
    Nana Mouskouri, Joan Baez, Marc Ogeret, Helène Martin etc.


Ecouter sur DEEZER
Composé et interprété
par Léo Ferré




Rutebeuf - (vers 1230 - 1285)


Pauvre Rutebeuf
Version Ferré

Que sont mes amis devenus
Que j'avais de si près tenus
Et tant aimés
Ils ont été trop clairsemés
Je crois le vent les a ôtés
L'amour est morte
Ce sont amis que vent emporte
Et il ventait devant ma porte
Les emporta

Avec le temps qu'arbre défeuille
Quand il ne reste en branche feuille
Qui n'aille à terre
Avec pauvreté qui m'atterre
Qui de partout me fait la guerre
Au temps d'hiver
Ne convient pas que vous raconte
Comment je me suis mis à honte
En quelle manière

Que sont mes amis devenus
Que j'avais de si près tenus
Et tant aimés
Ils ont été trop clairsemés
Je crois le vent les a ôtés
L'amour est morte
Le mal ne sait pas seul venir
Tout ce qui m'était à venir
M'est avenu

Pauvre sens et pauvre mémoire
M'a Dieu donné le roi de gloire
Et pauvre rente
Et droit au cul quand bise vente
Le vent me vient le vent m'évente
L'amour est morte
Ce sont amis que vent emporte
Et il ventait devant ma porte
Les emporta

L'espérance de lendemain
Ce sont mes fêtes



Ecouter sur DEEZER
Composé par Léo Ferré
Interprété par Jacques Douai

Aragon - L'affiche Rouge


                                Compositeur : Leo Ferré - Interprète : Marc Ogeret




Louis Aragon - (1897-1982)

Le Roman inachevé


L'Affiche Rouge

Vous n'avez réclamé la gloire ni les larmes
Ni l'orgue ni la prière aux agonisants
Onze ans que cela passe vite onze ans
Vous vous étiez servi simplement de vos armes
La mort n'éblouit pas les yeux des Partisans

Vous aviez vos portraits sur les murs de nos villes
Noirs de barbe et de nuit hirsutes menaçants
L'affiche qui semblait une tache de sang
Parce qu'à prononcer vos noms sont difficiles
Y cherchait un effet de peur sur les passants

Nul ne semblait vous voir Français de préférence
Les gens allaient sans yeux pour vous le jour durant
Mais à l'heure du couvre-feu des doigts errants
Avaient écrit sous vos photos MORTS POUR LA FRANCE
Et les mornes matins en étaient différents

Tout avait la couleur uniforme du givre
A la fin février pour vos derniers moments
Et c'est alors que l'un de vous dit calmement
Bonheur à tous bonheur à ceux qui vont survivre
Je meurs sans haine en moi pour le peuple allemand

Adieu la peine et le plaisir Adieu les roses
Adieu la vie adieu la lumière et le vent
Marie-toi sois heureuse et pense à moi souvent
Toi qui vas demeurer dans la beauté des choses
Quand tout sera fini plus tard en Erivan

Un grand soleil d'hiver éclaire la colline
Que la nature est belle et que le coeur me fend
La justice viendra sur nos pas triomphants
Ma Mélinée ô mon amour mon orpheline
Et je te dis de vivre et d'avoir un enfant


Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent
Vingt et trois qui donnaient leur coeur avant le temps
Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant
Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir
Vingt et trois qui criaient la France en s'abattant





                                Composé et interprété par Leo Ferré

Felix Leclerc - Le Petit Bonheur


Ecouter sur DEEZER
Ecrit composé et interprété
par Felix Leclerc



Felix Leclerc - (1914-1988)


Le petit bonheur

C'est un petit bonheur
Que j'avais ramassé
Il était tout en pleurs
Sur le bord d'un fossé
Quand il m'a vu passer
Il s'est mis à crier:
«Monsieur, ramassez-moi,
Chez vous emmenez-moi!
Mes frères m'ont oublié, je suis tombé, je suis malade!
Si vous ne me cueillez point je vais mourir, quelle ballade!
Je me ferai petit, tendre et soumis, je vous le jure,
Monsieur, je vous en prie, délivrez-moi de ma torture!»
...



