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Hugo - Chanson pour faire danser en rond les petits enfants


                Par les maternelles de l'accueil de loisirs de Vénès

La version adulte
composée et interprétée par Serge Kerval
diffusée par DEEZER




Victor Hugo - (1802-1885)


Chanson pour faire danser en rond les petits enfants

Autre titre : Mathurin, Mathurine

Grand bal sous le tamarin.
On danse et l'on tambourine.
Tout bas parlent, sans chagrin,
Mathurin à Mathurine,
Mathurine à Mathurin.

C'est le soir, quel joyeux train !
Chantons à pleine poitrine
Au bal plutôt qu'au lutrin.
Mathurin à Mathurine,
Mathurine à Mathurin.

Découpé comme au burin,
L'arbre, au bord de l'eau marine,
Est noir sur le ciel serein.
Mathurin à Mathurine,
Mathurine à Mathurin.

Dans le bois rôde Isengrin.
Le magister endoctrine
Un moineau pillant le grain.
Mathurin à Mathurine,
Mathurine à Mathurin.

Broutant l'herbe brin à brin,
Le lièvre a dans la narine
L'appétit du romarin.
Mathurin à Mathurine,
Mathurine à Mathurin.

Sous l'ormeau le pèlerin
Demande à la pèlerine
Un baiser pour un quatrain.
Mathurin à Mathurine,
Mathurine à Mathurin.

Derrière un pli de terrain
Nous entendons la clarine
Du cheval d'un voiturin.
Mathurin à Mathurine,
Mathurine à Mathurin.


Hugo - Chant du bol de punch



Ecouter la version chantée
composée et interprétée par Serge Kerval
diffusée par DEEZER avec erreur sur le titre




Victor Hugo - (1802-1885)

Toute la lyre


Chanson du bol de punch

Autre titre : Chant du bol de punch

Je suis la flamme bleue.
J'habite la banlieue,
Le vallon, le coteau ;
Sous l'if et le mélèze,
J'erre au Père-Lachaise,
J'erre au Campo-Santo.

L'eau brille au crépuscule ;
Le passant sur sa mule
Fait un signe de croix ;
Son chien baisse la queue ;
Je suis la flamme bleue
Qui danse au fond des bois.

La nuit étend son aile ;
De Profundis se mêle
A Traderidera ;
Les morts ouvrent leur bière.
Spectres, au cimetière !
Masques, à l'Opéra !

Garçon, du punch ! j'arrive !
Je suis le bleu convive,
L'esprit des lacs blafards,
Le nain des joncs moroses ;
Je viens baiser les roses
Après les nénuphars.

Buvez, fils et donzelles !
D'autres ont été belles,
D'autres ont été beaux ;
Riez, joyeuses troupes !
Pour danser sur vos coupes
Je sors de leurs tombeaux.

Monte à ta chambre, apporte
Ton charbon, clos ta porte,
Allume ; c'est le soir.
Regarde dans ton bouge,
Comme un masque à l'oeil rouge,
Flamber ton réchaud noir.

D'autres boivent ; dans l'ombre,
Toi, tu meurs ; ton oeil sombre
S'éteint, ton front pâlit ;
Je suis là, je t'éclaire,
Et j'ai quitté leur verre
Pour danser sur ton lit.


Hugo - La captive


        Esther Valentin accompagnée par Rie Akamatsu (piano) et Clemens Fieguth

Ecouter sur DEEZER
Compositeur : Serge Kerval
Interprète : Serge Kerval
Ecouter sur DEEZER
Compositeur : Hector Berlioz
Interprète : Karine Deshayes




Victor Hugo - (1802-1885)


La captive

Si je n'étais captive,
J'aimerais ce pays,
Et cette mer plaintive,
Et ces champs de maïs,
Et ces astres sans nombre,
Si le long du mur sombre
N'étincelait dans l'ombre
Le sabre des spahis.

