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Raymond Queneau - Perplexité


Ecouter sur DEEZER
Composé et interprété
par Bernard Ascal




Raymond Queneau - (1903-1976)


Perplexité

En sortant de sa cabane
le bûcheron se demande
s'il ne va pas neiger

Pas un nuage
le bûcheron regarde le thermomètre
il fait trente-trois degrés

Pas une brise
le bûcheron regarde le calendrier
on est le quatorze juillet

Pas un souffle
le bûcheron suce son index
et le tend vers le ciel

Le soleil fleurit
inondant la clairière
de ses étincelles

On ne saurait trop se méfier
le bûcheron se demande
s’il ne va pas neiger



Du même auteur :
Adieu
Ballade en proverbes du vieux temps
Bien placés, bien choisis
Complainte
Exercices de style - Alexandrins
Exercices de style - Botanique
Exercices de style - Ode
Exercices de style - Sonnet
Il pleut
L'écolier
Perplexité
Saint-Ouen's blues
Si tu t'imagines
Tant de sueur humaine

Philippe Soupault - La bouée


Ecouter la version chantée
Interprétation : Bernard Ascal
Composition : Bernard Ascal
- Diffusé par DEEZER -




Philippe Soupault - (1897-1990)


La bouée

Foutez-moi à la mer mes amis, mes amis quand je mourrai. Ce n'est pas qu'elle soit belle la mort et qu'elle me plaise tant, mais elle refuse les traces, les saletés, les croix, les bannières. Elle est le vrai silence et la vraie solitude.

Pour un peu de temps, celui qui me reste à vivre, nous savons, mes amis, que l'odeur qui règne autour des villes est celle des cimetières et que le bruit des cloches est plus fort que celui du sang.

Foutez-moi à la mer mes amis. Il y a de la lumière et du vent, et ce sel qui ronge tout, qui est comme le feu, et comme les années. La mer ne reflète rien, ni les visages, ni les grimaces.

Je ne veux pas de ces longs cortèges, de ces femmes en deuil, des gants noirs et de tous ces bavards; rien qui rappelle ces ombres, ces larmes et ces oublis. La mort est mon sommeil, mon cher sommeil.

Foutez-moi à la mer mes amis, mes amis inconnus, mes frères, tous ceux qui ne m'ont pas connu et qui n'auront ni regrets, ni souvenirs. Pas de souvenirs surtout...
Seulement un coup d'épaule.



Du même auteur :
365 heures
Estuaire
La bouée
La fileuse
Mais vrai
Rêves

Philippe Soupault - Estuaire


Ecouter la version chantée
Interprétation : Bernard Ascal
Composition : Bernard Ascal
- Diffusé par DEEZER -




Philippe Soupault - (1897-1990)


Estuaire

Vous les navigateurs
qui d'une seule main écartez le vent
vous qui préférez les étoiles
je vous attends près de l'horizon

Je regarde votre regard et votre impatience
vous soleil doigt de Dieu
je vous brave
De loin en loin

Oiseau sur la mer
un rayon comme un épi mûr
puis rien
je souris de votre moisson navigateurs

Je guette votre rage et votre désespoir
vous qui criez terre à chaque aurore
et qui repartez pour longtemps
pour toujours

Ainsi que vous dites aux femmes
Est-ce le sol qui vous engloutira
Est-ce votre soif qui s'apaisera
voisins du vent

J'écoute vos plaintes
Allez vous qui n'arriverez jamais
je ne vous oublie pas



Du même auteur :
365 heures
Estuaire
La bouée
La fileuse
Mais vrai
Rêves

Senghor - Prière aux masques


Ecouter la version chantée
Interprétation : Bernard Ascal
Composition : Bernard Ascal
- Diffusé par DEEZER -



Léopold Sédar Senghor - (1906-2001)


