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Corbière - A la mémoire de Zulma


  Une novelle versionn des "Amours jaunes" par la maison d'édition anglaise ANVIL

Ecouter sur DEEZER
Compositeur : Lino Leonardi
Interprète : Monique Morelli



Tristan Corbière - Les amours jaunes


À la mémoire de Zulma

Vierge-folle hors barrière
et d'un Louis


Elle était riche de vingt ans,
Moi j'étais jeune de vingt francs,
Et nous fîmes bourse commune,
Placée, à fond-perdu, dans une
Infidèle nuit de printemps...

La lune a fait un trou dedans,
Rond comme un écu de cinq francs,
Par où passa notre fortune :
Vingt ans ! vingt francs !... et puis la lune
En monnaie - hélas - les vingt francs
En monnaie aussi les vingt ans !
Toujours de trous en trous de lune,
Et de bourse en bourse commune...
- C'est à peu près même fortune !

- Je la trouvai - bien des printemps,
Bien des vingt ans, bien des vingt francs,
Bien des trous et bien de la lune
Après - Toujours vierge et vingt ans,
Et... colonelle à la Commune !

- Puis après : la chasse aux passants,
Aux vingt sols, et plus aux vingt francs...
Puis après : la fosse commune,
Nuit gratuite sans trou de lune.



Du même auteur :
A la mémoire de Zulma
La fin
Laisser-courre
Paria
Point n’ai fait un tas d’océans
Rondel
Sonnet à Sir Bob
Sonnet posthume

Corbière - Sonnet posthume


        Poètes et chansons - Tristan Corbière - EPM 2006

Ecouter sur DEEZER
Compositeur : Stéphane Leach
Interprète : Pascal Héni



Tristan Corbière (1845-1875)


Sonnet posthume

Dors : ce lit est le tien… Tu n’iras plus au nôtre.
– Qui dort dîne. – À tes dents viendra tout seul le foin.
Dors : on t’aimera bien – L’aimé c’est toujours l’Autre…
Rêve : La plus aimée est toujours la plus loin…

Dors : on t’appellera beau décrocheur d’étoiles !
Chevaucheur de rayons !… quand il fera bien noir ;
Et l’ange du plafond, maigre araignée, au soir,
– Espoir – sur ton front vide ira filer ses toiles.

Museleur de voilette ! un baiser sous le voile
T’attend… on ne sait où : ferme les yeux pour voir.
Ris : Les premiers honneurs t’attendent sous le poêle.

On cassera ton nez d’un bon coup d’encensoir,
Doux fumet !… pour la trogne en fleur, pleine de moelle
D’un sacristain très-bien, avec son éteignoir.



Du même auteur :
A la mémoire de Zulma
La fin
Laisser-courre
Paria
Point n’ai fait un tas d’océans
Rondel
Sonnet à Sir Bob
Sonnet posthume

Corbière- Rondel


        Tristan Corbière - Autoportrait

Ecouter sur DEEZER
Composition : Lino Leonardi
Interprétation : Monique Morelli



Tristan Corbière (1845-1875)


Rondel

Il fait noir, enfant, voleur d'étincelles !
Il n'est plus de nuits, il n'est plus de jours ;
Dors... en attendant venir toutes celles
Qui disaient : Jamais ! Qui disaient : Toujours !

Entends-tu leurs pas ?... Ils ne sont pas lourds :
Oh ! les pieds légers ! - l'Amour a des ailes...
Il fait noir, enfant, voleur d'étincelles !
Entends-tu leurs voix ?... Les caveaux sont sourds.

Dors : il pèse peu, ton faix d'immortelles ;
Ils ne viendront pas, tes amis les ours,
Jeter leur pavé sur tes demoiselles...
Il fait noir, enfant, voleur d'étincelles !



Du même auteur :
A la mémoire de Zulma
La fin
Laisser-courre
Paria
Point n’ai fait un tas d’océans
Rondel
Sonnet à Sir Bob
Sonnet posthume

Corbière - Laisser-courre


Interprétation, musique, synthétiseurs et arrangement : Laurence Meillarec
Ecouter sur DEEZER
Composé et interprété
par Véronique Pestel
Ecouter sur DEEZER
Composition : Stéphane Leach
Interprétation : Pascal Héni



Tristan Corbière (1845-1875)


Laisser-courre

J'ai laissé la potence
Après tous les pendus,
Andouilles de naissance,
Maigres fruits défendus ;
Les plumes aux canards
Et la queue aux renards...

Au Diable aussi sa queue
Et ses cornes aussi,
Au ciel sa chose bleue
Et la Planète - ici -
Et puis tout : n'importe où
Dans le désert au clou.

J'ai laissé dans l'Espagne
Le reste et mon château ;
Ailleurs, à la campagne,
Ma tête et son chapeau ;
J'ai laissé mes souliers,
Sirènes, à vos pieds !

J'ai laissé par les mondes,
Parmi tous les frisons
Des chauves, brunes, blondes
Et rousses... mes toisons.
Mon épée aux vaincus,
Ma maîtresse aux cocus...

