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Paul Fort et Georges Brassens - Il faut nous aimer vivants


        Composé et interprété par Gael Liardon

Ecouter sur DEEZER
Adapté, composé et interprété
par Eric Zimmermann



Georges Brassens - (1921-1981)


Il faut nous aimer vivants

Sans curé maire notaire
Ou avec ça se défend
Il faut nous aimer sur terre
Il faut nous aimer vivants
Ne crois pas au cimetière
Il faut nous aimer avant

A moins d’être au monastère
Et toi, ma belle au couvent
Il faut nous aimer sur terre
Il faut nous aimer vivants
Ne crois pas au cimetière
Il faut nous aimer avant

N’embarquons pas pour Cythère
Morts et froids les pieds devant
Il faut nous aimer sur terre
Il faut nous aimer vivants
Ne crois pas au cimetière
Il faut nous aimer avant

Quand même un Dieu salutaire
Renouerait nos coeurs fervents
Il faut nous aimer sur terre
Il faut nous aimer vivants
Ne crois pas au cimetière
Il faut nous aimer avant

Ma poussière et ta poussière
Deviendront le gré des vents
Il faut nous aimer sur terre
Il faut nous aimer vivants
Ne crois pas au cimetière
Il faut nous aimer avant




Paul Fort - (1872-1960)

Poème d'origine :

Il faut nous aimer sur terre
Il faut nous aimer vivants
Ne crois pas au cimetière
Il faut nous aimer avant
Ta poussière et ma poussière
Deviendront le gré des vents



Du même auteur :
Chanson de fol
Chanson fatale
Comme Hier
Complainte du petit cheval blanc
Complainte du roi et de la reine
Enterrement de Verlaine
Il faut nous aimer vivants
La ronde
Le bonheur est dans le pré
Le chasseur perdu en forêt
Les baleines
Les boules de neige
Si le Bon Dieu l'avait voulu

Hégésippe Moreau - Sur la mort...


        Interprète : Valerie Ambroise - Compositeur : Georges Brassens

Ecouter la version chantée
Interprétation : Georges Brassens
Composition : Georges Brassens
- Diffusé par DEEZER -
Ecouter la version chantée
Interprétation : Les Compagnons de la chanson
Composition : Georges Brassens
- Diffusé par DEEZER -



Hégésippe Moreau - (1810-1838)


Sur la mort d'une cousine de sept ans

Hélas, si j'avais su lorsque ma voix qui prêche
T'ennuyait de leçons, que sur toi rose et fraîche
L'oiseau noir du malheur planait inaperçu,
Que la fièvre guettait sa proie et que la porte
Où tu jouais hier te verrait passer morte...
Hélas, si j'avais su!

Enfant, je t'aurais fait l'existence bien douce,
Sous chacun de tes pas j'aurais mis de la mousse;
Tes ris auraient sonné chacun de tes instants;
Et j'aurais fait tenir dans ta petite vie
Des trésors de bonheur immense à faire envie
Aux heureux de cent ans.

Loin des bancs où pâlit l'enfance prisonnière,
Nous aurions fait tous deux l'école buissonnière.
Au milieu des parfums et des champs d'alentour
J'aurais vidé les nids pour emplir ta corbeille;
Et je t'aurais donné plus de fleurs qu'une abeille
N'en peut voir en un jour.

Puis, quand le vieux Janvier les épaules drapées
D'un long manteau de neige et suivi de poupées,
De magots, de pantins, minuit sonnant accourt;
Parmi tous les cadeaux qui pleuvent pour étrenne,
Je t'aurais fait asseoir comme une jeune reine
Au milieu de sa cour.

Mais je ne savais pas et je prêchais encore;
Sûr de ton avenir, je le pressais d'éclore,
Quand tout à coup pleurant un pauvre espoir déçu,
De ta petite main j'ai vu tomber le livre;
Tu cessas à la fois de m'entendre et de vivre...
Hélas, si j'avais su!


Bruant - A la place Maubert



Ecouter la version chantée
Interprétation : Georges Brassens
Composition : Aristide Bruant
- Diffusé par DEEZER -
Ecouter la version originale
Interprétation : Aristide Bruant
Composition : Aristide Bruant
- Diffusé par DEEZER -




Aristide Bruant - (1851-1925)


A la place Maubert

Je m'demande à quoi qu'on songe
En prolongeant la rue Monge
A quoi qu'ça nous sert
Des esquares, des estatues
Quand on démolit nos rues
A la place Maubert

Avant qu’on n’y démolisse
On craignait pas la police
L’été comme l’hiver
On était toujours à l’ombre
Dans un coin plus ou moins sombre
A la place Maubert

Quand on n'avait pas d'marmite
On bouffait chez l'père Lafrite
Pour un peu d'auber
Le soir, on levait une pétasse...
Un choléra sans limace
A la place Maubert

Pour trois ronds chez l'père Lunette
Où qu'chantait la môme Toinette
On s'payait l'concert
Pour six ronds au Château-Rouge
On sorguait avec sa gouge
A la place Maubert

Aussi, Bon Dieu ! j'vous l'demande
Quand y aura plus d'rue Galande
Plus d'Hôtel Colbert
Ousque vous voulez qu'ils aillent
Les purotins qui rouscaillent
A la place Maubert

Qu'on leur foute au moins des niches
Comme on en fout aux caniches
Qu'ils soyent à couvert
Sous quèqu' chose qui les abrite
Quans ils trouveront plus de gîte
A la place Maubert

Et quand ils r'fileront la cloche
Ils auront tous dans leur poche
Le surin ouvert
Et c'jour-là mes camarluches
La nuit, gare aux laquereauxmuches
De la place Maubert.