Du même auteur :
La mort de l'ours
Le loup
Le petit bonheur
Les perdrix
Moi mes souliers
Notre sentier

Aragon - L'étrangère

                        Leo Ferré à l'ORTF, surveillé par Aristide Bruant

Ecouter sur YOUTUBE
Composé et Chanté
par Leo Ferré




Louis Aragon - (1897-1982)

Le roman inachevé


L'étrangère

Il existe près des écluses
Un bas-quartier de bohémiens
Dont la belle jeunesse s'use
A démêler le tien du mien

En bande on s'y rend en voiture
Ordinairement au mois d'août
Ils disent la bonne aventure
Pour des piments et du vin doux

On passe la nuit claire à boire
On danse en frappant dans ses mains
On n'a pas le temps de le croire
Il fait grand jour et c'est demain

On revient d'une seule traite
Gais sans un sou vaguement gris
Avec des fleurs plein les charrettes
Son destin dans la paume écrit

J'ai pris la main d'une éphémère
Qui m'a suivi dans ma maison
Elle avait des yeux d'outre-mer
Elle en montrait la déraison

Elle avait la marche légère
Et de longues jambes de faon,
J'aimais déjà les étrangères
Quand j'étais un petit enfant

Celle-ci parla vite vite
De l'odeur des magnolias,
Sa robe tomba tout de suite
Quand ma hâte la délia

En ce temps-là, j'étais crédule
Un mot m'était promission,
Et je prenais les campanules
Pour des fleurs de la passion

A chaque fois tout recommence
Toute musique me saisit
Et la plus banale romance
M'est l'éternelle poésie.

Nous avions joué de notre âme
Un long jour une courte nuit,
Puis au matin bonsoir Madame
L'amour s'achève avec la pluie


Gainsbourg - La Chanson de Prévert


Ecouter la version chantée
Composée et interprétée
par: Serge Gainsbourg
- Diffusé par DEEZER -


Serge Gainsbourg (1928-1991)


La Chanson de Prévert

...
Oh je voudrais tant que tu te souviennes
Cette chanson était la tienne
C'était ta préférée je crois
Qu'elle est de Prévert et Kosma
...


Hugo - Sérénade


        Hommage à Joan Sutherland qui interprète Charles Gounod

Une autre version
Interprétation : Tino Rossi
Composition : Charles Gounod
- Diffusé par DEEZER -




Victor Hugo (1802-1885)

(Marie Tudor - Journée 1 Scène 5)


Sérénade

Quand tu chantes, bercée
Le soir entre mes bras,
Entends-tu ma pensée
Qui te répond tout bas?
Ton doux chant me rappelle
Les plus beaux de mes jours.
Chantez, ma belle,
Chantez toujours!

Quand tu ris, sur ta bouche
L'amour s'épanouit,
Et soudain le farouche
Soupçon s'évanouit.
Ah! Le rire fidèle
Prouve un coeur sans détours!
Riez, ma belle,
Riez, toujours!

Quand tu dors, calme et pure,
Dans l'ombre, sous mes yeux,
Ton haleine murmure
Des mots harmonieux.
Ton beau corps se révèle
Sans voile et sans atours...
Dormez, ma belle,
Dormez toujours!


Caussimon - Ostende


Ecouter sur DEEZER
Composé et interprété
par Leo Ferré




Jean-Roger Caussimon - (1918-1985)


Comme à Ostende

On voyait les chevaux de la mer
Qui fonçaient la tête la première
Et qui fracassaient leur crinière
Devant le casino désert
La barmaid avait dix-huit ans
Et moi qui suis vieux comme l'hiver
Au lieu de me noyer dans un verre
Je me suis baladé dans le printemps
De ses yeux taillés en amande

Ni gris ni verts, ni gris ni verts
Comme à Ostende et comme partout
Quand sur la ville tombe la pluie
Et qu'on se demande si c'est utile
Et puis surtout si ça vaut le coup
Si ça vaut le coup de vivre sa vie

Je suis parti vers ma destinée
Mais voilà qu'une odeur de bière
De frites et de moules marinières
M'attire dans un estaminet
Là y'avait des types qui buvaient
Des rigolos des tout rougeauds
Qui s'esclaffaient qui parlaient haut
Et la bière on vous la servait
Bien avant qu'on en redemande