Prière aux masques

Masques! Ô Masques!
Masques noirs masques rouges, vous masques blanc-et-noir
Masques aux quatre points d’où souffle l’Esprit
Je vous salue dans le silence!
Et pas toi le dernier, Ancêtre à tête de lion.
Vous gardez ce lieu forclos à tout rire de femme, à tout sourire qui se fane
Vous distillez cet air d’éternité où je respire l’air de mes Pères.
Masques aux visages sans masque, dépouillés de toute fossette comme de toute ride
Qui avez composé ce portrait, ce visage mien penché sur l’autel de papier blanc
A votre image, écoutez-moi!
Voici que meurt l’Afrique des empires – c’est l’agonie d’une princesse pitoyable
Et aussi l’Europe à qui nous sommes liés par le nombril.
Fixez vos yeux immuables sur vos enfants que l’on commande
Qui donnent leur vie comme le pauvre son dernier vêtement.
Que nous répondions présents à la renaissance du Monde
Ainsi le levain qui est nécessaire à la farine blanche.
Car qui apprendrait le rythme au monde défunt des machines et des canons?
Qui pousserait le cri de joie pour réveiller morts et orphelins à l’aurore?
Dites, qui rendrait la mémoire de vie à l’homme aux espoirs éventrés?
Ils nous disent les hommes du coton du café de l’huile
Ils nous disent les hommes de la mort.
Nous sommes les hommes de la danse, dont les pieds
reprennent vigueur en frappant le sol dur.


Senghor - Assassinats


  Vue intérieure du Tata sénégalais de Chasselay sur Rhône - Photo (c) I. Taguelmoust

Ecouter la version chantée
Interprétation : Bernard Ascal
Composition : Bernard Ascal
- Diffusé par DEEZER -



Léopold Sédar Senghor - (1906-2001)


Assassinats

Ils sont la étendus par les routes captives le long des routes du désastre
Les sveltes peupliers, les statues des dieux sombres drapés dans leurs longs manteaux d’or
Les prisonniers sénégalais ténébreusement allongés sur la terre de France.
En vain ont-ils coupé ton rire, en vain la fleur plus noire de ta chair.
Tu es la fleur de la beauté première parmi l’absence nue des fleurs
Fleur noire et son sourire grave, diamant d’un temps immémorial.
Vous êtes le limon et le plasma du printemps viride du monde
Du couple primitif vous êtes la charnure, le ventre fécond la laitance
Vous êtes la pullulance sacrée des clairs jardins paradisiaques
Et la forêt incoercible, victorieuse du feu et de la foudre.
Le chant vaste de votre sang vaincra machines et canons
Votre parole palpitante les sophismes et mensonges
Aucune haine votre âme sans haine, aucune ruse votre âme sans ruse.
O Martyrs noirs race immortelle, laissez-moi dire les paroles qui pardonnent.


Villon - Ballade de bonne doctrine


Ecouter sur DEEZER
Composé et interprété
per Bernard Ascal




François Villon - (1431-1463?)


Ballade de bonne doctrine
à ceux de mauvaise vie

" Car ou soies porteur de bulles,
Pipeur ou hasardeur de dés,
Tailleur de faux coins et te brûles
Comme ceux qui sont échaudés,
Traîtres parjurs, de foi vidés ;
Soies larron, ravis ou pilles :
Où s'en va l'acquêt, que cuidez ?
Tout aux tavernes et aux filles.

" Rime, raille, cymbale, luthes,
Comme fol feintif, éhontés ;
Farce, brouille, joue des flûtes ;
Fais, ès villes et ès cités,
Farces, jeux et moralités,
Gagne au berlan, au glic, aux quilles
Aussi bien va, or écoutez !
Tout aux tavernes et aux filles.

" De tels ordures te recules,
Laboure, fauche champs et prés,
Sers et panse chevaux et mules,
S'aucunement tu n'es lettrés ;
Assez auras, se prends en grés.
Mais, se chanvre broyes ou tilles,
Ne tends ton labour qu'as ouvrés
Tout aux tavernes et aux filles ?

" Chausses, pourpoints aiguilletés,
Robes, et toutes vos drapilles,
Ains que vous fassiez pis, portez
Tout aux tavernes et aux filles.


Apollinaire - La Loreley


                      Interprétation très très libre de Verdiana Raw
Ecouter sur DEEZER
Composé et interprété
par Bernard Ascal




Guillaume Apollinaire - (1880-1918)


La Loreley

A Bacharach il y avait une sorcière blonde
Qui laissait mourir d’amour tous les hommes à la ronde

Devant son tribunal l’évêque la fit citer
D’avance il l’absolvit à cause de sa beauté

O belle Loreley aux yeux pleins de pierreries
De quel magicien tiens-tu ta sorcellerie

Je suis lasse de vivre et mes yeux sont maudits
Ceux qui m’ont regardée évêque en ont péri

Mes yeux ce sont des flammes et non des pierreries
Jetez jetez aux flammes cette sorcellerie

Je flambe dans ces flammes Ô belle Loreley
Qu’un autre te condamne tu m’as ensorcelé

