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Baudelaire - Le balcon




sur DEEZER
Interprétation :
Richard Ankri
Composition :
Richard Ankri

sur DEEZER
Interprétation :
Kirjuhel
Composition :
Kirjuhel

sur DEEZER
Interprétation :
Georges Chelon
Composition :
Georges Chelon




Charles Baudelaire - (1821-1867)



Le balcon

Mère des souvenirs, maîtresse des maîtresses,
Ô toi, tous mes plaisirs ! ô toi, tous mes devoirs !
Tu te rappelleras la beauté des caresses,
La douceur du foyer et le charme des soirs,
Mère des souvenirs, maîtresse des maîtresses !

Les soirs illuminés par l'ardeur du charbon,
Et les soirs au balcon, voilés de vapeurs roses.
Que ton sein m'était doux ! que ton coeur m'était bon !
Nous avons dit souvent d'impérissables choses
Les soirs illuminés par l'ardeur du charbon.

Que les soleils sont beaux dans les chaudes soirées !
Que l'espace est profond ! que le coeur est puissant !
En me penchant vers toi, reine des adorées,
Je croyais respirer le parfum de ton sang.
Que les soleils sont beaux dans les chaudes soirées !

La nuit s'épaississait ainsi qu'une cloison,
Et mes yeux dans le noir devinaient tes prunelles,
Et je buvais ton souffle, ô douceur ! ô poison !
Et tes pieds s'endormaient dans mes mains fraternelles.
La nuit s'épaississait ainsi qu'une cloison.

Je sais l'art d'évoquer les minutes heureuses,
Et revis mon passé blotti dans tes genoux.
Car à quoi bon chercher tes beautés langoureuses
Ailleurs qu'en ton cher corps et qu'en ton coeur si doux ?
Je sais l'art d'évoquer les minutes heureuses !

Ces serments, ces parfums, ces baisers infinis,
Renaîtront-il d'un gouffre interdit à nos sondes,
Comme montent au ciel les soleils rajeunis
Après s'être lavés au fond des mers profondes ?
- Ô serments ! ô parfums ! ô baisers infinis !



Ecouter la version classique
Interprétation : Susan Graham
Composition : Claude Debussy
- Diffusé par DEEZER -

Nerval - La damnation de Faust (4)



Ecouter sur DEEZER
Interprète : Francoise Pollet
Compositeur : Hector Berlioz




Gerard de Nerval - (1808-1855)

d'après le Faust de Goethe


Un Roi de Thulé

Autrefois un Roi de Thulé
Qui jusqu'au tombeau fut fidèle
Reçut à la mort de sa belle
Une coupe d'or ciselé;

Comme elle ne le quittait guère
Dans les festins les plus joyeux
Toujours une larme légère
À sa vue humectait ses yeux.

Ce prince à la fin de sa vie
Lègue ses villes et son or,
Excepté la coupe chérie
Qu'à la main il conserve encor;

Il fait à sa table royale
Asseoir ses Barons et ses Pairs,
Au milieu d'une antique salle
D'un Château que baignaient les mers.

Le buveur se lève et s'avance
Auprès d'un vieux balcon doré,
Il boit et soudain sa main lance
Dans les flots le Vase sacré;

La vase tombe l'eau bouillonne
Puis se calme aussitôt après,
Le vieillard pâlit et frissonne,
Il ne boira plus désormais.



Ecouter sur DEEZER
Interprète : Susan Graham
Compositeur : Hector Berlioz

Baudelaire - Le jet d'eau


Ecouter la version Classique
Compositeur : Claude Debussy
Interprète : Susan Graham
- Diffusé par DEEZER -
Ecouter la version
Composée et interprétée
par Georges Chelon
- Diffusé par DEEZER -



Charles Baudelaire (1821-1867)


Le jet d'eau

Tes beaux yeux sont las, pauvre amante!
Reste longtemps, sans les rouvrir,
Dans cette pose nonchalante
Où t'a surprise le plaisir.
Dans la cour le jet d'eau qui jase
Et ne se tait ni nuit ni jour,
Entretient doucement l'extase
Où ce soir m'a plongé l'amour.

