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Paul Bourget - Voici que le Printemps

        Le Plantier de Costebelle à Hyères où Paul Bourget s'installe en 1896

Ecouter sur DEEZER
Interprétation : Véronique Dietschy
Composition : Claude Debussy




Paul Bourget - (1852-1935)


Voici que le printemps

Voici que le printemps, ce fils léger d'Avril,
Beau page en pourpoint vert brodé de roses blanches.
Paraît, leste, fringant, et les poings sur les hanches,
Comme un prince acclamé revient d'un long exil.

Les branches des buissons verdis rendent étroite
La route qu'il poursuit en dansant comme un fol;
Sur son épaule gauche il porte un rossignol,
Un merle s'est posé sur son épaule droite.

Et les fleurs qui dormaient sous les mousses des bois
Ouvrent leurs yeux où flotte une ombre vague et tendre,
Et sur leurs petits pieds se dressent, pour entendre
Les deux oiseaux siffler et chanter à la fois.

Car le merle sifflote et le rossignol chante :
Le merle siffle ceux qui ne sont pas aimés,
Et pour les amoureux languissants et charmés,
Le rossignol prolonge une chanson touchante.



Du même auteur :
Beau soir
La romance d'Ariel
Novembre (Praeterita)
Romance
Sérénade italienne
Silence ineffable de l'heure
Voici que le printemps

Couté - L'amour anarchiste

Ecouter sur DEEZER
Composé et interprété
par Marc Robine




Gaston Couté - (1880-1911)


L'amour anarchiste

Le gars était un tâcheron
N’ayant que ses bras pour fortune ;
La fille : celle du patron,
Un gros fermier de la commune.
Ils s’aimaient tous deux tant et plus.
Ecoutez ça, les bonnes gens
Petits de coeur et gros d’argent !
Ecoutez ça ils s’aimaient tant et plus
L’Amour, ça se fout des écus !

Lorsqu’ils s’en revenaient du bal
Par les minuits clairs d’assemblée,
Au risque d’un procès-verbal,
Ils faisaient de larges roulées
Au plein des blés profonds et droits,
Ecoutez ça, les bonnes gens
Qu’un bicorne rend grelottants !
Ecoutez ça des blés profonds et droits
L’Amour, ça se fout de la Loi !

Un jour, s’en furent tous deux prier
Elle : son père ! Et lui : son maître !
De les laisser se marier.
Mais le vieux les envoya paître ;
ALors, ils prirent la clé des champs.
Ecoutez ça, les bonnes gens
Qui respectez les cheveux blancs !
Ecoutez ça ils prirent la clé des champs
L’Amour, ça se fout des parents !

S’en furent dans quelque cité,
Loin des labours et des jachères ;
Passèrent ensemble un été,
Puis, tout d’un coup, ils se fâchèrent
Et se quittèrent bêtement.
Ecoutez ça, les bonnes gens
Mariés, cocus et puis contents !
Ecoutez ça ils se quittèrent bêtement
L’Amour, ça se fout des amants !


Gautier - Seule


        Elly Ameling

Ecouter sur DEEZER
Interprétation : Elly Ameling
Composition : Gabriel Fauré




Theophile Gautier - (1811-1872)

Poésies diverses


Seule

Dans un baiser, l'onde au rivage
Dit ses douleurs:
Pour consoler la fleur sauvage,
L'aube a des pleurs;
Le vent du soir conte sa plainte
Aux vieux cyprès,
La tourterelle au térébinthe
Ses longs regrets.

Aux flots dormants, quand tout repose,
Hors la douleur,
La lune parle, et dit la cause
De sa pâleur.
Ton dôme blanc, Sainte-Sophie,
Parle au ciel bleu,
Et, tout rêveur, le ciel confie
Son rêve à Dieu.

Arbre ou tombeau, colombe ou rose,
Onde ou rocher,
Tout, ici-bas, a quelque chose
Pour s'épancher...
Moi, je suis seul, et rien au monde
Ne me répond,
Rien que ta voix morne et profonde,
Sombre Hellespont!


Corbière - La fin

Ecouter sur DEEZER
Interprétation : Monique Morelli
Composition : Lino Leonardi



Tristan Corbière (1845-1875)


La fin

OCEANO NOX revu et corrigé

Eh bien, tous ces marins – matelots, capitaines,
Dans leur grand Océan à jamais engloutis…
Partis insoucieux pour leurs courses lointaines
Sont morts – absolument comme ils étaient partis.

