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Ecouter sur DEEZER Composé et interprété par Marc Robine |
René Guy Cadou (1920-1951)
Les maisons du destin
Il y a des maisons dont je n'approche guère
Que par un mouvement timide de la main
Comme s'il s'agissait d'un cheval de barrière
Habitué à des caresses de forain
Des maisons qui n'ont rien pour elles que des portes
Toujours béantes sur la tartine d'un enfant
Et des étages aux lingeries désespérantes
Que ne parvient à regonfler un maigre vent
J'écoute avant d'entrer le bruissement de pierre
Que font au bord du ciel ces maisons du destin
La pluie d'avril ne chante pas dans les gouttières
Bouchées par un caillot de sang gros comme un poing
Une femme en cheveux qui n'a que sa tristesse
Au-dessus de la rue penche pour y tomber
Le ciel vacille avec des lueurs de lampe à graisse
Très loin parmi de hautes cheminées
Et je monte en tremblant une marche après l'autre
Ainsi qu'un affamé domestique sa faim
Ce soir j'ai du salpêtre sous les côtes
Eblouissant comme une étoile de chagrin
Et je veille avec vous cette ville dormeuse
Enroulée mollement dans la fumée des trains
Tandis que sous le front glacé d'une veilleuse
S'insinue un peu plus de désespoir humain.
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