Aux portes les portières,
La portière au portier,
Le bouton aux rosières,
Les roses au rosier,
A l'huys les huissiers,
Créance aux créanciers...

Dans mes veines ma veine,
Mon rayon au soleil,
Ma dégaine en sa gaine,
Mon lézard au sommeil ;
J'ai laissé mes amours
Dans les tours, dans les fours...

Et ma cotte de maille
Aux artichauts de fer
Qui sont à la muraille
Des jardins de l'Enfer ;
Après chaque oripeau
J'ai laissé de ma peau.

J'ai laissé toute chose
Me retirer du nez
Des vers, en vers, en prose...
Aux bornes, les bornés ;
A tous les jeux partout,
Des rois et de l'atout.

J'ai laissé la police
Captive en liberté,
J'ai laissé La Palisse
Dire la vérité ...
Laissé courre le sort
Et ce qui court encor.

J'ai laissé l'Espérance,
Vieillissant doucement,
Retomber en enfance,
Vierge folle sans dent.
J'ai laissé tous les Dieux,
J'ai laissé pire et mieux.

J'ai laissé bien tranquilles
Ceux qui ne l'étaient pas ;
Aux pattes imbéciles
J'ai laissé tous les plats ;
Aux poètes la foi...
Puis me suis laissé moi.

Sous le temps, sans égides
M'a mal mené fort bien
La vie à grandes guides...
Au bout des guides - rien -
... Laissé, blasé, passé,
Rien ne m'a rien laissé...



Du même auteur :
A la mémoire de Zulma
La fin
Laisser-courre
Paria
Point n’ai fait un tas d’océans
Rondel
Sonnet à Sir Bob
Sonnet posthume

Corbière - La fin

Ecouter sur DEEZER
Interprétation : Monique Morelli
Composition : Lino Leonardi



Tristan Corbière (1845-1875)


La fin

OCEANO NOX revu et corrigé

Eh bien, tous ces marins – matelots, capitaines,
Dans leur grand Océan à jamais engloutis…
Partis insoucieux pour leurs courses lointaines
Sont morts – absolument comme ils étaient partis.

Allons ! c’est leur métier ; ils sont morts dans leurs bottes !
Leur boujaron au cœur, tout vifs dans leurs capotes…
Morts… Merci : la Camarde a pas le pied marin ;
Qu’elle couche avec vous : c’est votre bonne femme…
Eux, allons donc : Entiers ! enlevés par la lame !
Ou perdus dans un grain…

Un grain… est-ce la mort ça ? la basse voilure
Battant à travers l’eau ! – Ça se dit encombrer…
Un coup de mer plombé, puis la haute mâture
Fouettant les flots ras – et ça se dit sombrer.

Sombrer – Sondez ce mot. Votre mort est bien pâle
Et pas grand’chose à bord, sous la lourde rafale…
Pas grand’chose devant le grand sourire amer
Du matelot qui lutte. – Allons donc, de la place !
Vieux fantôme éventé, la Mort change de face :
La Mer !…

Noyés ? – Eh allons donc ! Les noyés sont d’eau douce.
Coulés ! corps et biens ! Et, jusqu’au petit mousse,
Le défi dans les yeux, dans les dents le juron !
À l’écume crachant une chique râlée,
Buvant sans hauts-de-cœur la grand’ tasse salée…
Comme ils ont bu leur boujaron.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Pas de fond de six pieds, ni rats de cimetière :
Eux ils vont aux requins ! L’âme d’un matelot
Au lieu de suinter dans vos pommes de terre,
Respire à chaque flot.


Voyez à l’horizon se soulever la houle ;
On dirait le ventre amoureux
D’une fille de joie en rut, à moitié soûle…
Ils sont là ! – La houle a du creux. –

Écoutez, écoutez la tourmente qui beugle !…
C’est leur anniversaire – Il revient bien souvent –
Ô poète, gardez pour vous vos chants d’aveugle ;
Eux : le De profundis que leur corne le vent.

Qu’ils roulent infinis dans les espaces vierges !…
Qu’ils roulent verts et nus,
Sans clous et sans sapin, sans couvercle, sans cierges…
Laissez-les donc rouler, terriens parvenus !



Du même auteur :
A la mémoire de Zulma
La fin
Laisser-courre
Paria
Point n’ai fait un tas d’océans
Rondel
Sonnet à Sir Bob
Sonnet posthume

Corbière - Point n’ai fait un tas d’océans

Tristan Corbière par Artur Stephany
Ecouter sur DEEZER
Interprétation : Monique Morelli
Composition : Lino Leonardi



Tristan Corbière (1845-1875)


Point n’ai fait un tas d’océans

Point n’ai fait un tas d’océans
Comme les Messieurs d’Orléans,
Ulysse à vapeur en quête…
Ni l’Archipel en capitan ;
Ni le Transatlantique autant
Qu’une chanteuse d’opérette.