Je ne suis point tartare
Pour qu'un eunuque noir
M'accorde ma guitare,
Me tienne mon miroir.
Bien loin de ces Sodomes,
Au pays dont nous sommes,
Avec les jeunes hommes
On peut parler le soir.

Pourtant j'aime une rive
Où jamais des hivers
Le souffle froid n'arrive
Par les vitraux ouverts,
L'été, la pluie est chaude,
L'insecte vert qui rôde
Luit, vivante émeraude,
Sous les brins d'herbe verts.

Smyrne est une princesse
Avec son beau chapel ;
L'heureux printemps sans cesse
Répond à son appel,
Et, comme un riant groupe
De fleurs dans une coupe,
Dans ses mers se découpe
Plus d'un frais archipel.

J'aime ces tours vermeilles,
Ces drapeaux triomphants,
Ces maisons d'or, pareilles
A des jouets d'enfants ;
J'aime, pour mes pensées
Plus mollement bercées,
Ces tentes balancées
Au dos des éléphants.

Dans ce palais de fées,
Mon coeur, plein de concerts,
Croit, aux voix étouffées
Qui viennent des déserts,
Entendre les génies
Mêler les harmonies
Des chansons infinies
Qu'ils chantent dans les airs !

J'aime de ces contrées
Les doux parfums brûlants,
Sur les vitres dorées
Les feuillages tremblants,
L'eau que la source épanche
Sous le palmier qui penche,
Et la cigogne blanche
Sur les minarets blancs.

J'aime en un lit de mousses
Dire un air espagnol,
Quand mes compagnes douces,
Du pied rasant le sol,
Légion vagabonde
Où le sourire abonde,
Font tournoyer leur ronde
Sous un rond parasol.

Mais surtout, quand la brise
Me touche en voltigeant,
La nuit j'aime être assise,
Etre assise en songeant,
L'oeil sur la mer profonde,
Tandis que, pâle et blonde,
La lune ouvre dans l'onde
Son éventail d'argent.


Hugo - Je prendrai par la main...



Ecouter sur DEEZER
Composé et interprété
par Serge Kerval




Victor Hugo - (1802-1885)


Je prendrai par la main
les deux petits enfants

Je prendrai par la main les deux petits enfants ;
J'aime les bois où sont les chevreuils et les faons,
Où les cerfs tachetés suivent les biches blanches
Et se dressent dans l'ombre effrayés par les branches ;
Car les fauves sont pleins d'une telle vapeur
Que le frais tremblement des feuilles leur fait peur.
Les arbres ont cela de profond qu'ils vous montrent
Que l'éden seul est vrai, que les coeurs s'y rencontrent,
Et que, hors les amours et les nids, tout est vain ;
Théocrite souvent dans le hallier divin
Crut entendre marcher doucement la ménade.
C'est là que je ferai ma lente promenade
Avec les deux marmots. J'entendrai tour à tour
Ce que Georges conseille à Jeanne, doux amour,
Et ce que Jeanne enseigne à George. En patriarche
Que mènent les enfants, je réglerai ma marche
Sur le temps que prendront leurs jeux et leurs repas,
Et sur la petitesse aimable de leurs pas.
Ils cueilleront des fleurs, ils mangeront des mûres.
Ô vaste apaisement des forêts ! ô murmures !
Avril vient calmer tout, venant tout embaumer.
Je n'ai point d'autre affaire ici-bas que d'aimer.


Hugo - Fuis l’éden des anges déchus


Ecouter sur DEEZER
Interprétation : Serge Kerval
Composition : Serge Kerval
Ecouter sur DEEZER
Interprétation : Odile Bruckert
Composition : Eric Breton




Victor Hugo - Chansons des rues et des bois


Fuis l’éden des anges déchus
(Jeunesse)

Fuis l’éden des anges déchus ;
Ami, prends garde aux belles filles ;
Redoute à Paris les fichus,
Redoute à Madrid les mantilles.

