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Béranger - La mort du diable


        Ignace de Loyola, fondateur de la Compagnie de Jésus
        Polychromie de Francisco Pacheco - Chapelle de l'université - Séville

Ecouter sur DEEZER
Interprète : Arnaud Marzorati
Sur "L'air du Vilain"



Pierre Jean de Béranger - (1780-1857)


La mort du diable

Contre les Jésuites

Du miracle que je retrace
Dans ce récit des plus succincts
Rendez gloire au grand saint Ignace,
Patron de tous nos petits saints.
Par un tour, qui serait infâme
Si les saints pouvaient avoir tort,
Au diable il a fait rendre l’âme.
Le diable est mort, le diable est mort.

Satan, l’ayant surpris à table,
Lui dit : Trinquons, ou sois honni.
L’autre accepte, mais verse au diable
Dans son vin un poison béni.
Satan boit, et, pris de colique,
Il jure, il grimace, il se tord ;
Il crève comme un hérétique.
Le diable est mort, le diable est mort.

Il est mort ! disent tous les moines ;
On n’achètera plus d’agnus.
Il est mort ! disent les chanoines ;
On ne paiera plus d’oremus.
Au conclave on se désespère :
Adieu, puissance et coffre-fort !
Nous avons perdu notre père.
Le diable est mort, le diable est mort.


L’amour sert bien moins que la crainte ;
Elle nous comblait de ses dons.
L’intolérance est presque éteinte ;
Qui rallumera ses brandons ?
À notre joug si l’homme échappe,
La vérité luira d’abord :
Dieu sera plus grand que le pape.
Le diable est mort, le diable est mort.

Ignace accourt : que l’on me donne,
Leur dit-il, sa place et ses droits.
Il n’épouvantait plus personne ;
Je ferai trembler jusqu’aux rois.
Vols, massacres, guerres ou pestes,
M’enrichiront du sud au nord.
Dieu ne vivra que de mes restes.
Le diable est mort, le diable est mort.

Tous de s’écrier : Ah ! brave homme !
Nous te bénissons dans ton fiel.
Soudain son ordre, appui de Rome,
Voit sa robe effrayer le ciel.
Un chœur d’anges, l’âme contrite,
Dit : Des humains plaignons le sort ;
De l’enfer saint Ignace hérite.
Le diable est mort, le diable est mort.



Du même auteur :
La mort du diable
La petite fée
Laideur et beauté
Le cinq mai
Le grillon
Le vieux vagabond
Les adieux de Marie Stuart
Ma République
Mon habit
Waterloo

Béranger - Laideur et beauté


Ecouter sur DEEZER
Interprète : Arnaud Marzorati



Pierre-Jean de Béranger - (1780-1857)


Laideur et beauté

Sa trop grande beauté m'obsède;
C'est un masque aisément trompeur.
Oui, je voudrais qu'elle fût laide,
Mais laide, laide à faire peur.
Belle ainsi, faut-il que je l'aime!
Dieu, reprends ce don éclatant!
Je le demande à l'enfer même :
Qu'elle soit laide et que je l'aime autant.

A ces mots m'apparaît le diable,
C'est le père de la laideur.
« Rendons-la, dit-il, effroyable,
« De tes rivaux trompons l’ardeur.
« J’aime assez ces métamorphoses.
« Ta belle ici vient en chantant :
« Perles, tombez ; fanez-vous, roses.
« La voilà laide et tu l’aimes autant. »

Laide! moi! dit-elle étonnée;
Elle s'approche d'un miroir,
Doute d'abord, puis, consternée,
Tombe en un morne désespoir.
« Pour moi seul tu jurais de vivre,
« Lui dis-je, à ses pieds me jetant :
« À mon seul amour il te livre.
« Plus laide encor, je t’aimerais autant. »

Ses yeux éteints fondent en larmes,
Alors sa douleur m'attendrit :
« Ah! rendez, rendez-lui ses charmes! »
Soit, répond Satan qui sourit.
Ainsi que naît la fraîche aurore,
Sa beauté renaît à l'instant.
Elle est, je crois, plus belle encore;
Elle est plus belle et moi je l'aime autant.

Vite, au miroir elle s'assure
Qu'on lui rend bien tous ses appas;
Des pleurs restent sur sa figure
Qu'elle essuie en grondant tout bas.
Satan s'envole et la cruelle
Fuit et s'écrie en me quittant :
«Jamais fille que Dieu fit belle
«Ne doit aimer qui peut l'aimer autant.»