Oui ça pleuvait, oui ça pleuvait
Comme à Ostende et comme partout
Quand sur la ville tombe la pluie
Et qu'on se demande si c'est utile
Et puis surtout si ça vaut le coup
Si ça vaut le coup de vivre sa vie

On est allé, bras dessus, bras dessous
Dans le quartier où y'a des vitrines
Remplies de présences féminines
Qu'on veut se payer quand on est saoul
Mais voilà que tout au bout de la rue
Est arrivé un limonaire
Avec un vieil air du tonnerre
A vous faire chialer tant et plus
Si bien que tous les gars de la bande

Se sont perdus, se sont perdus
Comme à Ostende et comme partout
Quand sur la ville tombe la pluie
Et qu'on se demande si c'est utile
Et puis surtout si ça vaut le coup
Si ça vaut le coup de vivre sa vie




Du même auteur :
Le funambule
Le temps du tango
Ma mère
Nous deux
Nuits d'absence
Ostende

Musset - La nuit de Mai

        Illustration d'Eugène Lami (1800-1890)
Ecouter sur DEEZER
Interprété par Colombe Frezin et Chris Papin
sur une musique d'Hélène Triomphe




Alfred de Musset - (1810-1857)

Poésies Nouvelles


La Nuit de Mai


Poète, prends ton luth et me donne un baiser ;
La fleur de l’églantier sent ses bourgeons éclore.
Le printemps naît ce soir ; les vents vont s’embraser,
Et la bergeronnette, en attendant l’aurore,
Aux premiers buissons verts commence à se poser.
Poète, prends ton luth et me donne un baiser.

LE POÈTE.

Comme il fait noir dans la vallée !
J’ai cru qu’une forme voilée
Flottait là-bas sur la forêt.
Elle sortait de la prairie ;
Son pied rasait l’herbe fleurie ;
C’est une étrange rêverie ;
Elle s’efface et disparaît.

LA MUSE.

Poète, prends ton luth ; la nuit, sur la pelouse,
Balance le zéphyr dans son voile odorant.
La rose, vierge encor, se referme jalouse
Sur le frelon nacré qu’elle enivre en mourant.
Écoute ! tout se tait ; songe à ta bien-aimée.
Ce soir, sous les tilleuls, à la sombre ramée
Le rayon du couchant laisse un adieu plus doux.
Ce soir, tout va fleurir : l’immortelle nature
Se remplit de parfums, d’amour et de murmure,
Comme le lit joyeux de deux jeunes époux.

LE POÈTE.

Pourquoi mon coeur bat-il si vite ?
Qu’ai-je donc en moi qui s’agite
Dont je me sens épouvanté ?
Ne frappe-t-on pas à ma porte ?
Pourquoi ma lampe à demi morte
M’éblouit-elle de clarté ?
Dieu puissant ! tout mon corps frissonne.
Qui vient ? qui m’appelle ? Personne.
Je suis seul ; c’est l’heure qui sonne ;
Ô solitude ! ô pauvreté !

LA MUSE.

Poète, prends ton luth ; le vin de la jeunesse
Fermente cette nuit dans les veines de Dieu.
Mon sein est inquiet ; la volupté l’oppresse,
Et les vents altérés m’ont mis la lèvre en feu.
Ô paresseux enfant ! regarde, je suis belle.
Notre premier baiser, ne t’en souviens-tu pas,
Quand je te vis si pâle au toucher de mon aile,
Et que, les yeux en pleurs, tu tombas dans mes bras ?
Ah ! je t’ai consolé d’une amère souffrance !
Hélas ! bien jeune encor, tu te mourais d’amour.
Console-moi ce soir, je me meurs d’espérance ;
J’ai besoin de prier pour vivre jusqu’au jour.

LE POÈTE

Est-ce toi dont la voix m’appelle,
Ô ma pauvre Muse ! est-ce toi ?
Ô ma fleur ! ô mon immortelle !
Seul être pudique et fidèle
Où vive encor l’amour de moi !
Oui, te voilà, c’est toi, ma blonde,
C’est toi, ma maîtresse et ma soeur !
Et je sens, dans la nuit profonde,
De ta robe d’or qui m’inonde
Les rayons glisser dans mon coeur.
...
Les plus désespérés sont les chants les plus beaux,
Et j’en sais d’immortels qui sont de purs sanglots.
...


