André Chénier
Ecouter la version chantée Interprétation : Juliane Banse Composition : Charles Koechlin - Diffusé par DEEZER - |
André Chénier - (1762-1794)
Poésies Antiques
La jeune Tarentine
Pleurez, doux alcyons, ô vous, oiseaux sacrés,
Oiseaux chers à Thétis, doux alcyons, pleurez!
Elle a vécu, Myrto, la jeune Tarentine.
Une vaisseau la portait aux bords de Camarine
Là, l'hymen, les chansons, les flûtes, lentement,
Devaient la reconduire au seuil de son amant.
Une clef vigilante a, pour cette journée,
Dans le cèdre enfermé la robe d'hyménée,
Et l'or dont au festin ses bras seraient ornés
Et pour ses blonds cheveux, les parfums préparés...
Mais seule sur la proue, invoquant les étoiles,
Le vent impétueux qui soufflait dans ses toiles
L'enveloppe; étonnée et loin des matelots,
Elle crie, elle tombe, elle est au sein des flots.
Elle est au sein des flots, la jeune Tarentine;
Son beau corps a roulé sous la vague marine;
Thétis, les yeux en pleurs, dans le creux d'un rocher,
Aux monstres dévorants eut soin de le cacher.
Par ses ordres bientôt les belles Néréides
L'élèvent au-dessus des demeures humides
Le portent au rivage, et dans ce monument
L'ont au cap de Zéphir déposé mollement;
Puis, de loin, à grands cris appelant leurs compagnes,
Et les nymphes des bois, des sources, des montagnes,
Toutes, frappant leur sein et trainant un long deuil,
Répétèrent en choeur autour de son cercueil:
"Hélas! chez ton amant tu n'es point ramenée;
Tu n'as point revêtu la robe d'hyménée
L'or autour de tes bras, n'a point serré de noeuds;
Les doux parfums n'ont point coulé sur tes cheveux."
Pleurez, doux alcyons, ô vous, oiseaux sacrés,
Oiseaux chers à Thétis, doux alcyons, pleurez!
Du même auteur :
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