Du même auteur :
La mort du diable
La petite fée
Laideur et beauté
Le cinq mai
Le grillon
Le vieux vagabond
Les adieux de Marie Stuart
Ma République
Mon habit
Waterloo

Béranger - Mon habit


Ecouter sur DEEZER
Compositeur : Charles Gounod
Interprète : Arnaud Marzorati



Pierre Jean de Béranger (1780-1857)


Mon habit

Sois-moi fidèle, ô pauvre habit que j'aime !
Ensemble nous devenons vieux.
Depuis dix ans je te brosse moi-même,
Et Socrate n'eut pas fait mieux !
Quand le sort à ta mince étoffe
Livrerait de nouveaux combats,
Imite-moi, résiste en philosophe:
Mon vieil ami, ne nous séparons pas.

Je me souviens, car j'ai bonne mémoire,
De premier jour où je te mis.
C'était ma fête, et pour comble de gloire,
Tu fus chanté par mes amis.
Ton indigence, qui m'honore,
Ne m'a point banni de leur bras,
Tous ils sont prêts à nous fêter encore:
Mon vieil ami, ne nous séparons pas.

A ton revers j'admire une reprise;
C'est encore au doux souvenir.
Feignant un jour de fuir la tendre Lise,
Je sens sa main me retenir.
On te déchire, et cet outrage
Auprès d'elle enchaîne mes pas.
Lisette a mis deux jours à tant d'ouvrage:
Mon vieil ami, ne nous séparons pas.

Ne crains plus tant ces jours de courses vaines
Où notre destin fut pareil;
Ces jours mêlés de plaisirs et de peines,
Mêlés de pluie et de soleil.
Je dois bientôt, il me le semble,
Mettre pour jamais habit bas.
Attends un peu; nous finirons ensemble:
Mon vieil ami, ne nous séparons pas.



Du même auteur :
La mort du diable
La petite fée
Laideur et beauté
Le cinq mai
Le grillon
Le vieux vagabond
Les adieux de Marie Stuart
Ma République
Mon habit
Waterloo

Béranger - Le vieux vagabond

Ecouter sur DEEZER
Compositeur : Pierre Jean de Béranger
Interprète : Arnaud Marzorati



Pierre Jean de Béranger (1780-1857)


Le vieux vagabond

Dans ce fossé cessons de vivre,
Je finis vieux, infirme et las.
Les passants vont dire: il est ivre!
Tant mieux: Ils ne me plaindront pas.
J'en vois qui détournent la tête;
D'autres me jettent quelques sous.
Courez vite; allez à la fête,
Vieux vagabond, je puis mourir sans vous.

Oui, je meurs ici de vieillesse,
Parce qu'on ne meurt pas de faim.
J'espérais voir de ma détresse
L'hôpital adoucir la fin.
Mais tout est plein dans chaque hospice,
Tant le peuple est infortuné.
La rue, hélas! fut ma nourrice:
Vieux vagabond, mourons où je suis né.

Aux artisans, dans mon jeune âge,
J'ai dit: qu'on m'enseigne un métier.
Va, nous n'avons pas trop d'ouvrage,
Répondaient-ils; va mendier.
Riches qui me disiez: Travaille,
J'eus bien des os de vos repas;
J'ai bien dormi sur votre paille:
Vieux vagabond, je ne vous maudis pas.

J'aurais pu voler, moi pauvre homme;
Mais non: mieux vaut tendre la main:
Au plus, j'ai dérobé la pomme
Qui mûrit au bord du chemin.
Vingt fois pourtant on me verrouille
Dans les cachots, de par le roi.
De mon seul bien l'on me dépouille:
Vieux vagabond, le soleil est à moi.

La pauvre a-t-il une patrie?
Que me font vos vins et vos blés,
Votre gloire et votre industrie,
Et vos orateurs assemblés?
Dans vos murs ouverts à ses armes,
Lorsque l'étranger s'engraissait,
Comme un sot j'ai versé des larmes:
Vieux vagabond, sa main me nourrissait.

Comme un insecte, fait pour nuire,
Hommes, que ne m'écrasiez vous?
Ah! plutôt deviez m'instruire
A travailler au bien de tous.
Mis à l'abri du vent contraire
Le ver fût devenu fourmi;
Je vous aurais chéris en frère:
Vieux vagabond, je meurs votre ennemi.



Du même auteur :
La mort du diable
La petite fée
Laideur et beauté
Le cinq mai
Le grillon
Le vieux vagabond
Les adieux de Marie Stuart
Ma République
Mon habit
Waterloo