Ecouter sur DEEZER Composé et interprété par James Ollivier |
Luc Bérimont - (1915-1983)
Stances
L’absence où chaque nuit désapprend ton visage
M’est un profond enfer
J’y sombre en t’inventant dans une morne nage
Et me retrouve aux fers.
Allume, mon jardin, tes pommiers et tes lampes
Pendant qu’il en est temps
Déjà la saison cogne et martèle à mes tempes
Son bruit assourdissant.
Tu es dans ma lumière une crête d’eau vive
Je ne suis que le pas
Du passant disparu. Ta dune sera vide
Quand tu m’effaceras.
Tous les cris ont franchi le gué près de ma langue
Je me rends sans combat
Au cheval de la mer si j’imposais des sangles
Il me jetterait bas.
Ainsi le noir taureau de l’amour et des astres
Me foule, me construit
Je chevauche sur toi la guerre et les cadastres
Le feu roulant des fruits.
Je ne veux plus savoir quels ennemis m’étranglent
Si je suis sage ou fou
Quels incendies, quels jeux, quels gouffres me haranguent
Au creux de tes genoux.
Intolérable amour, ma troublante morsure,
Ta victoire est ici
Un homme qui se plait sous le fer des tortures
Et qui se plaint ainsi.
L’absence où chaque nuit désapprend ton visage
M’est un profond enfer
J’y sombre en t’inventant dans une morne nage
Et me retrouve aux fers.
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