Tremble pour tes ailes, oiseau,
Et pour tes fils, marionnette.
Crains un peu l’œil de Calypso,
Et crains beaucoup l’œil de Jeannette.

Quand leur tendresse a commencé,
Notre servitude est prochaine.
Veux-tu savoir leur A B C ?
Ami, c’est Amour, Baiser, Chaîne.

Le soleil dore une prison,
Un rosier parfume une geôle,
Et c’est là, vois-tu, la façon
Dont une fille nous enjôle.

Pris, on a sa pensée au vent
Et dans l’âme une sombre lyre,
Et bien souvent on pleure avant
Qu’on ait eu le temps de sourire.

Viens dans les prés, le gai printemps
Fait frissonner les vastes chênes,
L’herbe rit, les bois sont contents,
Chantons ! oh ! les claires fontaines !


Hugo - Paroles dans l’ombre


    La version de Martial Paoli

Ecouter sur DEEZER
Composé et interprété
par Serge Kerval



Victor Hugo - Les contemplations


Paroles dans l'ombre

Elle disait: C’est vrai, j’ai tort de vouloir mieux;
Les heures sont ainsi très doucement passées;
Vous êtes là; mes yeux ne quittent pas vos yeux,
Où je regarde aller et venir vos pensées.

Vous voir est un bonheur; je ne l’ai pas complet.
Sans doute, c’est encor bien charmant de la sorte!
Je veille, car je sais tout ce qui vous déplaît,
A ce que nul fâcheux ne vienne ouvrir la porte;

Je me fais bien petite, en mon coin, près de vous;
Vous êtes mon lion, je suis votre colombe;
J’entends de vos papiers le bruit paisible et doux;
Je ramasse parfois votre plume qui tombe;

Sans doute, je vous ai; sans doute, je vous vois,
La pensée est un vin dont les rêveurs sont ivres,
Je le sais; mais, pourtant, je veux qu’on songe à moi.
Quand vous êtes ainsi tout un soir dans vos livres,

Sans relever la tête et sans me dire un mot,
Une ombre reste au fond de mon coeur qui vous aime;
Et, pour que je vous voie entièrement, il faut
Me regarder un peu, de temps en temps, vous-même.


Hugo - La Chanson de Maglia


        Interprété par Serge Reggiani sur une musique de Serge Gainsbourg
        Montage de P. Lavallée d'après des photos des frères Lumière


Ecouter sur DEEZER
Composé et interprété
par Serge Gainsbourg




Victor HUGO - (1802-1885)

Toute la Lyre


La Chanson de Maglia

Vous êtes bien belle et je suis bien laid.
A vous la splendeur de rayons baignée
A moi la poussière, à moi l'araignée.
Vous êtes bien belle et je suis bien laid
Soyez la fenêtre et moi le volet.

Nous réglerons tout dans notre réduit.
Je protégerai ta vitre qui tremble
Nous serons heureux, nous serons ensemble
Nous réglerons tout dans notre réduit
Tu feras le jour, je ferai la nuit.



Ecouter sur DEEZER
Composé et interprété
par Serge Kerval

Hugo - La Chanson du spectre


Ecouter sur DEEZER
Composé et interprété
par Jean-Louis Caillat
Ecouter sur DEEZER
Composé et interprété
par Serge Kerval



Victor Hugo (1802-1885)


La Chanson du spectre

Qui donc êtes-vous, la belle ?
Comment vous appelez-vous ?
Une vierge était chez nous ;
Ses yeux étaient ses bijoux.
Je suis la vierge, dit-elle.
Cueillez la branche de houx.

Vous êtes en blanc, la belle ;
Comment vous appelez-vous ?
En gardant les grands bœufs roux,
Claude lui fit les yeux doux.
Je suis la fille, dit-elle.
Cueillez la branche de houx.