Hugo - La fleur et le papillon


Ecouter sur DEEZER
Interprété par Joan Sutherland
sur une musique de Gabriel Fauré
Ecouter sur DEEZER
Interprété par The King's Singers
sur une musique de Gabriel Fauré
Ecouter sur DEEZER
Interprété par Frederica Von Stade
sur une musique de Gabriel Fauré




Victor Hugo - (1802-1885)

Les Chants du Crépuscule


La Fleur et le Papillon

La pauvre fleur disait au papillon céleste :
- Ne fuis pas !
Vois comme nos destins sont différents. Je reste,
Tu t'en vas !

Pourtant nous nous aimons, nous vivons sans les hommes
Et loin d'eux,
Et nous nous ressemblons, et l'on dit que nous sommes
Fleurs tous deux !

Mais, hélas ! l'air t'emporte et la terre m'enchaîne.
Sort cruel !
Je voudrais embaumer ton vol de mon haleine
Dans le ciel !

Mais non, tu vas trop loin ! - Parmi des fleurs sans nombre
Vous fuyez,
Et moi je reste seule à voir tourner mon ombre
A mes pieds.

Tu fuis, puis tu reviens ; puis tu t'en vas encore
Luire ailleurs.
Aussi me trouves-tu toujours à chaque aurore
Toute en pleurs !

Oh ! pour que notre amour coule des jours fidèles,
Ô mon roi,
Prends comme moi racine, ou donne-moi des ailes
Comme à toi !


ENVOI

Roses et papillons, la tombe nous rassemble
Tôt ou tard.
Pourquoi l'attendre, dis ? Veux-tu pas vivre ensemble
Quelque part ?

Quelque part dans les airs, si c'est là que se berce
Ton essor !
Aux champs, si c'est aux champs que ton calice verse
Son trésor !

Où tu voudras ! qu'importe ! oui, que tu sois haleine
Ou couleur,
Papillon rayonnant, corolle à demi pleine,
Aile ou fleur !

Vivre ensemble, d'abord ! c'est le bien nécessaire
Et réel !
Après on peut choisir au hasard, ou la terre
Ou le ciel !


Ronsard - Ode à Cassandre


Ecouter sur DEEZER
Compositeur : Richard Wagner
Interprète Thomas Hampson
Ecouter sur DEEZER
Une version moderne de
Monique Morelli




Pierre de Ronsard - (1524-1585)


Mignonne Allons Voir si la Rose

À CASSANDRE

Mignonne, allons voir si la Rose,
Qui ce matin avoit desclose
Sa robe de pourpre au Soleil,
A point perdu ceste vesprée
Les plis de sa robe pourprée,
Et son teint au vostre pareil.

Las ! voyez comme en peu d'espace,
Mignonne, elle a dessus la place
Las, las, ses beautez laissé cheoir !
Ô vrayment marastre Nature,
Puis qu'une telle fleur ne dure
Que du matin jusques au soir !

Lors, si vous m'en croyez, Mignonne,
Tandis que vostre âge fleuronne
En sa plus verte nouveauté,
Cueillez, cueillez vostre jeunesse :
Comme à ceste fleur, la vieillesse
Fera ternir vostre beauté.


Aragon - Le feu


Ecouter sur YOUTUBE
Chanté par Marc Ogeret
sur une Musique d'Hélène Martin




Louis Aragon - (1897-1982)


Le feu

Mon Dieu mon Dieu cela ne s’éteint pas
Toute ma forêt je suis là qui brûle
J’avais pris ce feu pour le crépuscule
Je croyais mon coeur à son dernier pas

J’attendais toujours le jour d’être cendres
Je lisais vieillir où brise l’osier
Je guettais l’instant d’après le brasier
J’écoutais le chant descendre descendre

J’étais du couteau de l’âge égorgé
Je portais mes doigts où vivre me saigne
Mesurant ainsi la fin de mon règne
Le peu qu’il me reste et le rien que j’ai

Et puisqu’il faut bien que douleur s’achève
Parfois j’y prenais mon contentement
Pariant sur l’ombre et sur le moment
Où la porte ouvrant déchire le rêve

Mais j’ai beau vouloir en avoir fini
Guetter dans ce corps l’alarme et l’alerte
L’absence et la nuit l’abîme et la perte
J’en porte dans moi le profond déni