La gerbe d'eau qui berce (1)
Ses mille fleurs,
Que la lune traverse
De ses pâleurs,
Tombe comme une averse
De larges pleurs.

Ainsi ton âme qu'incendie
L'éclair brûlant des voluptés
S'élance, rapide et hardie,
Vers les vastes cieux enchantés.
Puis, elle s'épanche, mourante,
En un flot de triste langueur,
Qui par une invisible pente
Descend jusqu'au fond de mon coeur.

La gerbe épanouie(2)
En mille fleurs,
Où Phoebé réjouie
Met ses couleurs,
Tombe comme une pluie
De larges pleurs.

Ô toi, que la nuit rend si belle,
Qu'il m'est doux, penché vers tes seins,
D'écouter la plainte éternelle
Qui sanglote dans les bassins!
Lune, eau sonore, nuit bénie,
Arbres qui frissonnez autour,
Votre pure mélancolie
Est le miroir de mon amour.

La gerbe d'eau qui berce (1)
Ses mille fleurs,
Que la lune traverse
De ses pâleurs,
Tombe comme une averse
De larges pleurs.

(1) version Debussy
(2) version Baudelaire


Théophile de Viau - A Chloris


        Théophile de Viau
Ecouter la version chantée
Interprétation : Mady Mesplé
Composition : Reynaldo Hahn
- Diffusé par DEEZER -
Ecouter la version chantée
Interprétation : Susan Graham
Composition : Reynaldo Hahn
- Diffusé par DEEZER -



Théophile de Viau (1590-1626)


À Chloris

S'il est vrai, Chloris, que tu m'aimes,
Mais j'entends, que tu m'aimes bien,
Je ne crois point que les rois mêmes
Aient un bonheur pareil au mien.
Que la mort serait importune
De venir changer ma fortune
A la félicité des cieux!
Tout ce qu'on dit de l'ambroisie
Ne touche point ma fantaisie
Au prix des grâces de tes yeux.


Banville - Le Printemps


Ecouter la version chantée
Interprétation de Susan Graham
Composition de Reynaldo Hahn
- Diffusé par DEEZER -




Théodore de Banville - (1823-1891)

Rondels


Le Printemps

Te voilà, rire du Printemps!
Les thyrses des lilas fleurissent.
Les amantes, qui te chérissent
Délivrent leurs cheveux flottants.

Sous les rayons d'or éclatants
Les anciens lierres se flétrissent.
Te voilà, rire du Printemps!
Les thyrses des lilas fleurissent.

Couchons-nous au bord des étangs,
Que nos maux amers se guérissent!
Mille espoirs fabuleux nourrissent
Nos coeurs émus et palpitants.
Te voilà, rire du Printemps!


Coppée - Mai



Ecouter sur DEEZER
Interprétation : Susan Graham
Composition : Reynaldo Hahn

Une version de 1941
Interprétation : Géori Boué
Composition : Reynaldo Hahn
- Diffusé par DEEZER -




François Coppée - (1842-1908)


Mai

Depuis un mois, chère exilée,
Loin de mes yeux tu t'en allas,
Et j'ai vu fleurir les lilas
Avec ma peine inconsolée.

Seul, je fuis ce ciel clair et beau
Dont l'ardente effluve me trouble,
Car l'horreur de l'exil se double
De la splendeur du renouveau.

En vain j'entends contre les vitres,
Dans la chambre où je m'enfermai,
Les premiers insectes de Mai
Heurter leurs maladroits élytres ;

En vain le soleil a souri ;
Au printemps je ferme ma porte
Et veux seulement qu'on m'apporte
Un rameau de lilas fleuri ;

Car l'amour dont mon âme est pleine
Y trouve, parmi ses douleurs,
Ton regard dans ces chères fleurs
Et dans leur parfum ton haleine.



Du même auteur :
La Vague et la Cloche
Les oiseaux se cachent pour mourir
Les trois oiseaux
Lied
Mai
Matin d'octobre
Menuet
Obstination
Ritournelle
Sérénade du passant

Gautier - Villanelle rythmique

Ecouter sur DEEZER
Interprétation : Susan Graham
Composition : Hector Berlioz




Théophile Gautier - (1811-1872)


Villanelle rythmique

Quand viendra la saison nouvelle,
Quand auront disparu les froids,
Tous les deux, nous irons, ma belle,
Pour cueillir le muguet au bois ;
Sous nos pieds égrenant les perles
Que l’on voit au matin trembler,
Nous irons écouter les merles
Siffler.