Une autre version
Interprétation : Marc Ogeret
Composition : Aristide Bruant
- Diffusé par DEEZER -

Du même auteur :
A la Bastoche
A la place Maubert
La chanson des canuts
Les loupiots
Rue Saint-Vincent
Sur le tas

Norge - Jehan l'advenu


 Peu de compositeurs, comme Jacques Yvart, ont été interprétés par Georges Brassens

Ecouter la version chantée
Interprétation : Georges Brassens
Composition : Jacques Yvart
- Diffusé par DEEZER -
Ecouter la version chantée
Interprétation : Jacques Yvart
Composition : Jacques Yvart
- Diffusé par DEEZER -
Ecouter la version chantée
Interprétation : James Ollivier
Composition : Jacques Yvart
- Diffusé par DEEZER -




Norge - (1898-1990)


Jehan l'advenu

Puis il revint comme il était parti :
Bon pied, bon œil, personne d'averti.
Aux dents, toujours la vive marguerite,
Aux yeux, toujours la flamme qui crépite.

Mit sur ta lèvre, Aline, un long baiser,
Mit sur la table un peu d'or étranger,
Chanta, chanta deux chansons de marine,
S'alla dormir dans la chambre enfantine.

Rêva tout haut d'écume et de cavale,
S'entortilla dans d'étranges rafales.
Puis au réveil, quand l'aube se devine,
Chanta, chanta deux chansons de marine.

Fit au pays son adieu saugrenu
Et s'en alla comme il était venu.
Fit au pays son adieu saugrenu
Et s'en alla comme il était venu.



Du même auteur :
Chanson à tuer
Chevaux toujours
Jehan l'advenu
Petite pomme

Paul Fort - Si le Bon Dieu l'avait voulu



Ecouter sur DEEZER
Composé et interprété
par Georges Brassens



Paul Fort - (1872-1960)


Si le Bon Dieu l'avait voulu

Si le Bon Dieu l'avait voulu
Lanturlurette, lanturlu,
J'aurais connu la Cléopâtre,
Et je t'aurais pas connue.
J'aurais connu la Cléopâtre,
Et je ne t'aurais pas connue.
Sans ton amour que j'idolâtre,
Las ! que fussé-je devenu ?

Si le Bon Dieu l'avait voulu,
J'aurais connu la Messaline,
Agnès, Odette et Mélusine,
Et je ne t'aurais pas connue.
J'aurais connu la Pompadour,
Noémie, Sarah, Rebecca,
La fille du royal tambour,
Et la Mogador et Clara.

Mais le Bon Dieu n'a pas voulu
Que je connaisse leurs amours,
Je t'ai connue, tu m'as connu
Gloire à Dieu au plus haut des nues !
Las ! que fussé-je devenu
Sans toi la nuit, sans toi le jour ?
Je t'ai connue, tu m'as connu
Gloire à Dieu au plus haut des nues !



Du même auteur :
Chanson de fol
Chanson fatale
Comme Hier
Complainte du petit cheval blanc
Complainte du roi et de la reine
Enterrement de Verlaine
Il faut nous aimer vivants
La ronde
Le bonheur est dans le pré
Les baleines
Les boules de neige
Si le Bon Dieu l'avait voulu

Hugo - La Légende de la Nonne


Ecouter la version chantée
Interprétation : Georges Brassens
Composition : Georges Brassens
- Diffusé par DEEZER -




Victor HUGO - (1802-1885)

Odes et Ballades


La légende de la nonne

Venez, vous dont l'oeil étincelle,
Pour entendre une histoire encor,
Approchez : je vous dirai celle
De doña Padilla del Flor.
Elle était d'Alanje, où s'entassent
Les collines et les halliers.
Enfants, voici des boeufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers !

Il est des filles à Grenade,
Il en est à Séville aussi,
Qui, pour la moindre sérénade,
A l'amour demandent merci ;
Il en est que d'abord embrassent,
Le soir, les hardis cavaliers.
Enfants, voici des boeufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers !

Ce n'est pas sur ce ton frivole
Qu'il faut parler de Padilla,
Car jamais prunelle espagnole
D'un feu plus chaste ne brilla ;
Elle fuyait ceux qui pourchassent
Les filles sous les peupliers. -
Enfants, voici des boeufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers !
...
Elle prit le voile à Tolède,
Au grand soupir des gens du lieu,
Comme si, quand on n'est pas laide,
On avait droit d'épouser Dieu.
Peu s'en fallut que ne pleurassent
Les soudards et les écoliers. -
Enfants, voici des boeufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers !
...
Or, la belle à peine cloîtrée,
Amour en son coeur s'installa.
Un fier brigand de la contrée
Vint alors et dit : Me voilà !
Quelquefois les brigands surpassent
En audace les chevaliers. -
Enfants, voici des boeufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers !

Il était laid ; des traits austères,
La main plus rude que le gant ;
Mais l'amour a bien des mystères,
Et la nonne aima le brigand.
On voit des biches qui remplacent
Leurs beaux cerfs par des sangliers. -
Enfants, voici des boeufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers !
...
La nonne osa, dit la chronique,
Au brigand par l'enfer conduit,
Aux pieds de sainte Véronique
Donner un rendez-vous la nuit,
A l'heure où les corbeaux croassent,
Volant dans l'ombre par milliers. -
Enfants, voici des boeufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers !
...
Or, quand, dans la nef descendue,
La nonne appela le bandit,
Au lieu de la voix attendue,
C'est la foudre qui répondit.
Dieu voulut que ses coups frappassent
Les amants par Satan liés.
Enfants, voici des boeufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers !
...
Cette histoire de la novice,
Saint Ildefonse, abbé, voulut
Qu'afin de préserver du vice
Les vierges qui font leur salut,
Les prieures la racontassent
Dans tous les couvent réguliers.
Enfants, voici des boeufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers !



Du bon usage de l'imparfait du subjonctif
Autres textes chantés de cet auteur


Ecouter sur DEEZER
Interprétation de Maxime Le Forestier
sur une musique de Georges Brassens

Richepin - Les oiseaux de passage



Interprétation : Georges Brassens
Composition : Georges Brassens
- Diffusé par DEEZER -



Jean Richepin - (1849-1926)


Les oiseaux de passage

Ô vie heureuse des bourgeois ! Qu'avril bourgeonne
Ou que décembre gèle, ils sont fiers et contents.
Ce pigeon est aimé trois jours par sa pigeonne;
Ça lui suffit, il sait que l'amour n'a qu'un temps.

Ce dindon a toujours béni sa destinée.
Et quand vient le moment de mourir il faut voir
Cette jeune oie en pleurs : "C'est là que je suis née,
Je meurs près de ma mère et j'ai fait mon devoir."

Elle a fait son devoir c'est à dire que oncques
Elle n'eut de souhait impossible, elle n'eut
Aucun rêve de lune, aucun désir de jonque
L'emportant sans rameur sur un fleuve inconnu.

Et tous sont ainsi faits, vivre la même vie
Toujours pour ces gens là cela n'est point hideux.
Ce canard n'a qu'un bec et n'eut jamais envie
Ou de n'en plus avoir ou bien d'en avoir deux.

Ils n'ont aucun besoin de baiser sur les lèvres
Et, loin des songes vains, loin des soucis cuisants,
Possèdent pour tout coeur un viscère sans fièvre,
Un coucou régulier et garanti dix ans !

Ô les gens bienheureux !... Tout à coup, dans l'espace,
Si haut qu'il semble aller lentement, un grand vol
En forme de triangle arrive, plane et passe.
Où vont-ils ? Qui sont-ils ? Comme ils sont loin du sol !

Regardez les passer! Eux ce sont les sauvages,
Ils vont où leur désir le veut : par dessus monts
Et bois, et mers, et vents, et loin des esclavages.
L'air qu'ils boivent ferait éclater vos poumons.

Regardez-les ! Avant d'atteindre sa chimère,
Plus d'un, l'aile rompue et du sang plein les yeux,
Mourra. Ces pauvres gens ont aussi femme et mère
Et savent les aimer aussi bien que vous, mieux.

Pour choyer cette femme et nourrir cette mère,
Ils pouvaient devenir volailles comme vous.
Mais ils sont avant tout des fils de la chimère,
Des assoiffés d'azur, des poètes, des fous.

Regardez-les, vieux coq, jeune oie édifiante !
Rien de vous ne pourra monter aussi haut qu'eux.
Et le peu qui viendra d'eux à vous, c'est leur fiente.
Les bourgeois sont troublés de voir passer les gueux.



Interprétation : Maxime Le Forestier
Composition : Georges Brassens
- Diffusé par DEEZER -

Du même auteur :
Au cimetière
Larmes
Le ciel est transi
Le fou
Les deux ménétriers
Les oiseaux de passage
Les philistins
Mon verre est vidé
Sonnet d'automne

Verlaine - Colombine

Antoine Watteau - Comédiens français

Ecouter sur DEEZER
Composé et interprété
par Georges Brassens



Paul Verlaine - Fêtes galantes


Colombine

Léandre le sot,
Pierrot qui d’un saut
De puce
Franchit le buisson,
Cassandre sous son
Capuce,

Arlequin aussi,
Cet aigrefin si
Fantasque
Aux costumes fous,
Les yeux luisants sous
Le masque,

Do, mi, sol, mi, fa,
Tout ce monde va,
Rit, chante
Et danse devant
Une frêle enfant
Méchante

Dont les yeux pervers
Comme les yeux verts
Des chattes
Gardent ses appas
Et disent : "A bas
Les pattes !"