Vous portez des fleurs, la belle ;
Comment vous appelez-vous ?
Les vents et les cœurs sont fous,
Un baiser les fit époux.
Je suis l’amante, dit-elle.
Cueillez la branche de houx.

Vous avez pleuré, la belle ;
Comment vous appelez-vous ?
Elle eut un fils, prions tous,
Dieu le prit sur ses genoux.
Je suis la mère, dit-elle.
Cueillez la branche de houx.

Vous êtes pâle, la belle ;
Comment vous appelez-vous ?
Elle s’enfuit dans les trous,
Sinistre, avec les hiboux.
Je suis la folle, dit-elle.
Cueillez la branche de houx.

Vous avez bien froid, la belle ;
Comment vous appelez-vous ?
Les amours et les yeux doux
De nos cercueils sont les clous.
Je suis la morte, dit-elle.
Cueillez la branche de houx.


Hugo - Je respire où tu palpites


 Interptète : Aurelia Legay - Compositeur : Yves Rinaldi

La version partielle (texte bleu)
Composée et interprétée
par : Gérard Berliner
- Diffusé par DEEZER -

Ecouter la version complète
composée et interprétée
par Serge Kerval
- Diffusé par DEEZER -



Victor Hugo 1802-1885


Je respire où tu palpites

Je respire où tu palpites,
Tu sais ; à quoi bon, hélas !
Rester là si tu me quittes,
Et vivre si tu t'en vas ?


A quoi bon vivre, étant l'ombre
De cet ange qui s'enfuit ?
A quoi bon, sous le ciel sombre,
N'être plus que de la nuit ?

Je suis la fleur des murailles
Dont avril est le seul bien.
Il suffit que tu t'en ailles
Pour qu'il ne reste plus rien.

Tu m'entoures d'Auréoles;
Te voir est mon seul souci.
Il suffit que tu t'envoles
Pour que je m'envole aussi.

Si tu pars, mon front se penche ;
Mon âme au ciel, son berceau,
Fuira, dans ta main blanche
Tu tiens ce sauvage oiseau.

Que veux-tu que je devienne
Si je n'entends plus ton pas ?
Est-ce ta vie ou la mienne
Qui s'en va ? Je ne sais pas.

Quand mon courage succombe,
J'en reprends dans ton coeur pur ;
Je suis comme la colombe
Qui vient boire au lac d'azur.

L'amour fait comprendre à l'âme
L'univers, salubre et béni ;
Et cette petite flamme
Seule éclaire l'infini

Sans toi, toute la nature
N'est plus qu'un cachot fermé,
Où je vais à l'aventure,
Pâle et n'étant plus aimé.

Sans toi, tout s'effeuille et tombe ;
L'ombre emplit mon noir sourcil ;
Une fête est une tombe,
La patrie est un exil.

Je t'implore et réclame ;
Ne fuis pas loin de mes maux,
O fauvette de mon âme
Qui chantes dans mes rameaux !

De quoi puis-je avoir envie,
De quoi puis-je avoir effroi,
Que ferai-je de la vie
Si tu n'es plus près de moi ?

Tu portes dans la lumière,
Tu portes dans les buissons,
Sur une aile ma prière,
Et sur l'autre mes chansons.

Que dirai-je aux champs que voile
L'inconsolable douleur ?

Que ferai-je de l'étoile ?
Que ferai-je de la fleur ?

Que dirai-je au bois morose
Qu'illuminait ta douceur ?
Que répondrai-je à la rose
Disant : " Où donc est ma soeur ?"

J'en mourrai ; fuis, si tu l'oses.
A quoi bon, jours révolus !
Regarder toutes ces choses
Qu'elle ne regarde plus ?

Que ferai-je de la lyre,
De la vertu, du destin ?
Hélas ! et, sans ton sourire,
Que ferai-je du matin ?

Que ferai-je, seul, farouche,
Sans toi, du jour et des cieux,
De mes baisers sans ta bouche,
Et de mes pleurs sans tes yeux !