Mais il fut flottant, mon berceau,
Fait comme le nid de l’oiseau
Qui couve ses œufs sur la houle…
Mon lit d’amour fut un hamac :
Et, pour tantôt, j’espère un sac
Lesté d’un bon caillou qui coule.

Marin, je sens mon matelot
Comme le bonhomme Callot
Sentait son illustre bonhomme…
Va, bonhomme de mer mal fait !
Va, Muse à la voix de rogomme !
Va, Chef-d’œuvre de cabaret !



Du même auteur :
A la mémoire de Zulma
La fin
Laisser-courre
Paria
Point n’ai fait un tas d’océans
Rondel
Sonnet à Sir Bob
Sonnet posthume

Corbière - Paria


Ecouter sur DEEZER
Composition : Stéphane Leach
Interprétation : Pascal Héni



Tristan Corbière (1845-1875)


Paria

Qu’ils se payent des républiques,
Hommes libres ! – carcan au cou -
Qu’ils peuplent leurs nids domestiques !…
- Moi je suis le maigre coucou.

- Moi, – coeur eunuque, dératé
De ce qui mouille et ce qui vibre…
Que me chante leur Liberté,
À moi ? toujours seul. Toujours libre.

- Ma Patrie… elle est par le monde ;
Et, puisque la planète est ronde,
Je ne crains pas d’en voir le bout…
Ma patrie est où je la plante :
Terre ou mer, elle est sous la plante
De mes pieds – quand je suis debout.

- Quand je suis couché : ma patrie
C’est la couche seule et meurtrie

Où je vais forcer dans mes bras
Ma moitié, comme moi sans âme ;
Et ma moitié : c’est une femme…
Une femme que je n’ai pas.

- L’idéal à moi : c’est un songe
Creux ; mon horizon – l’imprévu -
Et le mal du pays me ronge…
Du pays que je n’ai pas vu.

Que les moutons suivent leur route,
De Carcassonne à Tombouctou…
- Moi, ma route me suit. Sans doute
Elle me suivra n’importe où.

Mon pavillon sur moi frissonne,
Il a le ciel pour couronne :
C’est la brise dans mes cheveux…
Et, dans n’importe quelle langue ;
Je puis subir une harangue ;
Je puis me taire si je veux.

Ma pensée est un souffle aride :
C’est l’air. L’air est à moi partout.

Et ma parole est l’écho vide
Qui ne dit rien – et c’est tout.

Mon passé : c’est ce que j’oublie.
La seule chose qui me lie
C’est ma main dans mon autre main.
Mon souvenir – Rien – C’est ma trace.
Mon présent, c’est tout ce qui passe
Mon avenir – Demain… demain

Je ne connais pas mon semblable ;
Moi, je suis ce que je me fais.
- Le Moi humain est haïssable…
- Je ne m’aime ni ne me hais.

- Allons ! la vie est une fille
Qui m’a pris à son bon plaisir…
Le mien, c’est : la mettre en guenille,
La prostituer sans désir.

- Des dieux ?… – Par hasard j’ai pu naître ;
Peut-être en est-il – par hasard…
Ceux-là, s’ils veulent me connaître,
Me trouveront bien quelque part.

- Où que je meure : ma patrie
S’ouvrira bien, sans qu’on l’en prie,
Assez grande pour mon linceul…
Un linceul encor : pour que faire ?…
Puisque ma patrie est en terre
Mon os ira bien là tout seul…



Du même auteur :
A la mémoire de Zulma
La fin
Laisser-courre
Paria
Point n’ai fait un tas d’océans
Rondel
Sonnet à Sir Bob
Sonnet posthume

Corbière - Sonnet à Sir Bob


Mariette Lydis - Jeune femme au caniche


Ecouter sur DEEZER
Interprétation : Monique Morelli
Composition : Lino Leonardi



Tristan Corbière (1845-1875)


Sonnet à Sir Bob

Beau chien, quand je te vois caresser ta maîtresse,
Je grogne malgré moi — pourquoi ? — Tu n’en sais rien.
— Ah ! c’est que moi — vois-tu — jamais je ne caresse,
Je n’ai pas de maîtresse, et… ne suis pas beau chien.

— Bob ! Bob ! — Oh ! le fier nom à hurler d’allégresse !…
Si je m’appelais Bob…. Elle dit Bob si bien !…
Mais moi je ne suis pas pur sang. — Par maladresse,
On m’a fait braque aussi… mâtiné de chrétien.

— Ô Bob ! nous changerons, à la métempsycose :
Prends mon sonnet, moi ta sonnette à faveur rose ;
Toi ma peau, moi ton poil — avec puces ou non….

Et je serai sir Bob — Son seul amour fidèle !
Je mordrai les roquets, elle me mordrait, Elle !…
Et j’aurai le collier portant Son petit nom.



Du même auteur :
A la mémoire de Zulma
La fin
Laisser-courre
Paria
Point n’ai fait un tas d’océans
Rondel
Sonnet à Sir Bob
Sonnet posthume