Eux ils vont toujours !
Fatidique cours
Des astres,
Oh ! dis-moi vers quels
Mornes ou cruels
Désastres

L’implacable enfant,
Preste et relevant
Ses jupes,
La rose au chapeau,
Conduit son troupeau
De dupes



Ecouter sur DEEZER
Interprète : James Ollivier
Compositeur : Georges Brassens

Richepin - Les Philistins

        Jean Richepin en 1876

Ecouter sur DEEZER
Composé et interprété
par Georges Brassens
Ecouter sur DEEZER
Compositeur : Georges Brassens
Interprètes : Calise et Serge Bouzouki



Jean Richepin - (1849-1926)


Les Philistins

Philistins, épiciers,
Tandis que vous caressiez
Vos femmes

En songeant aux petits
Que vos grossiers appétits
Engendrent

Vous pensiez : "Ils seront
Menton rasé, ventre rond,
Notaires"

Mais pour bien vous punir,
Un jour vous voyez venir
Sur terre

Des enfants non voulus
Qui deviennent chevelus
Poètes.

Car toujours ils naîtront
Comme naissent d’un étron
Des roses



Ecouter sur DEEZER
Compositeur : Georges Brassens
Interprète : Tierra del sur

Du même auteur :
Au cimetière
Larmes
Le ciel est transi
Le fou
Les deux ménétriers
Les oiseaux de passage
Les philistins
Mon verre est vidé
Sonnet d'automne

Nadaud - Carcassonne

Ecouter sur DEEZER
Composé et interprété
par Georges Brassens



Gustave Nadaud (1820-1893)


Carcassonne

« Je me fais vieux, j’ai soixante ans,
J’ai travaillé toute ma vie,
Sans avoir, durant tout ce temps.
Pu satisfaire mon envie.
Je vois bien qu’il n’est ici-bas
De bonheur complet pour personne.
Mon vœu ne s’accomplira pas :
Je n’ai jamais vu Carcassonne !

« On voit la ville de là-haut,
Derrière les montagnes bleues ;
Mais, pour y parvenir, il faut,
Il faut faire cinq grandes lieues ;
En faire autant pour revenir !
Ah ! si la vendange était bonne !
Le raisin ne veut pas jaunir :
Je ne verrai pas Carcassonne !

« On dit qu’on y voit tous les jours,
Ni plus ni moins que les dimanches,
Des gens s’en aller sur le cours,
En habits neufs, en robes blanches.
On dit qu’on y voit des châteaux
Grands comme ceux de Babylone,
Un évèque et deux généraux !
Je ne connais pas Carcassonne !

« Le vicaire a cent fois raison :
C’est des imprudents que nous sommes.
Il disait dans son oraison
Que l’ambition perd les hommes.
Si je pouvais trouver pourtant
Deux jours sur la fin de l’automne…
Mon Dieu ! que je mourrais content
Après avoir vu Carcassonne !

« Mon Dieu ! mon Dieu ! pardonnez-moi
Si ma prière vous offense ;
On voit toujours plus haut que soi,
En vieillesse comme en enfance.
Ma femme, avec mon fils Aignan,
A voyagé jusqu’à Narbonne ;
Mon filleul a vu Perpignan,
Et je n’ai pas vu Carcassonne ! »

Ainsi chantait, près de Limoux,
Un paysan courbé par l’âge.
Je lui dis : « Ami, levez-vous ;
Nous allons faire le voyage. »
Nous partîmes le lendemain ;
Mais (que le bon Dieu lui pardonne !)
Il mourut à moitié chemin :
Il n’a jamais vu Carcassonne !


Banville - Le verger du roi Louis

Ecouter sur DEEZER
Composé et interprété
par Georges Brassens




Théodore de Banville - (1823-1891)


Le verger du roi Louis

Sur ses larges bras étendus,
La forêt où s'éveille Flore,
A des chapelets de pendus
Que le matin caresse et dore.
Ce bois sombre, où le chêne arbore
Des grappes de fruits inouïs
Même chez le Turc et le Maure,
C'est le verger du roi Louis.

Tous ces pauvres gens morfondus,
Roulant des pensées qu'on ignore,
Dans des tourbillons éperdus
Voltigent, palpitants encore.
Le soleil levant les dévore.
Regardez-les, cieux éblouis,
Danser dans les feux de l'aurore.
C'est le verger du roi Louis.

Ces pendus, du diable entendus,
Appellent des pendus encore.
Tandis qu'aux cieux, d'azur tendus,
Où semble luire un météore,
La rosée en l'air s'évapore,
Un essaim d'oiseaux réjouis
Par-dessus leur tête picore.
C'est le verger du roi Louis.

Envoi

Prince, il est un bois que décore
Un tas de pendus enfouis
Dans le doux feuillage sonore.
C'est le verger du roi Louis!


Antoine Pol - Les Passantes


Une video à la gloire de celui qui est le compositeur et l'interprète des Passantes,
et dont le mérite fut d'avoir fait découvrir Antoine Pol.


Ecouter sur DEEZER
Version complète de
Maxime Le Forestier
Ecouter sur DEEZER
L'interprétation originale
de Georges Brassens



Antoine Pol (1888-1971)


Les Passantes

Je veux dédier ce poème,
A toutes les femmes qu'on aime,
Pendant quelques instants secrets,
A celles qu'on connaît à peine,
Qu'un destin différent entraîne,
Et qu'on ne retrouve jamais.

A celles qu'on voit apparaître,
Une seconde à sa fenêtre,
Et qui, presque, s'évanouit,
Mais dont la svelte silhouette
Est si gracieuse et fluette
Qu'on en demeure épanoui.

A la compagne de voyage,
Dont les yeux, charmant paysage,
Font paraître court le chemin;
Qu'on est seul peut-être à comprendre,
Et qu'on laisse pourtant descendre
Sans avoir effleuré sa main.