Allons ! c’est leur métier ; ils sont morts dans leurs bottes !
Leur boujaron au cœur, tout vifs dans leurs capotes…
Morts… Merci : la Camarde a pas le pied marin ;
Qu’elle couche avec vous : c’est votre bonne femme…
Eux, allons donc : Entiers ! enlevés par la lame !
Ou perdus dans un grain…

Un grain… est-ce la mort ça ? la basse voilure
Battant à travers l’eau ! – Ça se dit encombrer…
Un coup de mer plombé, puis la haute mâture
Fouettant les flots ras – et ça se dit sombrer.

Sombrer – Sondez ce mot. Votre mort est bien pâle
Et pas grand’chose à bord, sous la lourde rafale…
Pas grand’chose devant le grand sourire amer
Du matelot qui lutte. – Allons donc, de la place !
Vieux fantôme éventé, la Mort change de face :
La Mer !…

Noyés ? – Eh allons donc ! Les noyés sont d’eau douce.
Coulés ! corps et biens ! Et, jusqu’au petit mousse,
Le défi dans les yeux, dans les dents le juron !
À l’écume crachant une chique râlée,
Buvant sans hauts-de-cœur la grand’ tasse salée…
Comme ils ont bu leur boujaron.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Pas de fond de six pieds, ni rats de cimetière :
Eux ils vont aux requins ! L’âme d’un matelot
Au lieu de suinter dans vos pommes de terre,
Respire à chaque flot.


Voyez à l’horizon se soulever la houle ;
On dirait le ventre amoureux
D’une fille de joie en rut, à moitié soûle…
Ils sont là ! – La houle a du creux. –

Écoutez, écoutez la tourmente qui beugle !…
C’est leur anniversaire – Il revient bien souvent –
Ô poète, gardez pour vous vos chants d’aveugle ;
Eux : le De profundis que leur corne le vent.

Qu’ils roulent infinis dans les espaces vierges !…
Qu’ils roulent verts et nus,
Sans clous et sans sapin, sans couvercle, sans cierges…
Laissez-les donc rouler, terriens parvenus !



Du même auteur :
A la mémoire de Zulma
La fin
Laisser-courre
Paria
Point n’ai fait un tas d’océans
Rondel
Sonnet à Sir Bob
Sonnet posthume

Racine - Athalie

Ecouter sur DEEZER
Interprétation : Felicity Lott et Ann Murray
Composition : Charles Gounod



Jean Racine (1639-1699)


Athalie - Fin du IIIe acte

D’un coeur qui t’aime,
Mon Dieu, qui peut troubler la paix ?
Il cherche en tout ta volonté suprême,
Et ne se cherche jamais.
Sur la terre, dans le ciel même,
Est-il d’autre bonheur que la tranquille paix
D’un coeur qui t’aime?



Du même auteur :
Athalie
Cantique
Hymne
Sur le bonheur des justes

Charles Cros - Aux imbéciles

                Publicité pour le cabaret du Chat Noir
                où Charles Cros récitait ses poèmes (d'après un dessin de Poulbot)


Ecouter sur DEEZER
Composé et interpété
par Jean-Luc Debattice




Charles Cros - (1842-1888)


Aux imbéciles

Quant nous irisons
Tous nos horizons
D'émeraudes et de cuivre,
Les gens bien assis
Exempts de soucis
Ne doivent pas nous poursuivre.

On devient très fin,
Mais on meurt de faim,
A jouer de la guitare,
On n'est emporté,
L'hiver ni l'été,
Dans le train d'aucune gare.

Le chemin de fer
Est vraiment trop cher.
Le steamer fendeur de l'onde
Est plus cher encor ;
Il faut beaucoup d'or
Pour aller au bout du monde.

Donc, gens bien assis,
Exempts de soucis,
Méfiez-vous du poète,
Qui peut, ayant faim,
Vous mettre, à la fin,
Quelques balles dans la tête.


Albert Samain - Soir

Albert Samain

Ecouter sur DEEZER
Interprétation : Renée Doria
Composition : Gabriel Fauré



Albert Samain (1858-1900)


Soir

Voici que les jardins de la nuit vont fleurir.
Les lignes, les couleurs, les sons deviennent vagues;
Vois! le dernier rayon agonise à tes bagues,
Ma soeur, entends-tu pas quelque chose mourir?

