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Aragon - Pablo mon ami



Ecouter la version chantée
Composée et interprétée
par Jean Ferrat
- Diffusé par DEEZER -

Ecouter sur DEEZER
Interprétation : Hélène Martin
Composition : Hélène Martin




Louis Aragon - (1897-1982)


Pablo mon ami

Pablo mon ami qu'avons-nous permis
L'ombre devant nous s'allonge s'allonge
Qu'avons-nous permis Pablo mon ami
Pablo mon ami nos songes nos songes

Nous sommes les gens de la nuit qui portons le soleil en nous
Il nous brûle au profond de l'être
Nous avons marché dans le noir à ne plus sentir nos genoux
Sans atteindre le monde à naître

Pablo mon ami qu'avons-nous permis
L'ombre devant nous s'allonge s'allonge
Qu'avons-nous permis Pablo mon ami
Pablo mon ami nos songes nos songes

Je connais ce souffrir de tout qui donne bouche de tourment
Amère comme l'aubépine
A tous les mots à tous les cris à tous les pas les errements
Où l'âme un moment se devine

Pablo mon ami qu'avons-nous permis
L'ombre devant nous s'allonge s'allonge
Qu'avons-nous permis Pablo mon ami
Pablo mon ami nos songes nos songes

Pablo mon ami tu disais avec ce langage angoissant
Où se font paroles étranges
N'est large espace que douleur et n'est univers que de sang
Si loin que j'aille rien n'y change

Pablo mon ami qu'avons-nous permis
L'ombre devant nous s'allonge s'allonge
Qu'avons-nous permis Pablo mon ami
Pablo mon ami nos songes nos songes

Pablo mon ami le temps passe et déjà s'effacent nos voix
On n'entend plus même un coeur battre
Tout n'était-il que ce qu'il fut tout n'était-il que ce qu'on voit
Tout n'était-il que ce théâtre

Pablo mon ami qu'avons-nous permis
L'ombre devant nous s'allonge s'allonge
Qu'avons-nous permis Pablo mon ami
Pablo mon ami nos songes nos songes



Ecouter la version chantée
Interprétation : Marie Maya
Composition : Hélène Martin
- Diffusé par DEEZER -

Aragon - Ainsi Prague


                Interprétation de Marc Ogeret sur une musique d'Hélène Martin

Ecouter sur DEEZER
Composé et interprété
par Hélène Martin
Ecouter sur DEEZER
Interprétation : Francesca Solleville
Composition : Hélène Martin




Louis Aragon - (1897-1982)


Ainsi Prague

Autre titre : Prose de Nezval

Ainsi Prague a perdu son âme et son poète
Lorsque j'irai tantôt je ne l'y verrai pas
Et son coeur s'est brisé comme un verre qu'on jette
À la fin du repas

Lorca Maïakovski Desnos Apollinaire
Leurs ombres longuement parfument nos matins
Le ciel roule toujours les feux imaginaires
De leurs astres éteints

Contre le chant majeur la balle que peut-elle
Sauf contre le chanteur que peuvent les fusils
La terre ne reprend que cette chair mortelle
Mais non la poésie

Ce siècle est au-delà du minuit de son âge
Ses poètes n'ont plus besoin d'être achevés
Ils ont usé leur vie au danger des images
Et croient avoir rêvé

Il se fit dans Paris un silence de neige
Un réveil de novembre à neuf heures battant
Quand Éluard partit rejoindre le cortège
Nezval meurt au printemps

C'est de sa belle mort comme disent les hommes
Qu'il meurt Nezval et tout par conséquent est bien
Il ne faut pas pleurer dans ce siècle où nous sommes
Cela ne sert à rien

Il meurt l'enfant terrible aux jours des primevères
Pâques éperdument auront sonné pour lui
Ses paupières fermées ses doigts se sont rouverts
Ses derniers vers ont lui

Dans le monde en gésine inhumain pathétique
Il tourne au firmament à jamais ses yeux bleus
Visage émerveillé des peintures gothiques
Soleil de quand il pleut

Il est entré vivant dans les cieux du folklore
Y chantant sa mère et la paix pareillement
Il nous montre demain comme une bague d'or
Dans la main d'un amant

Nezval de qui le nom notre lèvre façonne
Nezval attends un peu j'arrive à tes côtés
Du jour qui fut si beau déjà le soir frissonne
Et d'autres vont chanter



Ecouter sur DEEZER
Interprétation : Marie Maya
Composition : Hélène Martin

Max Jacob - L’amour du prochain


    Converti au Catholicisme en 1915, Max Jacob a vécu 8 années près de l'abbaye
    de Saint Benoît sur Loire où il a été arrêté en 1944.

