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Lucienne Desnoues - A force d'insister

-
                        Composé et interprété par Hélène Martin

Ecouter sur DEEZER
Interprétation : Hélène Martin
Composition : Hélène Martin




Lucienne Desnoues - (1921-2004)


A force d'insister

A force d'insister
À force de reprendre
L'écoute de ce concerto
À force d'imposer
Cette musique tendre
Aux vents nets qui se lèvent tôt

À force de forcer
L'espace à se soumettre
Aux volontés de tant d'archets
À force de lancer
Au large des fenêtres
Cet appel qui tant le touchait

À force de larguer
Sur les friches intenses
Le jeune allegro qu'il aimait
Et l'andante pesant
Comme un siècle en partance
Qu'il doit aimer plus que jamais

À force d'obséder
La chaleur qui s'étale
Et de dépêcher des échos
Vers sa tombe bien sèche
Et bien horizontale
Sous les cyprès bien verticaux

Quand le regard du jour
Dans les combes se glace
Et que la lampe ressourit
Nous le verrions, il entrerait
Il prendrait place
Nous serions à peine surpris



Du même auteur :
A force d'insister
Fêtes fixes, fêtes mobiles
L'enclos
Le bol de café

Aragon - Les mots m'ont pris par la main


                        Composé et interprété par Hélène Martin

Ecouter sur DEEZER
Interprétation : Hélène Martin
Composition : Hélène Martin




Louis Aragon - (1897-1982)


Le roman inachevé


Les mots m'ont pris par la main


Autre titre : "Voilà"

...
Voilà Cela commence comme cela les mots vous mènent
On perd de vue les toits on perd de vue la terre
On suit inexplicablement le chemin des oiseaux


Aragon - Chanson du miroir déserté


                        Composé et interprété par Hélène Martin

Ecouter sur DEEZER
Interprétation : Hélène Martin
Composition : Hélène Martin




Louis Aragon - (1897-1982)

Elsa


Chanson du miroir déserté

Où es-tu plaisir de ma nuit
Ma fugitive passagère
Ma reine aux cheveux de fougère
Avec tes yeux couleur de pluie

J’attends la minute où tu passes
Comme la terre le printemps
Et l’eau dormante de l’étang
La rame glissant sur sa face

Dans mon cadre profond et sombre
Je t’offre mes regards secrets
Approche-toi plus près plus près
Pour occuper toute mon ombre

Envahis-moi comme une armée
Prends mes plaines prends mes collines
Les parcs les palais les salines
Les soirs les songes les fumées

Montre-moi comme tu es belle
Autant qu’un meurtre et qu’un complot
Mieux que la bouche formant l’o
Plus qu’un peuple qui se rebelle

Sur les marais comme à l’affût
Un passage de sauvagines
Et battant ce que j’imagine
Anéantis ce que tu fus

Reviens visage à mon visage
Mets droit tes grands yeux dans tes yeux
Rends-moi les nuages des cieux
Rends-moi la vue et tes mirages


Aragon - Pablo mon ami



Ecouter la version chantée
Composée et interprétée
par Jean Ferrat
- Diffusé par DEEZER -

Ecouter sur DEEZER
Interprétation : Hélène Martin
Composition : Hélène Martin




Louis Aragon - (1897-1982)


Pablo mon ami

Pablo mon ami qu'avons-nous permis
L'ombre devant nous s'allonge s'allonge
Qu'avons-nous permis Pablo mon ami
Pablo mon ami nos songes nos songes

Nous sommes les gens de la nuit qui portons le soleil en nous
Il nous brûle au profond de l'être
Nous avons marché dans le noir à ne plus sentir nos genoux
Sans atteindre le monde à naître

Pablo mon ami qu'avons-nous permis
L'ombre devant nous s'allonge s'allonge
Qu'avons-nous permis Pablo mon ami
Pablo mon ami nos songes nos songes

Je connais ce souffrir de tout qui donne bouche de tourment
Amère comme l'aubépine
A tous les mots à tous les cris à tous les pas les errements
Où l'âme un moment se devine

Pablo mon ami qu'avons-nous permis
L'ombre devant nous s'allonge s'allonge
Qu'avons-nous permis Pablo mon ami
Pablo mon ami nos songes nos songes