Mets sur mon front tes mains fraîches comme une eau pure,
Mets sur mes yeux tes mains douces comme des fleurs,
Et que mon âme où vit le goût secret des pleurs.
Soit comme un lys fidèle et pâle à ta ceinture!

C'est la pitié qui pose ainsi son doigt sur nous,
Et tout ce que la terre a de soupirs qui montent,
Il semble, qu'à mon coeur enivré, le racontent
Tes yeux levés au ciel, si tristes et si doux!



Du même auteur :
Accompagnement
Arpège
Il pleut des pétales de fleurs
Larmes
Le sommeil de Canope
Les colombes
Réveil
Soir
Soir païen
Ville morte

Samain - Arpège

Ecouter sur DEEZER
Interprétation : Renée Doria
Composition : Gabriel Fauré



Albert Samain (1858-1900)


Arpège

L'âme d'une flûte soupire
Au fond du parc mélodieux;
Limpide est l'ombre où l'on respire
Ton poème silencieux,

Nuit de langueur, nuit de mensonge,
Qui poses, d'un geste ondoyant,
Dans ta chevelure de songe
La lune, bijou d'Orient.

Sylva, Sylvie et Sylvanire,
Belles au regard bleu changeant,
L'étoile aux fontaines se mire.
Allez par les sentiers d'argent,

Allez vite, l'heure est si brève,
Cueillir au jardin des aveux,
Les coeurs qui se meurent du rêve
De mourir parmi vos cheveux...



Du même auteur :
Accompagnement
Arpège
Il pleut des pétales de fleurs
Larmes
Le sommeil de Canope
Les colombes
Réveil
Soir
Soir païen
Ville morte

Apollinaire - Souris

                Calligramme de souris
Ecouter sur DEEZER
Interprété par Sophie de Tilesse
sur une musique de Louis Durey

Ecouter sur DEEZER
Interprété par Félicity Lott
sur une musique de Francis Poulenc




Guillaume Apollinaire - (1880-1918)

Le bestiaire (1911)


Souris

Belles journées, souris du temps,
Vous rongez peu à peu ma vie.
Dieu! Je vais avoir vingt-huit ans,
Et mal vécus, à mon envie.


La Fontaine - Le Chêne et le Roseau

                        Illustration d'Hippolyte Lecomte

Ecouter sur DEEZER
Interprétation : J.M. et Anny Versini
Composition : Jean-Marc Versini




Jean de la Fontaine - (1621-1695)


Le Chêne et le Roseau

Le Chêne un jour dit au Roseau :
« Vous avez bien sujet d’accuser la Nature ;
Un Roitelet pour vous est un pesant fardeau.
Le moindre vent, qui d’aventure
Fait rider la face de l’eau,
Vous oblige à baisser la tête :
Cependant que mon front, au Caucase pareil,
Non content d’arrêter les rayons du soleil,
Brave l’effort de la tempête.
Tout vous est Aquilon, tout me semble Zéphyr.
Encor si vous naissiez à l’abri du feuillage
Dont je couvre le voisinage,
Vous n’auriez pas tant à souffrir :
Je vous défendrais de l’orage ;
Mais vous naissez le plus souvent
Sur les humides bords des Royaumes du vent.
La nature envers vous me semble bien injuste.
- Votre compassion, lui répondit l’Arbuste,
Part d’un bon naturel ; mais quittez ce souci.
Les vents me sont moins qu’à vous redoutables.
Je plie, et ne romps pas. Vous avez jusqu’ici
Contre leurs coups épouvantables
Résisté sans courber le dos ;
Mais attendons la fin. « Comme il disait ces mots,
Du bout de l’horizon accourt avec furie
Le plus terrible des enfants
Que le Nord eût portés jusque-là dans ses flancs.
L’Arbre tient bon ; le Roseau plie.
Le vent redouble ses efforts,
Et fait si bien qu’il déracine
Celui de qui la tête au Ciel était voisine
Et dont les pieds touchaient à l’Empire des Morts.


Henri de Régnier - Chanson

Henri de Régnier

Ecouter sur DEEZER
Interprétation : Elly Ameling
Composition : Gabriel Fauré



Henri de Régnier (1864-1936)


La sandale ailée - Chanson

Que me fait toute la terre
Inutile où tu n'as pas
En marchant marqué ton pas
Dans le sable ou la poussière!