La version chant + piano de Rinaldi
Interprétée par Aurelia Legay
sur rinaldi-musica.fr :


Hugo - La fiancée du timbalier


        Un timbalier de 1810

Ecouter la version complète
composée et interprétée
par Serge Kerval
- Diffusée par DEEZER -

Ecouter la version complète
composée par Camille Saint-Saëns
interprétée par Cécile Eloir
- Diffusée par DEEZER -

Ecouter la version abrégée
interprétée par
le groupe Malicorne
- Diffusée par DEEZER -



Victor Hugo (1802-1885)


La fiancée du timbalier

"Monseigneur le duc de Bretagne
A, pour les combats meurtriers,
Convoqué de Nante à Mortagne,
Dans la plaine et sur la montagne,
L'arrière-ban de ses guerriers.

Ce sont des barons dont les armes
Ornent des forts ceints d'un fossé;
Des preux vieillis dans les alarmes,
Des écuyers, des hommes d'armes;
L'un d'entre eux est mon fiancé.

Il est parti pour l'Aquitaine
Comme timbalier, et pourtant
On le prend pour un capitaine,
Rien qu'à voir sa mine hautaine,
Et son pourpoint, d'or éclatant!

Depuis ce jour, l'effroi m'agite.
J'ai dit, joignant son sort au mien:
- Ma patronne, sainte Brigitte,
Pour que jamais il ne le quitte,
Surveillez son ange gardien! -

J'ai dit à notre abbé: - Messire,
Priez bien pour tous nos soldats! -
Et, comme on sait qu'il le désire,
J'ai brûlé trois cierges de cire
Sur la châsse de saint Gildas.

À Notre-Dame de Lorette
J'ai promis, dans mon noir chagrin,
D'attacher sur ma gorgerette,
Fermée à la vue indiscrète,
Les coquilles du pèlerin.

Il n'a pu, par d'amoureux gages,
Absent, consoler mes foyers;
Pour porter les tendres messages,
La vassale n'a point de pages,
Le vassal n'a pas d'écuyers.

Il doit aujourd'hui de la guerre
Revenir avec monseigneur;
Ce n'est plus un amant vulgaire;
Je lève un front baissé naguère,
Et mon orgueil est du bonheur!

Le duc triomphant nous rapporte
Son drapeau dans les camps froissé;
Venez tous sous la vieille porte
Voir passer la brillante escorte,
Et le prince, et mon fiancé!

Venez voir pour ce jour de fête
Son cheval caparaçonné,
Qui sous son poids hennit, s'arrête,
Et marche en secouant la tête,
De plumes rouges couronné!

Mes soeurs, à vous parer si lentes,
Venez voir près de mon vainqueur
Ces timbales étincelantes
Qui sous sa main toujours tremblantes,
Sonnent, et font bondir le coeur!

Venez surtout le voir lui-même
Sous le manteau que j'ai brodé.
Qu'il sera beau! c'est lui que j'aime !
Il porte comme un diadème
Son casque, de crins inondé!

L'Égyptienne sacrilège,
M'attirant derrière un pilier,
M'a dit hier (Dieu nous protège!)
Qu'à la fanfare du cortège
Il manquerait un timbalier.

Mais j'ai tant prié, que j'espère!
Quoique, me montrant de la main
Un sépulcre, son noir repaire,
La vieille aux regards de vipère
M'ait dit: - Je t'attends là demain !

Volons! plus de noires pensées !
Ce sont les tambours que j'entends.
Voici les dames entassées,
Les tentes de pourpre dressées,
Les fleurs, et les drapeaux flottants.

Sur deux rangs le cortège ondoie:
D'abord, les piquiers aux pas lourds;
Puis, sous l'étendard qu'on déploie,
Les barons, en robe de soie,
Avec leurs toques de velours.