Pablo mon ami tu disais avec ce langage angoissant
Où se font paroles étranges
N'est large espace que douleur et n'est univers que de sang
Si loin que j'aille rien n'y change

Pablo mon ami qu'avons-nous permis
L'ombre devant nous s'allonge s'allonge
Qu'avons-nous permis Pablo mon ami
Pablo mon ami nos songes nos songes

Pablo mon ami le temps passe et déjà s'effacent nos voix
On n'entend plus même un coeur battre
Tout n'était-il que ce qu'il fut tout n'était-il que ce qu'on voit
Tout n'était-il que ce théâtre

Pablo mon ami qu'avons-nous permis
L'ombre devant nous s'allonge s'allonge
Qu'avons-nous permis Pablo mon ami
Pablo mon ami nos songes nos songes



Ecouter la version chantée
Interprétation : Marie Maya
Composition : Hélène Martin
- Diffusé par DEEZER -

Rimbaud - Première soirée


Ecouter sur DEEZER
interprétation : Anny et Jean-Marc Versini
Composition : Anny et Jean-Marc Versini
Ecouter sur DEEZER
Composé et interprété
par Hélène Martin




Arthur Rimbaud - (1854–1891)


Première soirée

Elle était fort déshabillée,
Et de grands arbres indiscrets
Aux vitres jetaient leur feuillée
Malinement, tout près, tout près.

Assise sur ma grande chaise,
Mi-nue, elle joignait les mains.
Sur le plancher frissonnaient d’aise
Ses petits pieds si fins, si fins.

- Je regardai, couleur de cire
Un petit rayon buissonnier
Papillonner, comme un sourire
Sur son beau sein, mouche au rosier.

- Je baisai ses fines chevilles.
Elle eut un long rire tris-mal
Qui s’égrenait en claires trilles,
Une risure de cristal...

Les petits pieds sous la chemise
Se sauvèrent : « Veux-tu finir ! »
- La première audace permise,
Le rire feignait de punir !

- Pauvrets palpitants sous ma lèvre,
Je baisai doucement ses yeux :
- Elle jeta sa tête mièvre
En arrière: « Oh c’est encor mieux !... »

Monsieur, j’ai deux mots à te dire... »
- Je lui jetai le reste au sein
Dans un baiser, qui la fit rire
D’un bon rire qui voulait bien...

- Elle était fort déshabillée
Et de grands arbres indiscrets
Aux vitres penchaient leur feuillée
Malinement, tout près, tout près.


René Guy Cadou - Anthologie


Ecouter sur DEEZER
Composé et interprété
par Hélène Martin




René Guy Cadou - (1920-1951)


Anthologie

Max Jacob ta rue et ta place
Pour lorgner les voisins d’en face !

Éluard le square ensoleillé
Un bouquet de givre à ses pieds !

Jouve ! c’est mieux que Monsieur Nietzsche
Une effraie étudiant la niche

Léon-Paul Fargue ! La musique
D’un triste fiacre mécanique !

Blaise Cendrars ! Apollinaire !
Le bateau qui prend feu en mer

Reverdy ! la percée nouvelle
Les éléments comme voyelles !

Le remue-ménage cosmique
De Saint-Pol-Roux-le-Magnifique !

Boulevard Jules Supervielle
Noë la Fable et les gazelles !

Vladislas de Lubics-Milosz
Les clefs de Witold dans sa poche !

Le chemin creux de Francis Jammes
On y voit l’âne on y voit l’âme !

Aragon la ruelle à chansons
Et les yeux d’Elsa tout au fond !

Cocteau la neige la roulotte
L’Ange amer qui se déculotte !

Paul Claudel ! filleul de Rimbaud
Cinq grandes odes cent gros mots !

Mais aussi mon Serge Essénine
Ce voyou qui s’assassina

Et la grande ombre de Lorca
Sous la pluie rouge des glycines !

À qui s’en prendre désormais
Pour célébrer le mois de mai ?