Le printemps est venu, ma belle,
C’est le mois des amants béni,
Et l’oiseau, satinant son aile,
Dit ses vers au rebord du nid.
Oh ! viens donc sur le banc de mousse
Pour parler de nos beaux amours,
Et dis-moi de ta voix si douce :
« Toujours ! »

Loin, bien loin, égarant nos courses,
Faisons fuir le lapin caché
Et le daim au miroir des sources
Admirant son grand bois penché ;
Puis chez nous tout heureux, tout aises,
En panier enlaçant nos doigts,
Revenons rapportant des fraises
Des bois.


Gautier - Le spectre de la rose

Ecouter sur DEEZER
Interprétation : Susan Graham
Composition : Hector Berlioz




Théophile Gautier - (1811-1872)


Le spectre de la rose

Soulève ta paupière close
Qu'effleure un songe virginal;
Je suis le spectre d'une rose
Que tu portais hier au bal.
Tu me pris encore emperlée
Des pleurs d'argent de l'arrosoir,
Et, parmi la fête étoilée,
Tu me promenas tout le soir.

Ô toi qui de ma mort fus cause,
Sans que tu puisses le chasser,
Toutes les nuits mon spectre rose
À ton chevet viendra danser.
Mais ne crains rien, je ne réclame
Ni messe ni De Profundis;
Ce léger parfum est mon âme,
Et j'arrive du paradis.

Mon destin fut digne d'envie,
Et pour avoir un sort si beau,
Plus d'un aurait donné sa vie,
Car sur ton sein j'ai mon tombeau,
Et sur l'albâtre où je repose
Un poète avec un baiser
Écrivit: "Ci-gît une rose
Que tous les rois vont jalouser."


Leconte de Lisle - Tyndaris

Ecouter sur DEEZER
Interprétation de Susan Graham
Composition de Reynaldo Hahn
Ecouter sur DEEZER
Interprétation de Renée Doria
Composition de Reynaldo Hahn




Leconte de Lisle - (1818-1894)

Études latines


Tyndaris

Ô blanche Tyndaris, les Dieux me sont amis :
Ils aiment les Muses Latines;
Et l'aneth et le myrte et le thym des collines
Croissent aux prés qu'ils m'ont soumis.

Viens! mes ramiers chéris, aux voluptés plaintives,
Ici se plaisent à gémir;
Et sous l'épais feuillage il est doux de dormir
Au bruit des sources fugitives.


Hugo - Quand la nuit n'est pas étoilée

Léopoldine Hugo

Ecouter sur DEEZER
Interprétation : Konstantin Wolff
Composition : Reynaldo Hahn



Victor Hugo (1802-1885)


Quand la nuit n'est pas étoilée

Puisque nos heures sont remplies
De trouble et de calamités ;
Puisque les choses que tu lies
Se détachent de tous côtés ;

Puisque nos pères et nos mères
Sont allés où nous irons tous,
Puisque des enfants, têtes chères,
Se sont endormis avant nous ;

Puisque la terre où tu t'inclines
Et que tu mouilles de tes pleurs,
A déjà toutes nos racines
Et quelques-unes de nos fleurs ;

Puisqu'à la voix de ceux qu'on aime
Ceux qu'on aima mêlent leurs voix ;
Puisque nos illusions même
Sont pleines d'ombres d'autrefois ;

Puisqu'à l'heure où l'on boit l'extase
On sent la douleur déborder,
Puisque la vie est comme un vase
Qu'on ne peut emplir ni vider ;

Puisqu'à mesure qu'on avance
Dans plus d'ombre on sent flotter ;
Puisque la menteuse espérance
N'a plus de conte à nous conter ;

Puisque le cadran, quand il sonne,
Ne nous promet rien pour demain,
Puisqu'on ne connaît plus personne
De ceux qui vont dans le chemin,

Mets ton esprit hors de ce monde !
Mets ton rêve ailleurs qu'ici-bas !
Ta perle n'est pas dans notre onde !
Ton sentier n'est point sous nos pas !