Voici les chasubles des prêtres;
Les hérauts sur un blanc coursier.
Tous, en souvenir des ancêtres,
Portent l'écusson de leurs maîtres,
Peint sur leur corselet d'acier.

Admirez l'armure persane
Des templiers, craints de l'enfer;
Et, sous la longue pertuisane,
Les archers venus de Lausanne,
Vêtus de buffle, armés de fer.

Le duc n'est pas loin: ses bannières
Flottent parmi les chevaliers;
Quelques enseignes prisonnières,
Honteuses, passent les dernières...
Mes soeurs! voici les timbaliers !... "

Elle dit, et sa vue errante
Plonge, hélas! dans les rangs pressés ;
Puis, dans la foule indifférente,
Elle tomba, froide et mourante...
Les timbaliers étaient passés.


Hugo - Le Château de l'Arbrelles

        Le Château ne se trouvait pas en Touraine mais dans le Lyonnais

Ecouter sur DEEZER
Composé et interprété
par Serge Kerval




Victor Hugo - (1802-1885)

Toute la Lyre


Le château de l’Arbrelles

Va cueillir, villageoise,
La fraise et la framboise
Dans les champs, aux beaux jours.
À huit milles d’Amboise,
À deux milles de Tours,
Le château de l’Arbrelles,
Roi de ces alentours,
Se dresse avec ses tours,
Ses tours et ses tourelles.
Va cueillir aux beaux jours
La fraise et la framboise,
À huit milles d’Amboise,
À deux milles de Tours,
C’est là que sont les tours,
Les tours et les tourelles
Du château de l’Arbrelles
Bien connu des vautours.

Cueillez, Jeanne et Thérèse,
La framboise et la fraise,
Rions, dansons, aimons,
Le ciel en est bien aise,
Moquons-nous des sermons.
Le château de l’Arbrelles,
Qu’en chantant nous nommons,
Dresse sur ces vieux monts
Ses tours et ses tourelles,
Rions, dansons, aimons,
Cueillez, Jeanne et Thérèse,
La framboise et la fraise,
Moquons-nous des sermons.
Là-bas, sur les vieux monts
Se dressent les tourelles
Du château de l’Arbrelles
Bien connu des démons.

Cueillez filles d’Amboise,
La fraise et la framboise.
Les démons, les vautours,
Ont changé de figure
Depuis les anciens jours.
Tours de sinistre augure,
L’herbe croît dans vos cours,
Croulez, vilaines tours !
Le ciel en est bien aise.
Aimons, les ans sont courts,
Cueillez, Jeanne et Thérèse,
La framboise et la fraise.
Ô belles, mes amours,
Pour piller vos atours,
Pour vous emplir de flammes,
Les démons sont nos âmes,
Nos coeurs sont les vautours.


Hugo - Prière pour tous

        Serge Kerval Chante Victor Hugo - CD Réf: ARN 64581

Ecouter sur DEEZER
Composé et interprété
par Serge Kerval




Victor Hugo - (1802-1885)

Les feuilles d'automne


La prière pour tous - VII

Ô myrrhe ! ô cinname !
Nard cher aux époux !
Baume ! éther ! dictame !
De l’eau, de la flamme,
Parfums les plus doux !

Prés que l’onde arrose !
Vapeurs de l’autel !
Lèvres de la rose
Où l’abeille pose
Sa bouche de miel !

Jasmin ! asphodèle !
Encensoirs flottants !
Branche verte et frêle
Où fait l’hirondelle
Son nid au printemps !

Lis que fait éclore
Le frais arrosoir !
Ambre que Dieu dore !
Souffle de l’aurore,
Haleine du soir !

Parfum de la sève
Dans les bois mouvants !
Odeur de la grève
Qui la nuit s’élève
Sur l’aile des vents !

Fleurs dont la chapelle
Se fait un trésor !
Flamme solennelle,
Fumée éternelle
Des sept lampes d’or !

