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Lamartine - Les pavots


Ecouter la version chantée
Interprétation : Marie-Claude Roy
Composition : Guillaume Lekeu
- Diffusé par DEEZER -
Ecouter la version chantée
Interprétation : Bruno Laplante
Composition : Guillaume Lekeu
- Diffusé par DEEZER -




Alphonse de Lamartine - (1790-1869)

Méditations poétiques


Les pavots

Lorsque vient le soir de la vie,
Le printemps attriste le coeur :
De sa corbeille épanouie
Il s’exhale un parfum moqueur.
De toutes ces fleurs qu’il étale,
Dont l’amour ouvre le pétale,
Dont les prés éblouissent l’oeil,
Hélas ! il suffit que l’on cueille
De quoi parfumer d’une feuille
L’oreiller du lit d’un cercueil.

Cueillez-moi ce pavot sauvage
Qui croît à l’ombre de ces blés :
On dit qu’il en coule un breuvage
Qui ferme les yeux accablés.
J’ai trop veillé ; mon âme est lasse
De ces rêves qu’un rêve chasse.
Que me veux-tu, printemps vermeil ?
Loin de moi ces lis et ces roses !
Que faut-il aux paupières closes ?
La fleur qui garde le sommeil !


François Maynard - Dans la forêt



Ecouter la version chantée
Compositeur : Jacques Leguerney
Interprète : Bruno Laplante
- Diffusé par YOUTUBE -



François Maynard - (1582-1646)


Dans la forêt

Charmant Rossignol, dont la voix
Entretient le profond silence
De ces Rochers et de ces Bois,
Ou l'Été perd sa violence,

Si la Bergère que je sers
Revient jamais dans ces Déserts,
Apprends à cette Âme cruelle

Que l'eau qui coule entre ces Fleurs
Est un petit reste des pleurs
Que j'ai versés pour l'amour d'elle.


Léon-Paul Fargue - La grenouille américaine


        Samantha Weppelmann, United Methodist Church - Orlando 6 juin 2011

La version francophone
Interprétation : Bruno Laplante
Composition : Erik Satie
- Diffusé par DEEZER -




Léon-Paul Fargue - (1876-1947)


La grenouille américaine

La gouénouille améouicaine
Me regarde par-dessus
Ses bésicles du futaine.
Ses yeux sont des grogs massus
Dépourvus de jolitaine.
Je pense à Casadesus
Qui n'a pas fait de musique
Sur cette scène d'amour
Dont le parfum nostalgique
Sort d'une boîte d'Armour.

Argus de table tu gardes
L'âme du crapaud Vanglor
Ô bouillon qui me regardes
Avec tes lunettes d'or.



Du même auteur :
Air du poète
Air du rat
La grenouille américaine
Rêves

La Fontaine - Le Savetier et le Financier


                                Illustration de Gustave Doré

Ecouter la version chantée
Interprétation : Bruno Laplante
Composition : Jacques Offenbach
- Diffusé par DEEZER -




Jean de la Fontaine - (1621-1695)


Le Savetier et le Financier

Un Savetier chantait du matin jusqu'au soir :
C'était merveilles de le voir,
Merveilles de l'ouïr ; il faisait des passages,
Plus content qu'aucun des sept sages.
Son voisin au contraire, étant tout cousu d'or,
Chantait peu, dormait moins encor.
C'était un homme de finance.
Si sur le point du jour parfois il sommeillait,
Le Savetier alors en chantant l'éveillait,
Et le Financier se plaignait,
Que les soins de la Providence
N'eussent pas au marché fait vendre le dormir,
Comme le manger et le boire.
En son hôtel il fait venir
Le chanteur, et lui dit : Or çà, sire Grégoire,
Que gagnez-vous par an ? - Par an ? Ma foi, Monsieur,
Dit avec un ton de rieur,
Le gaillard Savetier, ce n'est point ma manière
De compter de la sorte ; et je n'entasse guère
Un jour sur l'autre : il suffit qu'à la fin
J'attrape le bout de l'année :
Chaque jour amène son pain.
- Eh bien que gagnez-vous, dites-moi, par journée ?
- Tantôt plus, tantôt moins : le mal est que toujours ;
(Et sans cela nos gains seraient assez honnêtes,)
Le mal est que dans l'an s'entremêlent des jours
Qu'il faut chômer ; on nous ruine en Fêtes.
L'une fait tort à l'autre ; et Monsieur le Curé
De quelque nouveau Saint charge toujours son prône.
Le Financier riant de sa naïveté
Lui dit : Je vous veux mettre aujourd'hui sur le trône.
Prenez ces cent écus : gardez-les avec soin,
Pour vous en servir au besoin.
Le Savetier crut voir tout l'argent que la terre
Avait depuis plus de cent ans
Produit pour l'usage des gens.
Il retourne chez lui : dans sa cave il enserre
L'argent et sa joie à la fois.
Plus de chant ; il perdit la voix
Du moment qu'il gagna ce qui cause nos peines.
Le sommeil quitta son logis,
Il eut pour hôtes les soucis,
Les soupçons, les alarmes vaines.
Tout le jour il avait l'oeil au guet ; Et la nuit,
Si quelque chat faisait du bruit,
Le chat prenait l'argent : A la fin le pauvre homme
S'en courut chez celui qu'il ne réveillait plus !
Rendez-moi, lui dit-il, mes chansons et mon somme,
Et reprenez vos cent écus.