Quand la nuit n'est pas étoilée,
Viens te bercer aux flots des mers ;
Comme la mort elle est voilée,
Comme la vie ils sont amers.

L'ombre et l'abîme ont un mystère
Que nul mortel ne pénétra ;
C'est Dieu qui leur dit de se taire
Jusqu'au jour où tout parlera !

D'autres yeux de ces flots sans nombre
Ont vainement cherché le fond ;
D'autres yeux se sont emplis d'ombre
A contempler ce ciel profond.

Toi, demande au monde nocturne
De la paix pour ton cœur désert !
Demande une goutte à cette urne !
Demande un chant à ce concert !

Plane au-dessus des autres femmes,
Et laisse errer tes yeux si beaux
Entre le ciel où sont les âmes
Et la terre où sont les tombeaux !



Ecouter sur DEEZER
Interprétation : Susan Graham
Composition : Reynaldo Hahn

Nerval - La damnation de Faust (1)

                                        Susan Graham
Ecouter sur DEEZER
Interprète : Maria Callas
Compositeur : Hector Berlioz

Interprète : Susan Graham
Susan prononce les consonnes, elle !
Compositeur : Hector Berlioz
- Diffusé par DEEZER -




Gerard de Nerval - (1808-1855)

d'après le Faust de Goethe


D'amour l'ardente flamme

D'amour l'ardente flamme,
Consume mes beaux jours;
Ah ! la paix de mon âme
A donc fui pour toujours!

Son départ, son absence
Sont pour moi le cercueil;
Et loin de sa présence
Tout me paraît en deuil.

Alors, ma pauvre tête
Se dérange bientôt;
Mon faible coeur s'arrête,
Puis se glace aussitôt.

Sa marche que j'admire,
Son port si gracieux,
Sa bouche au doux sourire,
Le charme de ses yeux;

Sa voix enchanteresse,
Dont il sait m'embraser,
De sa main la caresse,
Hélas! et son baiser...

D'une amoureuse flamme,
Consument mes beaux jours;
Ah ! la paix de mon âme
A donc fui pour toujours!

Je suis à ma fenêtre,
Ou dehors, tout le jour;
C'est pour le voir paraître,
Ou hâter son retour.

Mon cœur bat et se presse
Dès qu'il le sent venir;
Au gré de ma tendresse,
Puis-je le retenir?

Ô caresses de flamme!
Que je voudrais un jour
Voir s'exhaler mon âme
Dans ses baisers d'amour!


Jean Lahor - Nocturne

Pierre-Auguste Renoir

Ecouter sur DEEZER
Interprétation : Susan Graham
Composition : Reynaldo Hahn




Jean Lahor (Henri Cazalis) - (1840-1909)


Nocturne

Sur ton sein pâle mon coeur dort
D'un sommeil doux comme la mort
Mort exquise, mort parfumée
Au souffle de la bien aimée ...
Sur ton sein pâle mon coeur dort
D'un sommeil doux comme la mort



Du même auteur :
Chanson triste
Nocturne
Pensées orientales
Sérénade d'hiver
Sérénade florentine

Daudet - Trois jours de vendange

Julia Allard par Auguste Renoir

Ecouter sur DEEZER
Interprétation : Susan Graham
Composition : Reynaldo Hahn



Alphonse Daudet (1840-1897)


Trois jours de vendange

Je l'ai rencontrée un jour de vendange,
La jupe troussée et le pied mignon,
Point de guimpe jaune et point de chignon,
L'air d'une bacchante et les yeux d'un ange.
Suspendue au bras d'un doux compagnon,
Je l'ai rencontrée aux champs d'Avignon,
Un jour de vendange.

Je l'ai rencontrée un jour de vendange,
La plaine était morne et le ciel brûlant.
Elle marchait seule et d'un pas tremblant,
Son regard brillait d'une flamme étrange
Je frissonne encore en me rappelant
Comme je te vis, cher fantôme blanc,
Un jour de vendange.

