Eglise à Hitiaa (Tahiti) - Photo C.T.
Ecouter la version chantée Composée et interprétée par Roger Lahaye - Diffusé par DEEZER - |
Victor Hugo - (1802-1885)
Chansons des rues et des bois
L'église
J’arrivai tout près d’une église,
De la verte église au bon Dieu,
Où qui voyage sans valise
Écoute chanter l’oiseau bleu.
C’était l’église en fleurs, bâtie
Sans pierre, au fond du bois mouvant,
Par l’aubépine et par l’ortie
Avec des feuilles et du vent.
Le porche était fait de deux branches
D’une broussaille et d’un buisson ;
La voussure, toute en pervenches,
Était signée : Avril, maçon.
...
Au centre où la mousse s’amasse,
L’autel, un caillou, rayonnait,
Lamé d’argent par la limace
Et brodé d’or par le genêt.
Un escalier de fleurs ouvertes,
Tordu dans le style saxon,
Copiait ses spirales vertes
Sur le dos d’un colimaçon.
Un cytise en pleine révolte,
Troublant l’ordre, étouffant l’écho,
Encombrait toute l’archivolte
D’un grand falbala rococo.
En regardant par la croisée,
Ô joie ! on sentait là quelqu’un,
L’eau bénite était en rosée,
Et l’encens était en parfum.
...
Toute la nef, d’aube baignée,
Palpitait d’extase et d’émoi.
- Ami, me dit une araignée,
La grande rosace est de moi.