Félix Arvers - Sonnet


                                Marie Menessier Nodier probable inspiratrice de ce poème

Ecouter la version chantée
Compositeur : Georges Bizet
Interprète : Bruno Laplante
- Diffusé par YOUTUBE -
Ecouter la version chantée
Interprétation : Serge Gainsbourg
Composition : Serge Gainsbourg
- Diffusé par DEEZER -



Félix Arvers - (1806-1850)


Sonnet

Version originale quasi respectée par Gainsbourg,
malmenée par Georges Bizet


Mon âme a son secret, ma vie a son mystère,
Un amour éternel en un moment conçu :
Le mal est sans espoir, aussi j'ai dû le taire,
Et celle qui l'a fait n'en a jamais rien su.

Hélas! j'aurai passé près d'elle inaperçu,
Toujours à ses côtés, et pourtant solitaire,
Et j'aurai jusqu'au bout fait mon temps sur la terre,
N'osant rien demander et n'ayant rien reçu.

Pour elle, quoique Dieu l'ait faite douce et tendre,
Elle suit son chemin, distraite, et sans entendre
Ce murmure d'amour élevé sur ses pas;

A l'austère devoir pieusement fidèle,
Elle dira, lisant ces vers tout remplis d'elle :
"Quelle est donc cette femme?" et ne comprendra pas.


Léon-Paul Fargue - Air du rat


        Composition : Erik Satie - Interprétation : Bruno Laplante

Ecouter sur DEEZER
Interprétation : Bruno Laplante
Composition : Erik Satie



Léon-Paul Fargue - (1876-1947)


Air du rat

Abi Abirounère
Qui que tu n'étais don?
Une blanche monère
Un jo
Un joli goulifon
Un oeil
Un oeil à son pépère
Un jo
Un joli goulifon.



Du même auteur :
Air du poète
Air du rat
La grenouille américaine
Rêves

Armand Silvestre - Noël d'amour


Ecouter la version chantée
Interprétation : Damien Top
Composition : Jules Massenet
- Diffusé par DEEZER -



Armand Silvestre - (1837-1901)


Noël d'amour

Noël !
En voyant dans ses langes
L'enfant radieux que tu fus,
On m'a raconté que les anges
Ont cru voir renaître Jésus.

De l'azur déchirant les toiles,
Ils volèrent du fond des cieux !.
A leur front portant des étoiles,
Des fleurs dans leurs bras gracieux !

Devant ton seuil fermant leur aile,
Ils chantèrent si doucement,
Qu'on eût dit une tourterelle
Qui soupire après son amant.

Et le long de ta porte close,
Ils couchèrent, en s'en allant,
Le coeur entr'ouvert d'une rose,
L'urne penchante d'un lys blanc.

On les porta près, de ta couche,
Sans savoir qui te les offrit !
La rose resta sur ta bouche
Et sur ton sein le lys fleurit !...

Moi, je ne suis que l'humble pâtre
Après les anges et les rois,
Qui vient s'agenouiller à l'âtre,
Une fleurette entre les doigts ;

Prend-la ce pendant, car peut-être
Tout souvenir nous vient du ciel.
Et, dans ce jour qui te vit naître,
C'est mon coeur qui chante Noël !

Noël !



Ecouter la version chantée
Compositeur : Jules Massenet
Interprète : Bruno Laplante
- Diffusé par YOUTUBE -

Du même auteur :
Aurore
Automne
Le plus doux chemin
Le ramier
Le secret
Le voyageur
Madrigal
Noël d'amour
Noël païen
Pensée de printemps
Tristesse
Voici que les grands lys

Balzac - Le réveil


        Bruno Laplante et France Duval enregistrés en 1998 à Québec

Une version enregistrée en studio
Interprétation : Felicity Lott et Ann Murray
Composition : Ernest Chausson
- Diffusé par DEEZER -



Honoré de Balzac - (1799-1850)


Le reveil

(Chant d'une jeune fille)

Mon cœur, lève-toi! Déjà l'alouette
Secoue en chantant son aile au soleil.
Ne dors plus, mon cœur, car la violette
Élève à Dieu l'encens de son réveil.