Du même auteur :
Anthologie
Automne
Chambre d'hiver
Etrange douceur
Hélène
Je t'attendais ainsi qu'on attend les navires
L'alphabet de la mort
L'aventure marine
La fleur rouge
Le temps des villas vides
Les chevaux de l'amour
Les femmes d'Ouessant
Les maisons du destin
Lettre à des amis perdus
Louisfert
Testament

Aragon - Je t’aime par les chemins noirs


                        Composé et interprété par Helène Martin

Ecouter sur DEEZER
Interprétation : Hélène Martin
Composition : Hélène Martin




Louis Aragon - (1897-1982)

Le voyage en Hollande


Je t’aime par les chemins noirs

Je t’aime par les chemins noirs comme ceux qui n’ont demeure
Et qui marchent toute la nuit toute part à se dépenser
J’inscris ton nom sur tous les murs qu’avec moi mon amour ne meurt
Qu’ils soient mémoire à mon murmure et preuve par où j’ai passé

Où j’ai perdu mon ombre humaine où j’ai mêlé vivre et mes rêves
Où j’ai pris ta main dans ma paume et croisé tes pas de mes pas
Tant qu’enfin le temps qui se lève ainsi qu’un parfum parachève
L’aube de nous dont la merveille est que nous ne la verrons pas

Je t’aime au-delà de mon âme au-delà des soirs et des jours
M’entends-tu quand je dis je t’aime à l’enlacer à t’en lasser
Je suis la faim que rien ne comble et la soif que rien ne secourt
Et pas un instant de ma chair assez ne l’aura caressée

Je t’aime au-delà d’être un homme au-delà de toucher et voir
Au-delà des mots qui me font au profond du coeur ce grand bruit
Au-delà même du vertige où tes yeux m’étaient seuls miroirs
Je t’aime au-delà de moi-même où même t’aimer me détruit

Je t’aime comme d’épouvante et comme de mon ventre ouvert
Je ne suis que le cri terrible où tu t’éloignes de ma plaie
L’arrachement de ta présence et le péril de ton désert
Ô toi mon éternel partir toujours de moi qui t’en allais


Aragon - À Auschwitz


                        Maï Politzer n'en est pas revenue

Ecouter la version chantée
Interprétation : Hélène Martin
Composition : Hélène Martin
- Diffusé par DEEZER -




Louis Aragon - (1897-1982)


À Auschwitz

Autre titre : Musée Grévin

Moi si je veux parler c'est afin que la haine
Ait le tambour des sons pour scander ses leçons
Aux confins de Pologne existe une géhenne
Dont le nom siffle et souffle une affreuse chanson

À Auschwitz À Auschwitz Ô syllabes sanglantes
Ici l'on vit ici ici l'on meurt à petit feu
On appelle cela l'exécution lente
Une part de nos coeurs y périt peu à peu

Limites de la fin limites de la force
Ni le Christ n'a tenu ce terrible chemin
Ni cet interminable et déchirant divorce
De l'âme humaine avec l'univers inhumain

Ce sont ici des Olympiques de souffrances
Où l'épouvante bat la mort à tous les coups
Et nous avons ici notre équipe de France
Et nous avons ici cent femmes de chez nous

Puisque je ne pourrais ici tous les redire
Ces cent noms doux aux fils aux frères aux maris
C'est vous que je salue en cette heure la pire
Marie-Claude en disant Je vous salue Marie

Et celle qui partit dans la nuit la première,
Comme à la Liberté monte le premier cri,
Marie-Louise Fleury rendue à la lumière,
Au-delà du tombeau Je vous salue Marie.

Hélas les terribles semailles
Ensanglantent ce long été
Cela dure trop Ecoutez
On dit que Danielle et que Maï...

Ah! Déferont-ils maille à maille
Notre douce France emportée ?
Ce qu'on dit rend l'ombre plus noire
Sur la misère de nos chants

Les mots sont nuls et peu touchants.
Maï et Danielle Y puis-je croire ?
Comment achever cette histoire
Qui coupe le coeur et le chant

Je vous salue Marie de France aux cents visages
Et celles parmi vous qui portent à jamais
La gloire inexpiable aux assassins d'otages
Seulement de survivre à ceux qu'elles aimaient

Lorsque vous reviendrez car il faut revenir
Il y aura des fleurs tant que vous en voudrez
Il y aura des fleurs couleur de l'avenir
Il y aura des fleurs lorsque vous reviendrez