Il n'est de fleuve attendu
Par ma soif qui s'y étanche
Que l'eau qui sourd et s'épanche
De la source où tu as bu;

La seule fleur qui m'attire
Est celle où je trouverai
Le souvenir empourpré
De ta bouche et de ton rire;

Et, sous la courbe des cieux,
La mer pour moi n'est immense
Que parce qu'elle commence
À la couleur de tes yeux.



Du même auteur :
Chanson
Le départ
Le jardin mouillé
Les fontaines
Odelette IV
Voeu

Daudet - Trois jours de vendange

Julia Allard par Auguste Renoir

Ecouter sur DEEZER
Interprétation : Susan Graham
Composition : Reynaldo Hahn



Alphonse Daudet (1840-1897)


Trois jours de vendange

Je l'ai rencontrée un jour de vendange,
La jupe troussée et le pied mignon,
Point de guimpe jaune et point de chignon,
L'air d'une bacchante et les yeux d'un ange.
Suspendue au bras d'un doux compagnon,
Je l'ai rencontrée aux champs d'Avignon,
Un jour de vendange.

Je l'ai rencontrée un jour de vendange,
La plaine était morne et le ciel brûlant.
Elle marchait seule et d'un pas tremblant,
Son regard brillait d'une flamme étrange
Je frissonne encore en me rappelant
Comme je te vis, cher fantôme blanc,
Un jour de vendange.

Je l'ai rencontrée un jour de vendange,
Et j'en rêve encore presque tous les jours:
Le cercueil était couvert en velours,
Le drap noir portait une double frange.
Les soeurs d'Avignon pleuraient tout autour.
La vigne avait trop de raisin
L'Amour avait fait la vendange.


Desnos - L'éléphant qui n'a qu'une patte

Ecouter sur DEEZER
Composé et interprété
par Michèle Bernard



Robert Desnos (1900-1945) - Destinée arbitraire


L’éléphant qui n’a qu’une patte

L’éléphant qui n’a qu’une patte
A dit à Ponce Pilate
Vous êtes bien heureux d’avoir deux mains,
Ça doit vous consoler d’être Consul romain.

Tandis que moi sans canne et sans jambe en bois
Je suis comme un héron et jamais je ne cours et jamais je ne bois
Et je ne parle pas des soins qu’il me faut prendre
Pour monter l’escalier qui conduit à ma chambre.

J’aimerais tant laver mes mains avec un savon rose
Avec du Palmolive avec du Cadum
Car il faut être propre et ne puis me laver
Et j’ai l’air ridicule debout sur le pavé.

Je n’ai pour consoler cette tristesse affreuse
Que ma trompe pareille aux tuyaux d’incendie
Et si je mets le pied dans le plat
Il y reste et l’on ne peut le manger à la sauce poulette.

Plaignez, Ponce Pilate, plaignez cette misère
Il n’y en a pas de plus grande sur terre
Vous êtes bien heureux de laver vos deux mains
Ça doit vous consoler d’être Consul romain.


Henri de Régnier - Les Fontaines

                        Henri de Régnier par Felix Vallotton

Ecouter sur DEEZER
Interprétation : Susan Graham
Composition : Reynaldo Hahn



Henri de Régnier (1864-1936)


Les fontaines

Pour que ton rire clair, jeune, tendre et léger,
S'épanouisse en fleur sonore,
Il faut qu'Avril verdisse aux pousses du verger,
Plus vertes d'aurore en aurore.
Il faut que l'air égal annonce le printemps,
Et que la première hirondelle
Rase d'un vol aigu les roseaux de l'étang
Qui mire son retour fidèle!
Mais quoiqué l'écho rie à ton rire avec toi,
Goutte à goutte et d'une eau lointaine,
N'entends-tu pas gémir et répondre à ta voix
La plainte faible des fontaines?



Du même auteur :
Chanson
Le départ
Le jardin mouillé
Les fontaines
Odelette IV
Voeu

Verlaine - Sérénade

Ecouter sur DEEZER
Composé et interprété
par Léo Ferré



Paul Verlaine - (1844-1896)

Poèmes saturniens


Sérénade

Comme la voix d’un mort qui chanterait
Du fond de sa fosse,
Maîtresse, entends monter vers ton retrait
Ma voix aigre et fausse.

Ouvre ton âme et ton oreille au son
De ma mandoline :
Pour toi j’ai fait, pour toi, cette chanson
Cruelle et câline.

Je chanterai tes yeux d’or et d’onyx
Purs de toutes ombres,
Puis le Léthé de ton sein, puis le Styx
De tes cheveux sombres.