Evêque vous riez Priez plutôt pour moi la Vierge
Faites-moi donc mourir et que Dieu vous protège

Mon amant est parti pour un pays lointain
Faites-moi donc mourir puisque je n’aime rien

Mon coeur me fait si mal il faut bien que je meure
Si je me regardais il faudrait que j’en meure

Mon coeur me fait si mal depuis qu’il n’est plus là
Mon coeur me fit si mal du jour où il s’en alla

L’évêque fit venir trois chevaliers avec leurs lances
Menez jusqu’au couvent cette femme en démence

Va t’en Lore en folie va Lore aux yeux tremblants
Tu seras une nonne vêtue de noir et blanc

Puis ils s’en allèrent sur la route tous les quatre
La Loreley les implorait et ses yeux brillaient comme des astres

Chevaliers laissez-moi monter sur ce rocher si haut
Pour voir une fois encore mon beau château

Pour me mirer une fois encore dans le fleuve
Puis j’irai au couvent des vierges et des veuves

Là-haut le vent tordait ses cheveux déroulés
Les chevaliers criaient Loreley Loreley

Tout là-bas sur le Rhin s’en vient une nacelle
Et mon amant s’y tient il m’a vue il m’appelle

Mon coeur devient si doux c’est mon amant qui vient
Elle se penche alors et tombe dans le Rhin

Pour avoir vu dans l’eau la belle Loreley
Ses yeux couleur du Rhin ses cheveux de soleil


Apollinaire - Crépuscule




Ecouter la version chantée
Interprétation : Ascal Bernard
Composition : Ascal Bernard
- Diffusé par DEEZER -




Guillaume Apollinaire - (1880–1918)


Crépuscule

Frôlée par les ombres des morts
Sur l’herbe où le jour s’exténue
L’arlequine s’est mise nue
Et dans l’étang mire son corps

Un charlatan crépusculaire
Vante les tours que l’on va faire
Le ciel sans teinte est constellé
D’astres pâles comme du lait

Sur les trétaux l’arlequin blême
Salue d’abord les spectateurs
Des sorciers venus de Bohême
Quelques fées et les enchanteurs

Ayant décroché une étoile
Il la manie à bras tendu
Tandis que des pieds un pendu
Sonne en mesure les cymbales

L’aveugle berce un bel enfant
La biche passe avec ses faons
Le nain regarde d’un air triste
Grandir l’arlequin trismégiste


Nerval - Politique


        La prison Sainte Pélagie photographiée par Nadar

Ecouter la version chantée
composée et interprétée
par Bernard Ascal
- Diffusé par DEEZER -




Gerard de Nerval (1808-1855)

Politique

Dans Sainte-Pélagie,
Sous ce règne élargie,
Où, rêveur et pensif,
Je vis captif,

Pas une herbe ne pousse
Et pas un brin de mousse
Le long des murs grillés
Et frais taillés.

Oiseau qui fends l’espace,
Et toi, brise, qui passes
Sur l’étroit horizon
De la prison,

Dans votre vol superbe,
Apportez-moi quelque herbe,
Quelque gramen, mouvant
Sa tête au vent!

Qu’à mes pieds tourbillonne
Une feuille d’automne
Peinte de cent couleurs,
Comme les fleurs!

Pour que mon âme triste
Sache encor qu’il existe
Une nature, un Dieu
Dehors ce lieu.

Faites-moi cette joie,
Qu’un instant je revoie
Quelque chose de vert
Avant l’hiver!


Rimbaud - Au cabaret vert



Ecouter la version
composée et interprétée
par Bernard Ascal
- Diffusé par DEEZER -




Arthur Rimbaud (1854-1891)


Au cabaret vert

Depuis huit jours, j'avais déchiré mes bottines
Aux cailloux des chemins. J'entrais à Charleroi.
- Au Cabaret-Vert : je demandai des tartines
De beurre et du jambon qui fût à moitié froid.

Bienheureux, j'allongeai les jambes sous la table
Verte : je contemplai les sujets très naïfs
De la tapisserie. - Et ce fut adorable,
Quand la fille aux tétons énormes, aux yeux vifs,

- Celle-là, ce n'est pas un baiser qui l'épeure ! -
Rieuse, m'apporta des tartines de beurre,
Du jambon tiède, dans un plat colorié,

Du jambon rose et blanc parfumé d'une gousse
D'ail, - et m'emplit la chope immense, avec sa mousse
Que dorait un rayon de soleil arriéré.