Vous prendrez votre place où les clartés sont douces
Les enfants baiseront vos mains martyrisées
Et tout à vos pieds las redeviendra de mousse
Musique à votre coeur calme où vous reposer

Haleine des jardins lorsque la nuit va naître
Feuillages de l'été profondeur des prairies
L'hirondelle tantôt qui vint sur la fenêtre
Disait me semble-t-il Je vous salue Marie


Octobre 1943



Ecouter la version chantée
Interprétation : Marie Maya
Composition : Hélène Martin
- Diffusé par DEEZER -

Lucienne Desnoues - Le bol de café



Ecouter la version chantée
Composée et interprétée
par Hélène Martin
- Diffusé par DEEZER -




Lucienne Desnoues - (1921-2004)


Le bol de café

Grandes Amours dévoratrices,
Bel époux et belles enfants,
Au point du jour je me défends
D’être la proie et la nourrice.

Le café, ce beau ténébreux,
Brûlant, bouche à bouche, m’exhorte
À prendre doucement la porte,
La barrière et le chemin creux.
Sous la hêtraie ou le charmoy,
Dit-il, sur de sourdes pelouses,
M’attend, grandes Amours jalouses,
La chère, chère, chère moi !

Loin des scolarités poussives,
Loin des horloges, des cabas,
Loin de ces plages que rebat
L’oppressant ressac des lessives,
La chère, chère, chère moi
M’attend, dit-il, pour des fredaines
Terribles, dans des fonds d’Ardennes
Ou sur des cimes à chamois.

Mais allez, toujours je déjoue
Les noirs complots du noir moka,
Par petits baisers délicats,
Mes deux paumes à ses deux joues.



Du même auteur :
A force d'insister
Fêtes fixes, fêtes mobiles
L'enclos
Le bol de café

Queneau - L'écolier



Ecouter la version chantée
Interprétation : Hélène Martin
Composition : Hélène Martin
- Diffusé par DEEZER -



Raymond Queneau - (1903-1976)


L'écolier

J’écrirai le jeudi j’écrirai le dimanche
quand je n’irai pas à l’école
j’écrirai des nouvelles j’écrirai des romans
et même des paraboles
je parlerai de mon village je parlerai de mes parents
de mes aïeux de mes aïeules
je décrirai les prés je décrirai les champs
les broutilles et les bestioles
puis je voyagerai j’irai jusqu’en Iran
au Tibet ou bien au Népal
et ce qui est beaucoup plus intéressant
du côté de Sirius ou d’Algol
où tout me paraîtra tellement étonnant
que revenu dans mon école
je mettrai l'orthographe mélancoliquement




Du même auteur :
Adieu
Ballade en proverbes du vieux temps
Bien placés, bien choisis
Complainte
Exercices de style - Alexandrins
Exercices de style - Botanique
Exercices de style - Ode
Exercices de style - Sonnet
Il pleut
L'écolier
Perplexité
Saint-Ouen's blues
Si tu t'imagines
Tant de sueur humaine

René Char - Chant d'insomnie


               Hélène Martin

Ecouter la version chantée
Composition : Hélène Martin
Interprète : Hélène Martin
- Diffusé par YOUTUBE -
Dit par Bachir Touré
puis chanté par Hélène Martin
Composition : Hélène Martin
- Diffusé par DEEZER -



René Char - (1907-1988)


Chant d’insomnie

Amour hélant, l'Amoureuse viendra,
Gloria de l'été, ô fruits !
La flèche du soleil traversera ses lèvres,
Le trèfle nu sur sa chair bouclera,
Miniature semblable à l'iris, l'orchidée,
Cadeau le plus ancien des prairies au plaisir
Que la cascade instille, que la bouche délivre.