Ecouter sur DEEZER
Interprétation : Maya
Composition : Serge Renard




Max Jacob - (1876-1944)


L’amour du prochain

Qui a vu le crapaud traverser une rue ?
C’est un tout petit homme : une poupée n’est pas plus minuscule.
Il se traîne sur les genoux : il a honte on dirait,

- Non. Il est rhumatisant, une jambe reste en arrière, il la ramène.
Où va-t-il ainsi ?
Il sort de l’égout pauvre clown.
Personne n’a remarqué ce crapaud dans la rue ;

Jadis, personne ne me remarquait dans la rue.
Maintenant, les enfants se moquent de mon étoile jaune.
Heureux crapaud !...
Tu n’as pas d’étoile jaune.



Du même auteur :
Cimetière
Exhortation
Il se peut qu'un rêve étrange
Invitation au voyage
Invitation au voyage
L'amour du prochain
La roue du moulin
Mille regrets
Que penser de mon salut
Le petit paysan
Villonelle

Aragon - À Auschwitz


                        Maï Politzer n'en est pas revenue

Ecouter la version chantée
Interprétation : Hélène Martin
Composition : Hélène Martin
- Diffusé par DEEZER -




Louis Aragon - (1897-1982)


À Auschwitz

Autre titre : Musée Grévin

Moi si je veux parler c'est afin que la haine
Ait le tambour des sons pour scander ses leçons
Aux confins de Pologne existe une géhenne
Dont le nom siffle et souffle une affreuse chanson

À Auschwitz À Auschwitz Ô syllabes sanglantes
Ici l'on vit ici ici l'on meurt à petit feu
On appelle cela l'exécution lente
Une part de nos coeurs y périt peu à peu

Limites de la fin limites de la force
Ni le Christ n'a tenu ce terrible chemin
Ni cet interminable et déchirant divorce
De l'âme humaine avec l'univers inhumain

Ce sont ici des Olympiques de souffrances
Où l'épouvante bat la mort à tous les coups
Et nous avons ici notre équipe de France
Et nous avons ici cent femmes de chez nous

Puisque je ne pourrais ici tous les redire
Ces cent noms doux aux fils aux frères aux maris
C'est vous que je salue en cette heure la pire
Marie-Claude en disant Je vous salue Marie

Et celle qui partit dans la nuit la première,
Comme à la Liberté monte le premier cri,
Marie-Louise Fleury rendue à la lumière,
Au-delà du tombeau Je vous salue Marie.

Hélas les terribles semailles
Ensanglantent ce long été
Cela dure trop Ecoutez
On dit que Danielle et que Maï...

Ah! Déferont-ils maille à maille
Notre douce France emportée ?
Ce qu'on dit rend l'ombre plus noire
Sur la misère de nos chants

Les mots sont nuls et peu touchants.
Maï et Danielle Y puis-je croire ?
Comment achever cette histoire
Qui coupe le coeur et le chant

Je vous salue Marie de France aux cents visages
Et celles parmi vous qui portent à jamais
La gloire inexpiable aux assassins d'otages
Seulement de survivre à ceux qu'elles aimaient

Lorsque vous reviendrez car il faut revenir
Il y aura des fleurs tant que vous en voudrez
Il y aura des fleurs couleur de l'avenir
Il y aura des fleurs lorsque vous reviendrez

Vous prendrez votre place où les clartés sont douces
Les enfants baiseront vos mains martyrisées
Et tout à vos pieds las redeviendra de mousse
Musique à votre coeur calme où vous reposer

Haleine des jardins lorsque la nuit va naître
Feuillages de l'été profondeur des prairies
L'hirondelle tantôt qui vint sur la fenêtre
Disait me semble-t-il Je vous salue Marie


Octobre 1943



Ecouter la version chantée
Interprétation : Marie Maya
Composition : Hélène Martin
- Diffusé par DEEZER -

Ronsard - Le Soleil l’autre jour


Ecouter sur DEEZER
Compositeur : Serge Renard
Interprète : Marie Maya




Pierre de Ronsard - (1524-1585)

Sonnets pour Hélène


Le Soleil l’autre jour

Le Soleil l’autre jour se mit entre nous deux,
Ardent de regarder tes yeux par la verrière :
Mais lui, comme ébloui de ta vive lumière,
Ne pouvant la souffrir, s’en alla tout honteux.

Je te regardai ferme, et devins glorieux
D’avoir vaincu ce Dieu qui se tournait arrière,
Quand regardant vers moi tu me dis, ma guerrière,
Ce Soleil est fâcheux, je t’aime beaucoup mieux.

Une joie en mon coeur incroyable s’envole
Pour ma victoire acquise, et pour telle parole :
Mais longuement cet aise en moi ne trouva lieu.