A la fine et souple valseuse
Qui vous sembla triste et nerveuse,
Par une nuit de carnaval;
Qui voulut rester inconnue,
Et qui n'est jamais revenue
Tournoyer dans un autre bal.


A celles qui sont déjà prises,
Et qui, vivant des heures grises,
Près d'un être trop différent,
Vous ont, inutile folie,
Laissé voir la mélancolie
D'un avenir désespérant.

Chères images aperçues,
Espérances d'un jour déçues,
Vous serez dans l'oubli demain;
Pour peu que le bonheur survienne,
Il est rare qu'on se souvienne,
Des épisodes du chemin.

Mais si l'on à manqué sa vie,
On songe; avec un peu d'envie
A tous ces bonheurs entrevus,
Aux baisers qu'on n'osa pas prendre,
Aux cœurs qui doivent vous attendre,
Aux yeux qu'on n'a jamais revus.

Alors, aux soirs de lassitude,
Tout en peuplant sa solitude
Des fantômes du souvenir,
On pleure les lèvres absentes
De toutes ces belles passantes
Que l'on n'a pas su retenir.


Hugo - Gastibelza


Ecouter sur DEEZER
Composé et interprété
par Georges Brassens



Victor Hugo - Les Rayons et les ombres


Gastibelza

Gastibelza, l'homme à la carabine,
Chantait ainsi :
" Quelqu'un a-t-il connu doña Sabine ?
Quelqu'un d'ici ?
Dansez, chantez, villageois ! la nuit gagne
Le mont Falù.
- Le vent qui vient à travers la montagne
Me rendra fou !

" Quelqu'un de vous a-t-il connu Sabine,
Ma señora ?
Sa mère était la vieille maugrabine
D'Antequera,
Qui chaque nuit criait dans la Tour-Magne
Comme un hibou... -
Le vent qui vient à travers la montagne
Me rendra fou !

" Dansez, chantez! Des biens que l'heure envoie
Il faut user.
Elle était jeune et son oeil plein de joie
Faisait penser. -
À ce vieillard qu'un enfant accompagne
Jetez un sou ! ... -
Le vent qui vient à travers la montagne
Me rendra fou.

" Vraiment, la reine eût près d'elle été laide
Quand, vers le soir,
Elle passait sur le pont de Tolède
En corset noir.
Un chapelet du temps de Charlemagne
Ornait son cou... -
Le vent qui vient à travers la montagne
Me rendra fou.

" Le roi disait en la voyant si belle
À son neveu : -- Pour un baiser, pour un sourire d'elle,
Pour un cheveu,
Infant don Ruy, je donnerais l'Espagne
Et le Pérou ! -
Le vent qui vient à travers la montagne
Me rendra fou.

" Je ne sais pas si j'aimais cette dame,
Mais je sais bien
Que pour avoir un regard de son âme,
Moi, pauvre chien,
J'aurais gaîment passé dix ans au bagne
Sous le verrou... -
Le vent qui vient à travers la montagne
Me rendra fou.

" Un jour d'été que tout était lumière,
Vie et douceur,
Elle s'en vint jouer dans la rivière
Avec sa soeur,
Je vis le pied de sa jeune compagne
Et son genou... -
Le vent qui vient à travers la montagne
Me rendra fou.

" Quand je voyais cette enfant, moi le pâtre
De ce canton,
Je croyais voir la belle Cléopâtre,
Qui, nous dit-on,
Menait César, empereur d'Allemagne,
Par le licou... -
Le vent qui vient à travers la montagne
Me rendra fou.

" Dansez, chantez, villageois, la nuit tombe !
Sabine, un jour,
A tout vendu, sa beauté de colombe,
Et son amour,
Pour l'anneau d'or du comte de Saldagne,
Pour un bijou... -
Le vent qui vient à travers la montagne
Me rendra fou.

" Sur ce vieux banc souffrez que je m'appuie,
Car je suis las.
Avec ce comte elle s'est donc enfuie !
Enfuie, hélas !
Par le chemin qui va vers la Cerdagne,
Je ne sais où... -
Le vent qui vient à travers la montagne
Me rendra fou.

" Je la voyais passer de ma demeure,
Et c'était tout.
Mais à présent je m'ennuie à toute heure,
Plein de dégoût,
Rêveur oisif, l'âme dans la campagne,
La dague au clou... -
Le vent qui vient à travers la montagne
M'a rendu fou ! "


Lamartine - Pensée des Morts


Ecouter sur DEEZER
Composé et interprété
par Georges Brassens




Alphonse de Lamartine - (1790-1869)

Harmonies poétiques et religieuses


Pensée des Morts

Voila les feuilles sans sève
Qui tombent sur le gazon
Voila le vent qui s'élève
Et gémit dans le vallon
Voila l'errante hirondelle
Qui rase du bout de l'aile
L'eau dormante des marais
Voila l'enfant des chaumières
Qui glane sur les bruyères
Le bois tombé des forêts

C'est la saison où tout tombe
Aux coups redoublés des vents
Un vent qui vient de la tombe
Moissonne aussi les vivants
Ils tombent alors par mille
Comme la plume inutile
Que l'aigle abandonne aux airs
Lorsque des plumes nouvelles
Viennent réchauffer ses ailes
A l'approche des hivers

C'est alors que ma paupière
Vous vit pâlir et mourir
Tendres fruits qu'à la lumière
Dieu n'a pas laissé mûrir
Quoique jeune sur la terre
Je suis déjà solitaire
Parmi ceux de ma saison
Et quand je dis en moi-même
"Ou sont ceux que ton coeur aime?"
Je regarde le gazon

C'est un ami de l'enfance
Qu'aux jours sombres du malheur
Nous prêta la providence
Pour appuyer notre coeur
Il n'est plus: notre âme est veuve
Il nous suit dans notre épreuve
Et nous dit avec pitié
"Ami si ton âme et pleine
De ta joie ou de ta peine
Qui portera la moitié?"