Chaque fleur vivante et bien reposée
Ouvrant tour à tour les yeux pour se voir
A dans son calice un peu de rosée,
Perle d'un jour, qui lui sert de miroir.

On sent dans l'air pur que l'ange des roses
A passé la nuit à bénir les fleurs.
On voit que pour lui toutes sont écloses
Il vient d'en haut raviver leurs couleurs.

Ainsi, lève-toi. Puisque l'alouette
Secoue en chantant son aile au soleil
Rien ne dort plus, mon cœur, car la violette
Élève à Dieu l'encens de son réveil.


Musset - Adieux à Suzon


        L'interprétation de Bruno Laplante

Ecouter sur DEEZER
Interprété par Camille Maurane
Compositeur : Georges Bizet




Alfred de Musset - (1810-1857)


Adieux à Suzon

Adieu, Suzon, ma rose blonde,
Qui m'as aimé pendant huit jours ;
Les plus courts plaisirs de ce monde
Souvent font les meilleurs amours.
Sais-je, au moment où je te quitte,
Où m'entraîne mon astre errant ?
Je m'en vais pourtant, ma petite,
Bien loin, bien vite,
Toujours courant.

Je pars, et sur ma lèvre ardente
Brûle encor ton dernier baiser.
Entre mes bras, chère imprudente,
Ton beau front vient de reposer.
Sens-tu mon coeur, comme il palpite ?
Le tien, comme il battait gaiement !
Je m'en vais pourtant, ma petite,
Bien loin, bien vite,
Toujours t'aimant.

Paf ! c'est mon cheval qu'on apprête.
Enfant, que ne puis-je en chemin
Emporter ta mauvaise tête,
Qui m'a tout embaumé la main !
Tu souris, petite hypocrite,
Comme la nymphe, en t'enfuyant.
Je m'en vais pourtant, ma petite,
Bien loin, bien vite,
Tout en riant.

Que de tristesse, et que de charmes,
Tendre enfant, dans tes doux adieux !
Tout m'enivre, jusqu'à tes larmes,
Lorsque ton coeur est dans tes yeux.
A vivre ton regard m'invite ;
Il me consolerait mourant.
Je m'en vais pourtant, ma petite,
Bien loin, bien vite,
Tout en pleurant.

Que notre amour, si tu m'oublies,
Suzon, dure encore un moment ;
Comme un bouquet de fleurs pâlies,
Cache-le dans ton sein charmant !
Adieu ; le bonheur reste au gîte,
Le souvenir part avec moi :
Je l'emporterai, ma petite,
Bien loin, bien vite,
Toujours à toi.


Apollinaire - Dans le jardin d'Anna


        L'interprétation de Bruno Laplante

Ecouter sur DEEZER
Compositeur : Francis Poulenc
Interprète : Gilles Cachemaille




Guillaume Apollinaire - (1880-1918)


Dans le jardin d'Anna

Certes si nous avions vécu en l'an dix-sept cent soixante
Est-ce bien la date que vous déchiffrez, Anna, sur ce banc de pierre

Et que par malheur j'eusse été allemand
Mais que par bonheur j'eusse été près de vous
Nous aurions parlé d'amour de façon imprécise
Presque toujours en français
Et pendue éperdûment à mon bras
Vous m'auriez écouté vous parler de Pythagoras
En pensant aussi au café qu'on prendrait
dans une demi-heure

Et l'automne eût été pareil à cet automne
Que l'épine-vinette et les pampres couronnent

Et brusquement parfois j'eusse salué très bas
De nobles dames grasses et langoureuses

J'aurais dégusté lentement et tout seul
Pendant de longues soirées
Le tokay épais ou la malvoisie

J'aurais mis mon habit espagnol
Pour aller sur la route par laquelle
Arrive dans son vieux carrosse
Ma grand-mère qui se refuse à comprendre l'allemand

J'aurais écrit des vers pleins de mythologie
Sur vos seins, la vie champêtre et sur les dames
Des alentours

J'aurais souvent cassé ma canne
Sur le dos d'un paysan

J'aurais aimé entendre de la musique en mangeant
Du jambon

J'aurais juré en allemand je vous le jure
Lorsque vous m'auriez surpris embrassant à pleine bouche
Cette servante rousse

Vous m'auriez pardonné dans le bois aux myrtilles

J'aurais fredonné un moment
Puis nous aurions écouté longtemps les bruits du crépuscule


Lamartine - Hymne de l'enfant à son réveil


    Interprètes : France Duval et Bruno Laplante - Compositeur : Hector Berlioz

Version pour Piano
Sonate en Si Mineur - Hymne de l'enfant à son réveil
Compositeur : Franz Liszt
Interprète Yury Favorin
- Diffusé par DEEZER -




Alphonse de Lamartine - (1790-1869)

Harmonies poétiques et religieuses


Hymne de l'enfant à son réveil

Ô père qu'adore mon père!
Toi qu'on ne nomme qu'à genoux!
Toi, dont le nom terrible et doux
Fait courber le front de ma mère!