Du même auteur :
Allégeance
Chanson des villes
Chant d’insomnie

Lucienne Desnoues - Fêtes fixes, fêtes mobiles


Ecouter la version chantée
Composée et interprétée
par Hélène Martin
- Diffusé par DEEZER -



Lucienne Desnoues - (1921-2004)


Fêtes fixes, fêtes mobiles

Fêtes fixes, fêtes mobiles
Illuminent les agendas
Vive Marie ! A bas Judas !
L'orgue gémit, l'orgue jubile

Pâques de miel, Toussaint de fiel
Passion fait flotter son crêpe
Et Chandeleur sauter sa crêpe
Vers le gris ou bleu, même ciel

Le si beau ciel qui n'y voit goutte
Et qui tourne béatement
Sur ses dociles roulements
Remontés une fois pour toute

En plein dans l'été, quand les fermes
Froments rentrés, vaches à terme
Plus que jamais tiennent au sol
La Sainte Vierge, à date ferme
Prend somptueusement son vol

Si votre Assomption, Marie
Fait tous nos quinze août triomphants
D'une année à l'autre varie
L'Ascension de votre enfant

Noël au ciel de diamant
Vendredi Saint au ciel de bile
Je n'ai jamais compris comment
Naissance et mort du Dieu aimant
L'une est fixe et l'autre est mobile

Jamais bien saisi vos algèbres
Jamais bien cru qu'il y ait lieu
Qu'il soit fondé qu'on vous célèbre
Ô les fêtes, les Fête-Dieu

Un rien pourtant mon coeur se range
Sous vos bouquets, vos rituels
Aux encens mon chant se mélange
Vers vous, Madone, vos archanges
Cruellement éventuels



Du même auteur :
A force d'insister
Fêtes fixes, fêtes mobiles
L'enclos
Le bol de café

Lucienne Desnoues - L'enclos


Ecouter la version chantée
Composée et interprétée
par Hélène Martin
- Diffusé par DEEZER -



Lucienne Desnoues - (1921-2004)


L'enclos

Journaux écrits, journaux parlés,
Pays sous eau, pays sans blé,
Guerres et grèves,
Cannes par-ci, Madras par-là,
Le Festival et ses galas,
L’Inde qui crève,

Surtout surtout n’ignorons pas
Que telle vamp de ses appas
Fleurit tels sables,
Ayons-en tous le cœur luisant !
L’Orient brûle ? Oh soyons-en
Bien responsables !

Sans attendre et par le menu
Tout l’advenu, le survenu
Rebrûle et fume,
Et le Globe retourne en rond
Dans ce que nous fîmes, ferons,
Sommes et fûmes.

Terre, je me mets à genoux.
Je veux oublier ce que nous
Fûmes et fîmes
Hier à Nice ou Niamey
Et du mondial me calmer
Avec l’infime.

J’isole pour m’y retirer
Quelques centimètres carrés
De sèche terre.
De mes deux mains je les enclos,
J’en fais un instant mon enclos
Bien solitaire.

J’emboîte le pas aux fourmis.
Je ne veux plus rien suivre hormis
Leurs minuscules
Itinéraires tatillons
Entre deux riens, deux gravillons
De canicule.

L’aiguille de genévrier,
Le débris d’insecte grillé
Je m’en régale.
Je perce de frêles tunnels
Dans le grand mutisme éternel
Plein de cigales.




Du même auteur :
A force d'insister
Fêtes fixes, fêtes mobiles
L'enclos
Le bol de café

Jean Giono - Sur la mer



Ecouter la version chantée
Interprétation : Jacques Douai
Composition : Hélène Martin
- Diffusé par DEEZER -
L'interprétation d'Hélène Martin
avec la voix de Jean Giono
Composition : Hélène Martin
- Diffusé par DEEZER -



Jean Giono - (1895-1970)


Sur la mer

Sur la mer n’y a point de haie,
N’y a point non plus de cabaret,
N’y a que la mort dans toute chose


N’y a point l’ombre de mon pays,
N’y a que de l’ombre pour l’oubli
N’y a que la route à perte haleine

N’y a point d’aisance et de repos,
N’y a point d’amuse et de cormiaux,
Ni d’arbres verts, ni de charmeilles,
N’y a que de l’eau toujours pareille.