Il s’y lève un vent qui tient du prodige
L’approche de toi qui me fait printemps
Je n’ai jamais eu de ma vie autant
Même entre tes bras qu'aujourd’hui vertige

Le souffrir d’aimer flamme perpétue
En moi l’incendie étend ses ravages
A rien n’a servi ni le temps ni l’âge
Mon âme mon âme où m’entraînes-tu
Où m’entraînes-tu



Version originale
composée et interprétée
par : Hélène Martin
- Diffusé par DEEZER -

Ronsard - Je n'ai plus que les os


Ecouter sur DEEZER
Interprété par Monique Morelli
Musique de Lino Leonardi




Pierre de Ronsard - (1524-1585)

Derniers Vers


Je n'ai plus que les os

Je n’ai plus que les os, un squelette je semble,
Décharné, dénervé, démusclé, dépoulpé,
Que le trait de la mort sans pardon a frappé ;
Je n’ose voir mes bras que de peur je ne tremble.

Apollon et son fils, deux grands maîtres ensemble,
Ne me sauraient guérir, leur métier m’a trompé.
Adieu, plaisant soleil, mon œil est étoupé,
Mon corps s’en va descendre où tout se désassemble.

Quel ami me voyant en ce point dépouillé
Ne remporte au logis un œil triste et mouillé,
Me consolant au lit et me baisant la face,

En essuyant mes yeux par la mort endormis ?
Adieu, chers compagnons, adieu, mes chers amis,
Je m’en vais le premier vous préparer la place



Charles d'Orléans - Rondeau

Ecouter sur DEEZER
Interprété par
Michel Polnareff




Charles d'Orléans - (1391-1463)


Le temps a laissé son manteau

Le temps a laissié son manteau
De vent, de froidure et de pluye,
Et s'est vestu de brouderie,
De soleil luyant, cler et beau.

Il n'y a beste ne oyseau,
Qu'en son jargon ne chante ou crie ;
Le temps a laissié son manteau
De vent, de froidure et de pluye.

Rivière, fontaine et ruisseau
Portent, en livree jolie,
Gouttes d'argent d'orfaverie,
Chascun s'abille de nouveau:
Le temps a laissié son manteau.



Ecouter sur DEEZER
Interprétation : Ensemble Camerata Tallin
Composition : Ella Adaiewsky
Ecouter sur DEEZER
Interprétation : Alain Caburet
Composition : Alain Caburet

Verlaine - L'Heure Exquise

Ecouter sur DEEZER
Interprété par Renée Doria
Compositeur : Reynaldo Hahn




Paul Verlaine - (1844-1896)


L'Heure Exquise

La lune blanche
Luit dans les bois ;
De chaque branche
Part une voix
Sous la ramée ...

Ô bien-aimée.

L'étang reflète,
Profond miroir,
La silhouette
Du saule noir
Où le vent pleure ...

Rêvons, c'est l'heure.

Un vaste et tendre
Apaisement
Semble descendre
Du firmament
Que l'astre irise ...

C'est l'heure exquise.



Ecouter sur DEEZER
Interprété par Mady Mesplé
Compositeur : Reynaldo Hahn


        Une très belle interprétation moderne par le ténor américain Ben Bliss

Charles d'Orléans - Je me metz en vostre mercy

 Charles d'Orléans et Marie de Clèves par François Ange - Musée de Brou

Ecouter sur DEEZER
Interprété par Rachel Yakar
Musique de Reynaldo Hahn




Charles d'Orléans - (1391-1463)


Je me metz en vostre mercy

Je me metz en vostre mercy,
Très belle, bonne, jeune et gente;
On m'a dit qu'estes mal contente
De moy, ne sçay s'il est ainsy.

De toute nuit je n'ay dormy,
Ne pensez pas que je vous mente!
Je me metz en vostre mercy,
Très belle, bonne, jeune et gente.

Pour ce, très humblement vous pry
Que vous me dittes vostres entente:
Car d'une chose je me vente
Qu'en loyauté n'ay point failly:
Je me metz en vostre mercy.


Gainsbourg - La recette de l'amour fou


        Enregistré aux "Trois Baudets" en 1958.