C'est une jeune fiancée
Qui, le front ceint du bandeau
N'emporta qu'une pensée
De sa jeunesse au tombeau
Triste, hélas! dans le ciel même
Pour revoir celui qu'elle aime
Elle revient sur ses pas
Et lui dit: "ma tombe est verte!
Sur cette terre déserte
Qu'attends-tu? je n'y suis pas!"

C'est l'ombre pâle d'un père
Qui mourut en nous nommant
C'est une soeur, c'est un frère
Qui nous devance un moment
Tous ceux enfin dont la vie
Un jour ou l'autre ravie,
Emporte une part de nous
Semblent dire sous la pierre
"Vous qui voyez la lumière
De nous vous souvenez-vous?"


Musset - A mon frère revenant d'Italie

        Affiche de Victor Laville

Ecouter sur DEEZER
Composé et interprété par
Georges Brassens




Alfred de Musset - (1810-1857)

Poésies nouvelles


A mon Frère revenant d'Italie

Ainsi, mon cher, tu t'en reviens
Du pays dont je me souviens
Comme d'un rêve,
De ces beaux lieux où l'oranger
Naquit pour nous dédommager
Du péché d'Ève.

Tu l'as vu, ce fantôme altier
Qui jadis eut le monde entier
Sous son empire.
César dans sa pourpre est tombé :
Dans un petit manteau d'abbé
Sa veuve expire.

Tu t'es bercé sur ce flot pur
Où Naples enchâsse dans l'azur
Sa mosaique,
Oreiller des lazzaroni
Où sont nés le macaroni
Et la musique.

Qu'il soit rusé, simple ou moqueur,
N'est-ce pas qu'il nous laisse au coeur
Un charme étrange,
Ce peuple ami de la gaieté
Qui donnerait gloire et beauté
Pour une orange ?

Ischia ! C'est là, qu'on a des yeux,
C'est là qu'un corsage amoureux
Serre la hanche.
Sur un bas rouge bien tiré
Brille, sous le jupon doré,
La mule blanche.

Pauvre Ischia ! bien des gens n'ont vu
Tes jeunes filles que pied nu
Dans la poussière.
On les endimanche à prix d'or ;
Mais ton pur soleil brille encor
Sur leur misère.

Quoi qu'il en soit, il est certain
Que l'on ne parle pas latin
Dans les Abruzzes,
Et que jamais un postillon
N'y sera l'enfant d'Apollon
Ni des neuf Muses.

Toits superbes ! froids monuments !
Linceul d'or sur des ossements !
Ci-gît Venise.
Là mon pauvre coeur est resté.
S'il doit m'en être rapporté,
Dieu le conduise !

Mais de quoi vais-je ici parler ?
Que ferais-je à me désoler,
Quand toi, cher frère,
Ces lieux où j'ai failli mourir,
Tu t'en viens de les parcourir
Pour te distraire ?

Frère, ne t'en va plus si loin.
D'un peu d'aide j'ai grand besoin,
Quoi qu'il m'advienne.
Je ne sais où va mon chemin,
Mais je marche mieux quand ma main
Serre la tienne.


Musset - Ballade à la Lune

Ecouter sur DEEZER
Interprétation : Georges Brassens
Composition : Georges Brassens
Ecouter sur DEEZER
Interprétation : Camille Maurane
Composition : Jacques Offenbach
La version enfantine
par Sylvie Vartan




Alfred de Musset - (1810-1857)

Premières Poésies


Ballade à la Lune

C'était, dans la nuit brune,
Sur le clocher jauni,
La lune,
Comme un point sur un i.

Lune, quel esprit sombre
Promène au bout d'un fil,
Dans l'ombre,
Ta face et ton profil?

Es-tu l'oeil du ciel borgne?
Quel chérubin cafard
Nous lorgne
Sous ton masque blafard?

N'es-tu rien qu'une boule?
Qu'un grand faucheux bien gras
Qui roule
Sans pattes et sans bras?

Es-tu, je t'en soupçonne,
Le vieux cadran de fer
Qui sonne
L'heure aux damnés d'enfer?

Sur ton front qui voyage,
Ce soir ont-ils compté
Quel âge
A leur éternité?

Est-ce un ver qui te ronge
Quand ton disque noirci
S'allonge
En croissant rétréci?

Qui t'avait éborgnée
L'autre nuit? T'étais-tu
Cognée
A quelque arbre pointu?

Car tu vins, pâle et morne,
Coller sur mes carreaux
Ta corne,
A travers les barreaux.