René Char - Chanson des villes


        Composé et interprété par Hélène Martin



René Char - (1907-1988)


Chanson des villes

Mes villes en rang
Mes villes en sang
Mes villes fusillées
Mes villes bâillonnées

Ça fait si mal
Ça fait si mal

C'est Guernica c'est Varsovie
Hiroshima ou c'est Paris
C'est Alesia du sang partout
C'est Stalingrad c'est Dien Bien Phu?
C'est Dien Bien Phu

Mes villes ouvertes
Mes villes inertes
Mes villes bombardées
Mes villes cloisonnées

Ça fait si mal
Ça fait si mal

Milliers d’otages dans le silence
C’est toi Carthage c’est toi Numance
C'est Entremont ce requiem
Un autre nom Jérusalem
Jérusalem

Mes villes en armes
Mes villes en larmes
Mes villes mitraillées
Mes villes mutilées

Ça fait si mal
Ça fait si mal

Et les villages oh mes amours
Tant de carnages comme Oradour
Quels sont ces cris ces trahisons
Oh mes amis oh ma maison
Oh ma maison

Ma ville orgueil
Ma ville en deuil
Un homme l’a sauvée
Ma ville délivrée

N’oubliez pas
N’oubliez pas



Du même auteur :
Allégeance
Chanson des villes
Chant d’insomnie

Queneau - Saint-Ouen's blues


        Puces à Saint-Ouen
Ecouter la version chantée
Interprétation : Hélène Martin
Composition : Jacques Lasry, Hélène Martin
- Diffusé par DEEZER -



Raymond Queneau - (1903-1976)


Saint-Ouen's blues

Un arbre sur une branche
Un oiseau criant dimanche
L’herbe rase par ici

Des godasses pas étanches
Très peu d’atouts dans la manche
Une sauce à l’oignon frit

Un phono sur une planche
Un accordéon qui flanche
Des chats des rats des souris

Un vélo coupé en tranches
Un coup dur qui se déclenche
Des voyous des malappris

Un vague vive la Franche
Par un Auvergnat d’Avranches
Les Kabyles les Sidis

La putain qui se déhanche
Un passant séduit se penche
C’est cent sous pour le chéri

Des cheveux en avalanche
Des yeux non c’est des pervenches
Belles filles de Paris

Ma tristesse qui s’épanche
La fleur bleue ou bien la blanche
Et mon cœur qu’en a tant pris

Et mon cœur qu’en a tant pris
À Saint-Ouen près de Paris




Du même auteur :
Adieu
Ballade en proverbes du vieux temps
Bien placés, bien choisis
Complainte
Exercices de style - Alexandrins
Exercices de style - Botanique
Exercices de style - Ode
Exercices de style - Sonnet
Il pleut
L'écolier
Perplexité
Saint-Ouen's blues
Si tu t'imagines
Tant de sueur humaine

Genet - Le condamné à mort (4)



Ecouter la version chantée
composée et interprétée
par Hélène Martin
- Diffusé par DEEZER -



Jean Genet (1910-1986)


Où sans vieillir

Où sans vieillir je meurs je t'aime ô ma prison.
La vie de moi s'écoule à la mort enlacée.
Leur valse lente et lourde à l'envers est dansée
Chacune dévidant sa sublime raison
L'une à l'autre opposée.

J'ai trop de place encor ce n'est pas mon tombeau
Trop grande est ma cellule et pure ma fenêtre.
Dans la nuit prénatale attendant de renaître
Je me laisse vivant par un signe plus haut
De la Mort reconnaître.

A tout autre qu'au Ciel je ferme pour toujours
Ma porte et je n'accorde une minute amie
Qu'aux très jeunes voleurs dont mon oreille épie
De quel cruel espoir l'appel à mon secours
Dans leur chanson finie.

Mon chant n'est pas truqué si j'hésite souvent
C'est que je cherche loin sous mes terres profondes
Et j'amène toujours avec les mêmes sondes
Les morceaux d'un trésor enseveli vivant
Dès les débuts du monde.

Si vous pouviez me voir sur ma table penché
Le visage défait par ma littérature
Vous sauriez que m’écœure aussi cette aventure
Effrayante d'oser découvrir l'or caché
Sous tant de pourriture.

Une aurore joyeuse éclate dans mon œil
Pareille au matin clair qu'un tapis sur les dalles
Pour étouffer ta marche à travers les dédales
Des couloirs suffoqués l'on posa de ton seuil
Aux portes matinales.