Tiges qu’a brisées
Le tranchant du fer !
Urnes embrasées !
Esprits des rosées
Qui flottez dans l’air !

Fêtes réjouies
D’encens et de bruits !
Senteurs inouïes !
Fleurs épanouies
Au souffle des nuits !

Odeurs immortelles
Que les Ariel,
Archanges fidèles,
Prennent sur leurs ailes
En venant du ciel !

Ô couche première
Du premier époux !
De la terre entière,
Des champs de lumière
Parfums les plus doux !

Dans l’auguste sphère,
Parfums, qu’êtes-vous,
Près de la prière
Qui dans la poussière
S’épanche à genoux !

Près du cri d’une âme
Qui fond en sanglots,
Implore et réclame,
Et s’exhale en flamme,
Et se verse à flots !

Près de l’humble offrande
D’un enfant de lin
Dont l’extase est grande
Et qui recommande son père orphelin !

Bouche qui soupire,
Mais sans murmurer !
Ineffable lyre !
Voix qui fait sourire et qui fait pleurer !


Hugo - Oceano nox


Ecouter sur DEEZER
Composé et interprété
par Serge Kerval




Victor Hugo - (1802-1885)

Les Rayons et les ombres


Oceano nox

Oh ! combien de marins, combien de capitaines
Qui sont partis joyeux pour des courses lointaines,
En ce morne horizon se sont évanouis !
Combien ont disparu, dure et triste fortune !
Dans une mer sans fond, par une nuit sans lune,
Sous l'aveugle océan à jamais enfouis !

Combien de patrons morts avec leurs équipages !
L'ouragan de leur vie a pris toutes les pages
Et d'un souffle il a tout dispersé sur les flots !
Nul ne saura leur fin dans l'abîme plongée.
Chaque vague en passant d'un butin s'est chargée ;
L'une a saisi l'esquif, l'autre les matelots !

Nul ne sait votre sort, pauvres têtes perdues !
Vous roulez à travers les sombres étendues,
Heurtant de vos fronts morts des écueils inconnus.
Oh ! que de vieux parents, qui n'avaient plus qu'un rêve,
Sont morts en attendant tous les jours sur la grève
Ceux qui ne sont pas revenus !

On s'entretient de vous parfois dans les veillées.
Maint joyeux cercle, assis sur des ancres rouillées,
Mêle encor quelque temps vos noms d'ombre couverts
Aux rires, aux refrains, aux récits d'aventures,
Aux baisers qu'on dérobe à vos belles futures,
Tandis que vous dormez dans les goémons verts !

On demande : -- Où sont-ils ? sont-ils rois dans quelque île ?
Nous ont-ils délaissés pour un bord plus fertile ? -
Puis votre souvenir même est enseveli.
Le corps se perd dans l'eau, le nom dans la mémoire.
Le temps, qui sur toute ombre en verse une plus noire,
Sur le sombre océan jette le sombre oubli.

Bientôt des yeux de tous votre ombre est disparue.
L'un n'a-t-il pas sa barque et l'autre sa charrue ?
Seules, durant ces nuits où l'orage est vainqueur,
Vos veuves aux fronts blancs, lasses de vous attendre,
Parlent encor de vous en remuant la cendre
De leur foyer et de leur coeur !

Et quand la tombe enfin a fermé leur paupière,
Rien ne sait plus vos noms, pas même une humble pierre
Dans l'étroit cimetière où l'écho nous répond,
Pas même un saule vert qui s'effeuille à l'automne,
Pas même la chanson naïve et monotone
Que chante un mendiant à l'angle d'un vieux pont !

Où sont-ils, les marins sombrés dans les nuits noires ?
Ô flots, que vous savez de lugubres histoires !
Flots profonds redoutés des mères à genoux !
Vous vous les racontez en montant les marées,
Et c'est ce qui vous fait ces voix désespérées
Que vous avez le soir quand vous venez vers nous!