Va, lune moribonde,
Le beau corps de Phoebé
La blonde
Dans la mer est tombé.

Tu n'en es que la face,
Et déjà, tout ridé,
S'efface
Ton front dépossédé.

Rends-nous la chasseresse,
Blanche, au sein virginal,
Qui presse
Quelque cerf matinal!

Oh! sous le vert platane
Sous les frais coudriers,
Diane,
Et ses grands lévriers!

Le chevreau noir qui doute,
Pendu sur un rocher,
L'écoute,
L'écoute s'approcher.

Et, suivant leur curées,
Par les vaux, par les blés,
Les prées,
Ses chiens s'en sont allés.

Oh! le soir, dans la brise,
Phoebé, sœur d'Apollo,
Surprise
A l'ombre, un pied dans l'eau!

Phoebé qui, la nuit close,
Aux lèvres d'un berger
Se pose,
Comme un oiseau léger.

Lune, en notre mémoire,
De tes belles amours
L'histoire
T'embellira toujours.

Et toujours rajeunie,
Tu seras du passant
Bénie,
Pleine lune ou croissant.

T'aimera le vieux pâtre,
Seul, tandis qu'à ton front
D'albâtre
Ses dogues aboieront.

T'aimera le pilote
Dans son grand bâtiment,
Qui flotte,
Sous le clair firmament!

Et la fillette preste
Qui passe le buisson,
Pied leste,
En chantant sa chanson.

Comme un ours à la chaîne,
Toujours sous tes yeux bleus
Se traîne
L'Océan monstrueux.

Et qu'il vente ou qu'il neige,
Moi-même, chaque soir,
Que fais-je,
Venant ici m'asseoir?

Je viens voir à la brune,
Sur le clocher jauni,
La lune
Comme un point sur un i.

Peut-être quand déchante
Quelque pauvre mari,
Méchante,
De loin tu lui souris.

Dans sa douleur amère,
Quand au gendre béni
La mère
Livre la clef du nid,

Le pied dans sa pantoufle,
Voilà l'époux tout prêt
Qui souffle
Le bougeoir indiscret.

Au pudique hyménée
La vierge qui se croit
Menée,
Grelotte en son lit froid,

Mais monsieur tout en flamme
Commence à rudoyer
Madame,
Qui commence à crier.

"Ouf! dit-il, je travaille,
Ma bonne, et ne fais rien
Qui vaille;
Tu ne te tiens pas bien."

Et vite il se dépêche.
Mais quel démon caché
L'empêche
De commettre un péché?

"Ah! dit-il, prenons garde.
Quel témoin curieux
Regarde
Avec ces deux grands yeux?"

Et c'est, dans la nuit brune,
Sur son clocher jauni,
La lune
Comme un point sur un i.


Paul Fort - Comme Hier


Ecouter sur DEEZER
Composé et interprété
par Georges Brassens



Paul Fort - (1872-1960)


Comme Hier

Hé ! donne-moi ta bouche, hé ! ma jolie fraise !
L'aube a mis des fraises plein notre horizon.
Garde tes dindons, moi mes porcs, Thérèse.
Ne repousse pas du pied mes petits cochons.

Va, comme hier ! comme hier ! comme hier !
Si tu ne m'aimes point, c'est moi qui t'aim'rons.
L'un tient le couteau, l'autre la cuiller :
La vie, c'est toujours les mêmes chansons.

Pour sauter l'gros sourceau de pierre en pierre,
Comme tous les jours, mes bras t'enlèv'ront.
Nos dindes, nos truies nous suivront légères.
Ne repousse pas du pied mes petits cochons.

Va, comme hier ! comme hier ! comme hier !
Si tu ne m'aimes point, c'est moi qui t'aim'rons.
La vie c'est toujours amour et misère.
La vie, c'est toujours les mêmes chansons.

J'ai tant de respect pour ton cœur, Thérèse,
Et pour tes dindons, quand nous nous aimons.
Quand nous nous fâchons, hé ! ma jolie fraise,
Ne repousse pas du pied mes petits cochons.

Va, comme hier ! comme hier ! comme hier !
Si tu ne m'aimes point, c'est moi qui t'aim'rons.
L'un tient le couteau, l'autre la cuiller :
La vie, c'est toujours les mêmes chansons.



Du même auteur :
Chanson de fol
Chanson fatale
Comme Hier
Complainte du petit cheval blanc
Complainte du roi et de la reine
Enterrement de Verlaine
Il faut nous aimer vivants
La ronde
Le bonheur est dans le pré
Le chasseur perdu en forêt
Les baleines
Les boules de neige
Si le Bon Dieu l'avait voulu

Enterrements



- Paul Fort, admirateur de Verlaine, assiste à ses obsèques
- Brassens, admirateur de Paul Fort, assiste à ses obsèques
- Christian Valmory, admirateur de Brassens prévoit ses obsèques



Composé et interpété par Georges Brassens sur un texte de Paul Fort



Paul Fort


Enterrement de Verlaine

Le revois-tu mon âme, ce Boul' Mich d'autrefois
Et dont le plus beau jour fut un jour de beau froid:
Dieu: s'ouvrit-il jamais une voie aussi pure
Au convoi d'un grand mort suivi de miniatures?