Je l'ai rencontrée un jour de vendange,
Et j'en rêve encore presque tous les jours:
Le cercueil était couvert en velours,
Le drap noir portait une double frange.
Les soeurs d'Avignon pleuraient tout autour.
La vigne avait trop de raisin
L'Amour avait fait la vendange.


Henri de Régnier - Les Fontaines

                        Henri de Régnier par Felix Vallotton

Ecouter sur DEEZER
Interprétation : Susan Graham
Composition : Reynaldo Hahn



Henri de Régnier (1864-1936)


Les fontaines

Pour que ton rire clair, jeune, tendre et léger,
S'épanouisse en fleur sonore,
Il faut qu'Avril verdisse aux pousses du verger,
Plus vertes d'aurore en aurore.
Il faut que l'air égal annonce le printemps,
Et que la première hirondelle
Rase d'un vol aigu les roseaux de l'étang
Qui mire son retour fidèle!
Mais quoiqué l'écho rie à ton rire avec toi,
Goutte à goutte et d'une eau lointaine,
N'entends-tu pas gémir et répondre à ta voix
La plainte faible des fontaines?



Du même auteur :
Chanson
Le départ
Le jardin mouillé
Les fontaines
Odelette IV
Voeu

Banville - L'Automne

Ecouter sur DEEZER
Interprétation de Susan Graham
Composition de Reynaldo Hahn




Théodore de Banville - (1823-1891)

Rondels


L'automne

Sois le bienvenu, rouge Automne,
Accours dans ton riche appareil,
Embrase le coteau vermeil
Que la vigne pare et festonne.

Père, tu rempliras la tonne
Qui nous verse le doux sommeil ;
Sois le bienvenu, rouge Automne,
Accours dans ton riche appareil.

Déjà la Nymphe qui s’étonne,
Blanche de la nuque à l’orteil,
Rit aux chants ivres de soleil
Que le gai vendangeur entonne.
Sois le bienvenu, rouge Automne.


Gautier - Absence

                                        Théophile Gautier

Ecouter sur DEEZER
Interprétation : Susan Graham
Composition : Hector Berlioz




Théophile Gautier - (1811-1872)


Absence

Reviens, reviens, ma bien-aimée !
Comme une fleur loin du soleil,
La fleur de ma vie est fermée
Loin de ton sourire vermeil.

Entre nos cœurs tant de distance !
Tant d’espace entre nos baisers !
Ô sort amer ! ô dure absence !
Ô grands désirs inapaisés !

D’ici là-bas, que de campagnes,
Que de villes et de hameaux,
Que de vallons et de montagnes,
À lasser le pied des chevaux !

Au pays qui me prend ma belle,
Hélas ! si je pouvais aller ;
Et si mon corps avait une aile
Comme mon âme pour voler !

Par-dessus les vertes collines,
Les montagnes au front d’azur,
Les champs rayés et les ravines,
J’irais d’un vol rapide et sûr.

Le corps ne suit pas la pensée ;
Pour moi, mon âme, va tout droit,
Comme une colombe blessée,
S’abattre au rebord de son toit.

Descends dans sa gorge divine,
Blonde et fauve comme de l’or,
Douce comme un duvet d’hermine,
Sa gorge, mon royal trésor ;

Et dis, mon âme, à cette belle :
« Tu sais bien qu’il compte les jours,
Ô ma colombe ! à tire d’aile
Retourne au nid de nos amours. »


Verlaine - Fêtes galantes

                Antoine Watteau - Embarquement pour Cythère

Ecouter la version chantée
Interprétation : Susan Graham
Composition : Reynaldo Hahn
- Diffusé par DEEZER -



Paul Verlaine - (1844-1896)


Fêtes galantes

Les donneurs de sérénades
Et les belles écouteuses
Echangent des propos fades
Sous les ramures chanteuses.

C'est Tircis et c'est Aminte,
Et c'est l'éternel Clitandre,
Et c'est Damis qui pour mainte
Cruelle fait maint vers tendre.

Leurs courtes vestes de soie,
Leurs longues robes à queues,
Leur élégance, leur joie
Et leurs molles ombres bleues

Tourbillonnent dans l'extase
D'une lune rose et grise,
Et la mandoline jase
Parmi les frissons de brise.