Du même auteur :
Les assassins du mur
Où sans vieillir
Pardonnez-moi mon Dieu
Sur mon cou

Supervielle - Hommage à la vie


        Jules Supervielle

Ecouter la version chantée
Interprétation : Hélène Martin
Composition : Hélène Martin
- Diffusé par DEEZER -



Jules Supervielle - (1884-1960)


Hommage à la Vie

C'est beau d'avoir élu
Domicile vivant
Et de loger le temps
Dans un coeur continu,
Et d'avoir vu ses mains
Se poser sur le monde
Comme sur une pomme
Dans un petit jardin,
D'avoir aimé la terre,
La lune et le soleil,
Comme des familiers
Qui n'ont pas leurs pareils,
Et d'avoir confié
Le monde à sa mémoire
Comme un clair cavalier
A sa monture noire,
D'avoir donné visage
A ces mots : femme, enfants,
Et servi de rivage
A d'errants continents,
Et d'avoir atteint l'âme
A petit coups de rame
Pour ne l'effaroucher
D'une brusque approchée.
C'est beau d'avoir connu
L'ombre sous le feuillage
Et d'avoir senti l'âge
Ramper sur le corps nu,
Accompagné la peine
Du sang noir dans nos veines
Et doré son silence
De l'étoile Patience,
Et d'avoir tous ces mots
Qui bougent dans la tête,
De choisir les moins beaux
Pour leur faire un peu fête,
D'avoir senti la vie
Hâtive et mal aimée,
De l'avoir enfermée
Dans cette poésie.



Ecouter la version chantée
Interprétation : Martine Caplanne
Composition : Martine Caplanne
- Diffusé par DEEZER -

Du même auteur :
Celui qui
Dieu crée la femme
Hommage à la Vie
Mouvement
Oublieuse mémoire
Plein ciel
Pour un poète mort
Vivre encore

De Obaldia - Berceuse


        Céramique de Poulbot

Ecouter la version chantée
Interprétation : Hélène Martin
Composition : Hélène Martin
- Diffusé par DEEZER -



René De Obaldia (né en 1918)


Berceuse de l’enfant qui ne veut pas grandir

Mon petit frère a le bourdon
Et ma petite soeur bourdonne.
L’âne du ciel broute un chardon :
Une vieille étoile d’automne.

Papa est mort depuis longtemps
Dans une guerre expéditive.
Maman s’en va par tous les temps
Rejoindre un monsieur de Tananarive.

Dormez, dormez, grandes personnes.
Le volet claque, la nuit vient.
C’est toujours la même heure qui sonne
Priez pour mon ange gardien !

Je serre mon harmonica
Contre mon coeur et sa brûlure.
Je suis le dernier des Incas
Et le premier de ma nature.

Ah ! ne me faites pas grandir,
Je sais déjà toutes les choses.
La nuit, bientôt, va m’étourdir
Je respire à petites doses.

Dormez, dormez, grandes personnes.
Le volet claque, la nuit vient.
C’est toujours la même heure qui sonne
Priez pour mon ange gardien !

Ah ! que je reste tout petit,
Déjà trop grand pour tant de larmes !
Une seule étoile suffit
A désarmer tous les gendarmes.

Maman est avec le Monsieur
Qui ne se couche qu’aux aurores.
Je vais compter jusqu’à cent deux
Je vais attendre, attendre encore

Dormez, dormez, grandes personnes.
Le volet claque, la nuit vient.
C’est toujours la même heure qui sonne
Priez pour mon ange gardien !



Du même auteur :
Antoinette et moi
Berceuse
Chez moi
La Sologne

Seghers - Tzigane


    Pierre Seghers par Robert Doisneau

Ecouter sur DEEZER
Composé et Chanté
par Hélène Martin



Pierre Seghers (1906-1987)


Tzigane

Le coeur est fait de mille cordes
Qui se brisent en même temps
Ça fait un bruit épouvantable
Puis plus jamais on ne l’entend

Dans la forêt c’est un grand arbre
Les oiseaux y chantent dedans
On en fait du bois pour les tables
Les chiens s’y aiguisent les dents

On dira bien que les tziganes
Font revivre les coeurs perdus
C’est une histoire pour les dames
N’en parlons plus, n’en parlons plus



Du même auteur :
La Gloire
Merde à Vauban
Tzigane