Tous les grognards - petits - de Verlaine étaient là,
Toussotant, Frissonnant, Glissant sur le verglas,
Mais qui suivaient ce mort et la désespérance,
Morte enfin, du Premier Rossignol de la France.

Ou plutôt du second (François de Montcorbier,
Voici belle lurette en fut le vrai premier)
N'importe ! Lélian, je vous suivrai toujours !
Premier ? Second ? vous seul. En ce plus froid des jours.

N'importe ! Je suivrai toujours, l'âme enivrée
Ah ! Folle d'une espérance désespérée
Montesquiou-Fezensac et Bibi-la-Purée
Vos deux gardes du corps, - entre tous moi dernier.



Paroles et Musique de Georges Brassens
Interprété par Gerard Quillier



Georges Brassens


Enterrement de Paul Fort

Tous les oiseaux étaient dehors
Et toutes les plantes aussi.
Le petit cheval n'est pas mort
Dans le mauvais temps, Dieu merci.
Le bon soleil criait si fort :
Il fait beau, qu'on était ravis.
Moi, l'enterrement de Paul Fort,
Fut le plus beau jour de ma vie.

On comptait bien quelques pécores,
Quelques dindes à Montlhéry,
Quelques méchants, que sais-je encore :
Des moches, des mauvais esprits,
Mais qu'importe ? Après tout ; les morts
Sont à tout le monde. Tant pis,
Moi, l'enterrement de Paul Fort,
Fut le plus beau jours de ma vie.

Le curé allait un peu fort
De Requiem à mon avis.
Longuement penché sur le corps,
Il tirait l'âme à son profit,
Comme s'il fallait un passeport
Aux poètes pour le paradis.
S'il fallait à Dieu du renfort
Pour reconnaître ses amis.

Tous derrière en gardes du corps
Et lui devant, on a suivi.
Le petit cheval n'est pas mort
Comme un chien je le certifie.
Tous les oiseaux étaient dehors
Et toutes les plantes aussi.
Moi, l'enterrement de Paul Fort,
Fut le plus beau jour de ma vie.
...





Christian Valmory

Enterrement de Brassens


Ecouter sur DEEZER
Ecrit, composé et interpété
par Christian Valmory

Paul Fort vu par Georges Brassens

Paul Fort


Ecouter sur DEEZER
Composé et chanté
par Georges Brassens



Paul Fort (1872-1960)


Complainte du Petit Cheval Blanc


Le petit cheval dans le mauvais temps,
Qu'il avait donc du courage!
C'était un petit cheval blanc,
Tous derrière et lui devant.

Il n'y avait jamais de beau temps
Dans ce pauvre paysage,
Il n'y avait jamais de printemps,
Ni derrière, ni devant.

Mais toujours il était content,
Menant les gars du village,
A travers la pluie noire des champs,
Tous derrière et lui devant.

Sa voiture allait poursuivant
Sa belle petite queue sauvage.
C'est alors qu'il était content,
Tous derrière et lui devant.

Mais un jour, dans le mauvais temps,
Un jour qu'il était si sage,
Il est mort par un éclair blanc,
Tous derrière et lui devant.

Il est mort sans voir le beau temps,
Qu'il avait donc du courage!
Il est mort sans voir le printemps
Ni derrière, ni devant.



Du même auteur :
Chanson de fol
Chanson fatale
Comme Hier
Complainte du petit cheval blanc
Complainte du roi et de la reine
Enterrement de Verlaine
Il faut nous aimer vivants
La ronde
Le bonheur est dans le pré
Le chasseur perdu en forêt
Les baleines
Les boules de neige
Si le Bon Dieu l'avait voulu

Villon - Ballade des Dames...

Ecouter la version chantée
Interprétation : Georges Brassens
Composition : Georges Brassens
- Diffusé par DEEZER -




François Villon - (1431-1463?)


Ballade des dames du temps jadis

Dites-moi où, n'en quel pays,
Est Flora la belle Romaine,
Archipiada, ne Thaïs,
Qui fut sa cousine germaine,
Echo, parlant quand bruit on mène
Dessus rivière ou sus estan,
Qui beauté eut trop plus qu'humaine.
Mais où sont les neiges d'antan ?
Qui beauté eut trop plus qu'humaine.
Mais où sont les neiges d'antan ?

Où est la très sage Héloïs,
Pour qui châtré fut et puis moine
Pierre Abélard à Saint Denis ?
Pour son amour eut cette essoine.
Semblablement, où est la reine
Qui commanda que Buridan
Fût jeté en un sac en Seine ?
Mais où sont les neiges d'antan ?
Fût jeté en un sac en Seine ?
Mais où sont les neiges d'antan ?

La reine Blanche comme un lis
Qui chantait à voix de sirène,
Berthe au grand pied, Bietrix, Alis,
Haramburgis qui tint le Maine,
Et Jeanne, la bonne Lorraine
Qu'Anglais brûlèrent à Rouen ;
Où sont-ils, où, Vierge souveraine ?
Mais où sont les neiges d'antan ?
Où sont-ils, où, Vierge souveraine ?
Mais où sont les neiges d'antan ?

Prince, n'enquerrez de semaine
Où elles sont, ni de cet an,
Que ce refrain ne vous remaine :
Mais où sont les neiges d'antan ?
Que ce refrain ne vous remaine :
Mais où sont les neiges d'antan ?