Comme la voix d’un mort qui chanterait
Du fond de sa fosse,
Maîtresse, entends monter vers ton retrait
Ma voix aigre et fausse.

Puis je louerai beaucoup, comme il convient,
Cette chair bénie
Dont le parfum opulent me revient
Les nuits d’insomnie.

Et pour finir, je dirai le baiser
De ta lèvre rouge,
Et ta douceur à me martyriser,
Mon Ange ! Ma Gouge !

Ouvre ton âme et ton oreille au son
De ma mandoline :
Pour toi j’ai fait, pour toi, cette chanson
Cruelle et câline.


Verlaine - Mon fils est mort


        Composé et interprété par Léo Ferré




Paul Verlaine - Lucien Létinois


Mon fils est mort

Mon fils est mort. J’adore, ô mon Dieu, votre loi.
Je vous offre les pleurs d’un cœur presque parjure,
Vous châtiez bien fort et parferez la foi
Qu’alanguissait l’amour pour une créature.

Vous châtiez bien fort. Mon fils est mort, hélas !
Vous me l’aviez donné, voici que votre droite
Me le reprend à l’heure où mes pauvres pieds las
Réclamaient ce cher guide en cette route étroite.

Vous me l’aviez donné, vous me le reprenez :
Gloire à vous ! J’oubliais beaucoup trop votre gloire
Dans la langueur d’aimer mieux les trésors donnés
Que le Munificent de toute cette histoire.

Vous me l’aviez donné, je vous le rends très pur,
Tout pétri de vertu, d’amour et de simplesse.
C’est pourquoi, pardonnez, Terrible, à celui sur
Le cœur de qui, Dieu fort, sévit cette faiblesse.

Et laissez-moi pleurer et faites-moi bénir
L’élu dont vous voudrez certes que la prière
Rapproche un peu l’instant si bon de revenir
À lui dans Vous, Jésus, après ma mort, dernière.


Verlaine - Il patinait merveilleusement

Ecouter sur DEEZER
Composé et interprété
par Léo Ferré



Paul Verlaine - (1844-1896)

Amours - Lucien Létinois


Il patinait merveilleusement

Il patinait merveilleusement,
S’élançant, qu’impétueusement !
R’arrivant si joliment vraiment.

Fin comme une grande jeune fille.
Brillant, vif et fort, telle une aiguille,
La souplesse, l’élan d’une anguille.

Des jeux d’optique prestigieux,
Un tourment délicieux des yeux,
Un éclair qui serait gracieux.

Parfois il restait comme invisible.
Vitesse en route vers une cible
Si lointaine, elle-même invisible…

Invisible de même aujourd’hui.
Que sera-t-il advenu de lui ?
Que sera-t-il advenu de lui?


Eluard - Je te l'ai dit pour les nuages

Ecouter sur DEEZER
Interprétation : Jenifer
Composition : Charlène Juarez



Paul Eluard - (1895-1952)


Je te l’ai dit pour les nuages

Je te l’ai dit pour les nuages
Je te l’ai dit pour l’arbre de la mer
Pour chaque vague pour les oiseaux dans les feuilles
Pour les cailloux du bruit
Pour les mains familières
Pour l’œil qui devient visage ou paysage
Et le sommeil lui rend le ciel de sa couleur
Pour toute la nuit bue
Pour la grille des routes
Pour la fenêtre ouverte pour un front découvert
Je te l’ai dit pour tes pensées pour tes paroles
Toute caresse toute confiance se survivent.


Hugo - Si mes vers avaient des ailes

Renée Doria

La lecture de ce texte est insupportable au XXIe siècle
mais les versions chantées sont intéressantes.

Ecouter sur DEEZER
Composition : Reynaldo Hahn
Interprétation Renée Doria



Victor Hugo (1802-1885)


Si mes vers avaient des ailes

Mes vers fuiraient, doux et frêles,
Vers votre jardin si beau,
Si mes vers avaient des ailes,
Des ailes comme l'oiseau.

Ils voleraient, étincelles,
Vers votre foyer qui rit,
Si mes vers avaient des ailes,
Des ailes comme l'esprit.

Près de vous, purs et fidèles,
Ils accourraient, nuit et jour,
Si mes vers avaient des ailes,
Des ailes comme l'amour!