20e Anniversaire de la mort de Serge Gainsbourg le 2 Mars 1991


Serge Gainsbourg (1928-1991)


La Recette de l'Amour Fou

Dans un boudoir introduisez un coeur bien tendre
Sur canapé laissez s'asseoir et se détendre
Versez une larme de porto
Et puis mettez-vous au piano
Jouez Chopin
Avec dédain
Égrenez vos accords
Et s'il s'endort
Alors là, jetez-le dehors

Le second soir faites revenir ce coeur bien tendre
Faites mijoter trois bons quarts d'heure à vous attendre
Et s'il n'est pas encore parti
Soyez-en sûr c'est qu'il est cuit
Sans vous trahir
Laissez frémir
Faites attendre encore
Et s'il s'endort
Alors là, jetez-le dehors

Le lendemain il ne tient qu'à vous d'être tendre
Tamisez toutes les lumières et sans attendre
Jouez la farce du grand amour
Dites " jamais " dites " toujours "
Et consommez
Sur canapé
Mais après les transports
Ah ! s'il s'endort
Alors là, foutez-le dehors



Biographie de Serge Gainsbourg

Charles d'Orléans - Quand je Fus Pris...

                Charles d'Orléans et Marie de Clèves

Ecouter sur DEEZER
Interprétation : Mady Mesplé
Composition : Reynaldo Hahn




Charles d'Orléans - (1391-1463)


Quand je fus pris au pavillon

Quand je fus pris au pavillon
De ma dame très gente et belle,
Je me brûlai à la chandelle,
Ainsi que fait le papillon.

Je rougis comme vermillon,
Aussi flambant que une étincelle,
Quand je fus pris au pavillon
De ma dame très gente et belle.

Si j'eusse été émerillon
Ou que j'eusse eu aussi bonne aile,
Je me fusse gardé de celle
Qui me bailla de l'aiguillon
Quand je fus pris au pavillon.


Theophile Gautier - Infidélité


                                Mady Mesplé

Ecouter sur DEEZER
Interprétation : Mady Mesplé
Composition : Reynaldo Hahn




Theophile Gautier - (1811-1872)

Premières Poésies


Infidélité

Voici l’orme qui balance
Son ombre sur le sentier ;
Voici le jeune églantier,
Le bois où dort le silence,
Le banc de pierre où, le soir,
Nous aimions à nous asseoir.

Voici la voûte embaumée
D’ébéniers et de lilas,
Où, lorsque nous étions las,
Ensemble, ô ma bien-aimée !
Sous des guirlandes de fleurs,
Nous laissions fuir les chaleurs.


Voici le marais que ride
Le saut du poisson d’argent,
Dont la grenouille en nageant
Trouble le miroir humide ;
Comme autrefois, les roseaux
Baignent leurs pieds dans ses eaux.

Comme autrefois, la pervenche,
Sur le velours vert des prés
Par le printemps diaprés,
Aux baisers du soleil penche
À moitié rempli de miel
Son calice bleu de ciel.

Comme autrefois, l’hirondelle
Rase, en passant, les donjons,
Et le cygne dans les joncs
Se joue et lustre son aile ;
L’air est pur, le gazon doux
Rien n’a donc changé que vous.



La Fontaine - La Cigale et la Fourmi


 Par les enfants du Conservatoire Municipal de Musique et de l'école Paul Bert de Chenove

Une autre version chantée
Interprétation : Grégoire
Composition : Grégoire Boissenot
- Diffusé par DEEZER -

Une autre version chantée
Interprétation : Charles Trenet
avec l'orchestre de Django Reinhardt
- Diffusé par DEEZER -




Jean de la Fontaine - (1621-1695)


La Cigale et la Fourmi

La Cigale, ayant chanté
Tout l’été,
Se trouva fort dépourvue
Quand la bise fut venue :
Pas un seul petit morceau
De mouche ou de vermisseau.
Elle alla crier famine
Chez la Fourmi sa voisine,
La priant de lui prêter
Quelque grain pour subsister
Jusqu’à la saison nouvelle.
« Je vous paierai, lui dit-elle,
Avant l’Oût, foi d’animal,
Intérêt et principal. »
La Fourmi n’est pas prêteuse :
C’est là son moindre défaut.
Que faisiez-vous au temps chaud ?
Dit-elle à cette emprunteuse.
- Nuit et jour à tout venant
Je chantais, ne vous déplaise.
- Vous chantiez ? j’en suis fort aise.
Eh bien! dansez maintenant.