Arrivant un mortel de plus fraîche jeunesse
(Sans égard que j’avais triomphé d’un grand Dieu)
Tu me laissas tout seul pour lui faire caresse


Musset - Conseils à une parisienne


        Francine Lorée - 1908 - Disques APGA

Ecouter sur DEEZER
Interprétation : Marie Maya
Composition : Serge Kerval




Alfred de Musset - (1810-1857)


Conseils à une parisienne

La partie chantée est en bleu

Oui, si j'étais femme, aimable et jolie,
Je voudrais, Julie,
Faire comme vous ;
Sans peur ni pitié, sans choix ni mystère,
A toute la terre
Faire les yeux doux.

Je voudrais n'avoir de soucis au monde
Que ma taille ronde,
Mes chiffons chéris,
Et de pied en cap être la poupée
La mieux équipée
De Rome à Paris.

Je voudrais garder pour toute science
Cette insouciance
Qui vous va si bien ;
Joindre, comme vous, à l'étourderie
Cette rêverie
Qui ne pense à rien.

Je voudrais pour moi qu'il fût toujours fête,
Et tourner la tête,
Aux plus orgueilleux ;
Être en même temps de glace et de flamme,
La haine dans l'âme,
L'amour dans les yeux.

Je détesterais, avant toute chose,
Ces vieux teints de rose
Qui font peur à voir.
Je rayonnerais, sous ma tresse brune,
Comme un clair de lune
En capuchon noir.

Car c'est si charmant et c'est si commode,
Ce masque à la mode,
Cet air de langueur !
Ah ! que la pâleur est d'un bel usage !
Jamais le visage
N'est trop loin du coeur.

Je voudrais encore avoir vos caprices,
Vos soupirs novices,
Vos regards savants.
Je voudrais enfin, tant mon coeur vous aime,
Être en tout vous-même...
Pour deux ou trois ans.

Il est un seul point, je vous le confesse,
Où votre sagesse
Me semble en défaut.
Vous n'osez pas être assez inhumaine.
Votre orgueil vous gêne ;
Pourtant il en faut.


Je ne voudrais pas, à la contredanse,
Sans quelque prudence
Livrer mon bras nu ;
Puis, au cotillon, laisser ma main blanche
Traîner sur la manche
Du premier venu.

Si mon fin corset, si souple et si juste,
D'un bras trop robuste
Se sentait serré,
J'aurais, je l'avoue, une peur mortelle
Qu'un bout de dentelle
N'en fût déchiré.

Chacun, en valsant, vient sur votre épaule
Réciter son rôle
D'amoureux transi ;
Ma beauté, du moins, sinon ma pensée,
Serait offensée
D'être aimée ainsi.

Je ne voudrais pas, si j'étais Julie,
N'être que jolie
Avec ma beauté.
Jusqu'au bout des doigts je serais duchesse.
Comme ma richesse,
J'aurais ma fierté.

Voyez-vous, ma chère, au siècle où nous sommes,
La plupart des hommes
Sont très inconstants.
Sur deux amoureux pleins d'un zèle extrême,
La moitié vous aime
Pour passer le temps.

Quand on est coquette, il faut être sage.
L'oiseau de passage
Qui vole à plein coeur
Ne dort pas en l'air comme une hirondelle,
Et peut, d'un coup d'aile,
Briser une fleur.



Ronsard - J'ai l'esprit tout ennuyé


Ecouter sur DEEZER
Compositeur : Serge Renard
Interprète : Marie Maya
Une version classique
Compositeur : Curtis Lindsay
Interprètes : UAH Chamber Choir
- Diffusé par YOUTUBE -



Pierre de Ronsard - (1524-1585)


J'ai l'esprit tout ennuyé

J'ai l'esprit tout ennuyé
D'avoir trop étudié
Les Phénomènes d'Arate ;
Il est temps que je m'ébatte
Et que j'aille aux champs jouer.
Bons Dieux ! qui voudrait louer
Ceux qui, collés sus un livre,
N'ont jamais souci de vivre ?

Que nous sert l'étudier,
Sinon de nous ennuyer ?
Et soin dessus soin accroître
A nous, qui serons peut-être
Ou ce matin, ou ce soir
Victime de l'Orque noir ?
De l'Orque qui ne pardonne,
Tant il est fier, à personne.

Corydon, marche devant ;
Sache où le bon vin se vend ;
Fais rafraîchir la bouteille,
Cherche une feuilleuse treille
Et des fleurs pour me coucher.
Ne m'achète point de chair,
Car, tant soit-elle friande,
L'été je hais la viande ;

Achète des abricots,
Des pompons, des artichauts,
Des fraises et de la crème
C'est en été ce que j'aime,
Quand, sur le bord d'un ruisseau,
Je les mange au bruit de l'eau,
Etendu sur le rivage
Ou dans un antre sauvage.