On dit que ce brillant soleil
N'est qu'un jouet de ta puissance;
Que sous tes pieds il se balance
Comme une lampe de vermeil.

On dit que c'est toi qui fais naître
Les petits oiseaux dans les champs,
Et qui donne aux petits enfants
Une âme aussi pour te connaître!

On dit que c'est toi qui produis
Les fleurs dont le jardin se pare,
El que, sans toi, toujours avare,
Le verger n'aurait point de fruits.


Aux dons que ta bonté mesure
Tout l'univers est convié;
Nul insecte n'est oublié
À ce festin de la nature.

L'agneau broute le serpolet,
La chèvre s'attache au cytise,
La mouche au bord du vase puise
Les blanches gouttes de mon lait!

L'alouette a la graine amère
Que laisse envoler le glaneur,
Le passereau suit le vanneur,
Et l'enfant s'attache à sa mère.

Et, pour obtenir chaque don,
Que chaque jour tu fais éclore,
À midi, le soir, à l'aurore,
Que faut-il? prononcer ton nom!

Ô Dieu! ma bouche balbutie
Ce nom des anges redouté.
Un enfant même est écouté
Dans le choeur qui te glorifié !

On dit qu'il aime à recevoir
Les voeux présentés par l'enfance,
À cause de cette innocence
Que nous avons sans le savoir.

On dit que leurs humbles louanges
A son oreille montent mieux,
Que les anges peuplent les cieux,
Et que nous ressemblons aux anges!

Ah! puisqu'il entend de si loin
Les voeux que notre bouche adresse,
Je veux lui demander sans cesse
Ce dont les autres ont besoin.

Mon Dieu, donne l'onde aux fontaines,
Donne la plume aux passereaux,
Et la laine aux petits agneaux,
Et l'ombre et la rosée aux plaines.

Donne au malade la santé,
Au mendiant le pain qu'il pleure,
À l'orphelin une demeure,
Au prisonnier la liberté.

Donne une famille nombreuse
Au père qui craint le Seigneur,
Donne à moi sagesse et bonheur,
Pour que ma mère soit heureuse!

Que je sois bon, quoique petit.,
Comme cet enfant dans le temple,
Que chaque matin je contemple,
Souriant au pied de mon lit.

Mets dans mon âme la justice,
Sur mes lèvres la vérité,
Qu'avec crainte et docilité
Ta parole en mon coeur mûrisse!

Et que ma voix s'élève à toi
Comme cette douce fumée
Que balance l'urne embaumée
Dans la main d'enfants comme moi !



La Fontaine - Le Berger et la Mer


              Interprète : Bruno Laplante - Compositeur : Jacques Offenbach





Jean de la Fontaine - (1621-1695)


Le Berger et la Mer

Du rapport d'un troupeau, dont il vivait sans soins,
Se contenta longtemps un voisin d'Amphitrite.
Si sa fortune était petite,
Elle était sûre tout au moins.
À la fin les trésors déchargés sur la plage,
Le tentèrent si bien qu'il vendit son troupeau,
Trafiqua de l'argent, le mit entier sur l'eau;
Cet argent périt par naufrage.
Son maître fut réduit à garder les Brebis,
Non plus Berger en chef comme il était jadis,
Quand ses propres Moutons paissaient sur le rivage;
Celui qui s'était vu Coridon ou Tircis,
Fut Pierrot, et rien davantage.
Au bout de quelque temps il fit quelques profits,
Racheta des bêtes à laine;
Et comme un jour les vents, retenant leur haleine,
Laissaient paisiblement aborder les vaisseaux;
Vous voulez de l'argent, ô Mesdames les Eaux,
Dit-il; adressez-vous, je vous prie, à quelque autre:
Ma foi vous n'aurez pas le nôtre.

Ceci n'est pas un conte à plaisir inventé.
Je me sers de la vérité
Pour montrer, par expérience,
Qu'un sou, quand il est assuré,
Vaut mieux que cinq en espérance;
Qu'il se faut contenter de sa condition;
Qu'aux conseils de la Mer et de l'Ambition
Nous devons fermer les oreilles.
Pour un qui s'en louera, dix mille s'en plaindront.
La Mer promet monts et merveilles;
Fiez-vous-y, les vents et les voleurs viendront.



                        Illustration de François Chauveau