Ores que je suis dispos,
Je veux rire sans repos,
De peur que la maladie
Un de ces jours ne me die,
Me happant à l'impourvu :
"Meurs, galant, c'est trop vécu !"


Ronsard - Sur la mort de Marie



Ecouter la version chantée
Interprétation : Jacques Douai
Composition : Jacques Douai
- Diffusé par DEEZER -




Pierre de Ronsard - (1524-1585)


Comme on voit sur la branche

Comme on voit sur la branche au mois de mai la rose,
En sa belle jeunesse, en sa première fleur,
Rendre le ciel jaloux de sa vive couleur,
Quand l'Aube de ses pleurs au point du jour l'arrose ;

La grâce dans sa feuille, et l'amour se repose,
Embaumant les jardins et les arbres d'odeur ;
Mais battue ou de pluie, ou d'excessive ardeur,
Languissante elle meurt, feuille à feuille déclose.

Ainsi en ta première et jeune nouveauté,
Quand la Terre et le Ciel honoraient ta beauté,
La Parque t'a tuée, et cendre tu reposes.

Pour obsèques reçois mes larmes et mes pleurs,
Ce vase plein de lait, ce panier plein de fleurs,
Afin que vif et mort ton corps ne soit que roses.



Ecouter sur DEEZER
Compositeur : Serge Renard
Interprète : Marie Maya


        Manoir de Port-Guyet à St-Nicolas-de-Bourgueil où résidait Marie

Ronsard - Contre les bucherons...

        Comme le craignait Ronsard
        il ne reste pas grand'chose de la forêt de Gastine


Ecouter sur DEEZER
interprété par Marie Maya
Sur une musique de Serge Renard




Pierre de Ronsard - (1524-1585)


Contre les bûcherons de la forêt de Gastine

Escoute, Bucheron (arreste un peu le bras)
Ce ne sont pas des bois que tu jettes à bas,
Ne vois-tu pas le sang lequel degoute à force
Des Nymphes qui vivoyent dessous la dure escorce ?
Sacrilege meurdrier, si on pend un voleur
Pour piller un butin de bien peu de valeur,
Combien de feux, de fers, de morts, et de destresses
Merites-tu, meschant, pour tuer des Déesses ?

Forest, haute maison des oiseaux bocagers,
Plus le Cerf solitaire et les Chevreuls legers
Ne paistront sous ton ombre, et ta verte criniere
Plus du Soleil d’Esté ne rompra la lumiere.

Plus l’amoureux Pasteur sur un tronq adossé,
Enflant son flageolet à quatre trous persé,
Son mastin à ses pieds, à son flanc la houlette,
Ne dira plus l’ardeur de sa belle Janette :
Tout deviendra muet : Echo sera sans voix :
Tu deviendras campagne, et en lieu de tes bois,
Dont l’ombrage incertain lentement se remue,
Tu sentiras le soc, le coutre et la charrue :
Tu perdras ton silence, et haletans d’effroy
Ny Satyres ny Pans ne viendront plus chez toy.

...

Adieu Chesnes, couronne aux vaillans citoyens,
Arbres de Jupiter, germes Dodonéens,
Qui premiers aux humains donnastes à repaistre,
Peuples vrayment ingrats, qui n’ont sceu recognoistre
Les biens receus de vous, peuples vraiment grossiers,
De massacrer ainsi nos peres nourriciers.

Que l’homme est malheureux qui au monde se fie !
Ô Dieux, que véritable est la Philosophie,
Qui dit que toute chose à la fin perira,
Et qu’en changeant de forme une autre vestira :
De Tempé la vallée un jour sera montagne,
Et la cyme d’Athos une large campagne,
Neptune quelquefois de blé sera couvert.
La matiere demeure, et la forme se perd.


Ronsard - Amour, je prends congé

Hélène de Surgères

Ecouter sur DEEZER
Composé et interprété
par Marie Maya



Pierre de Ronsard - (1524-1585)


Amour, je prends congé

Amour, je prends congé de ta menteuse école,
Où j’ai perdu l’esprit, la raison et le sens,
Où je me suis trompé, où j’ai gâté mes ans,
Où j’ai mal employé ma jeunesse trop folle.

Malheureux qui se fie en un enfant qui vole,
Qui a l’esprit soudain, les effets inconstants,
Qui moissonne nos fleurs avant notre printemps,
Qui nous paît de créance et d’un songe frivole.

Jeunesse l’allaita, le sang chaud le nourrit,
Cuider l’ensorcela, paresse le pourrit,
Entre les voluptés vaines comme fumées.

Cassandre me ravit, Marie me tint pris :
Jà grison à la Cour, d’une autre je m’épris,
L’ardeur d’amour ressemble aux pailles allumées.