Ecouter sur DEEZER
Version Bossa Nova
par Bertrand Pierre

Villon - Ballade à s'amie

Ecouter sur DEEZER
Interprète : Jan Van der Crabben
Compositeur : Claude Debussy




François Villon - (1431-1463?)


Ballade à s'amye

Fausse beauté qui tant me coûte cher,
Rude en effet, hypocrite douceur,
Amour dure plus que fer à mâcher,
Nommer que puis, de ma défaçon seur,
Charme félon, la mort d'un pauvre coeur,
Orgueil mussé qui gens met au mourir,
Yeux sans pitié, ne veut droit de rigueur,
Sans empirer, un pauvre secourir ?

Mieux m'eût valu avoir été crier
Ailleurs secours, c'eût été mon bonneur ;
Rien ne m'eût su hors de ce fait hâcher :
Trotter m'en faut en fuite et déshonneur.
Haro, haro, le grand et le mineur !
Et qu'est ceci ? Mourrai sans coup férir ?
Ou Pitié peut, selon cette teneur,
Sans empirer, un pauvre secourir ?

Un temps viendra qui fera dessécher,
Jaunir, flétrir votre épanie fleur ;
Je en risse lors, se tant pusse mâcher,
Las ! mais nenni, ce seroit donc foleur :
Vieil je serai, vous laide et sans couleur ;
Or buvez fort, tant que ru peut courir ;
Ne donnez pas à tous cette douleur,
Sans empirer, un pauvre secourir.

Prince amoureux, des amants le graigneur,
Votre mal gré ne voudroie encourir,
Mais tout franc coeur doit, par Notre Seigneur,
Sans empirer, un pauvre secourir.


Aznavour - A ma fille


                                Charles Aznavour et sa fille Katia

Ecouter la version
interprétée par Garou
Composition : Charles Aznavour
- Diffusé par DEEZER -

Ecouter la version originale
Interprétation : Charles Aznavour
Composition : Charles Aznavour
- Diffusé par DEEZER -



Charles Aznavour - (1924 - 2018)


A ma fille

Je sais qu'un jour viendra car la vie le commande
Ce jour que j'appréhende où tu nous quitteras
Je sais qu'un jour viendra où triste et solitaire
En soutenant ta mère et en traînant mes pas
Je rentrerai chez nous dans un "chez nous" désert
Je rentrerai chez nous où tu ne seras pas

Toi tu ne verras rien des choses de mon cœur
Tes yeux seront crevés de joie et de bonheur
Et j'aurai un rictus que tu ne connais pas
Qui semble être un sourire ému mais ne l'est pas
En taisant ma douleur à ton bras fièrement
Je guiderai tes pas quoique j'en pense ou dise
Dans le recueillement d'une paisible église
Pour aller te donner à l'homme de ton choix
Qui te dévêtira du nom qui est le nôtre
Pour t'en donner un autre que je ne connais pas

Je sais qu'un jour viendra tu atteindras cet âge
Où l'on force les cages ayant trouvé sa voie
Je sais qu'un jour viendra, l'âge t'aura fleurie
Et l'aube de ta vie ailleurs se lèvera
Et seul avec ta mère le jour comme la nuit
L'été comme l'hiver nous aurons un peu froid

Et lui qui ne sait rien du mal qu'on s'est donné
Lui qui n'aura rien fait pour mûrir tes années
Lui qui viendra voler ce dont j'ai le plus peur
Notre part de passé, notre part de bonheur
Cet étranger sans nom, sans visage
Oh! combien je le hais
Et pourtant s'il doit te rendre heureuse
Je n'aurai envers lui nulle pensée haineuse
Mais je lui offrirai mon cœur avec ta main
Je ferai tout cela en sachant que tu l'aimes
Simplement car je t'aime
Le jour, où il viendra



Du même auteur :
A ma fille
Hier encore
Sa jeunesse

Carême - Les anges musiciens

Ange jouant du luth, fresque (1480), Musée du Vatican
par Melozzo da Forli


Ecouter sur DEEZER
Interprétation : Mady Mesplé
Composition : Francis Poulenc




Maurice Carême - (1899-1978)


Les anges musiciens

Sur les fils de la pluie,
Les anges du jeudi
Jouent longtemps de la harpe.
Et sous leurs doigts, Mozart
Tinte, délicieux,
En gouttes de joie bleue
Car c’est toujours Mozart
Que reprennent sans fin
Les anges musiciens
Qui, au long du jeudi,
Font chanter sur la harpe
La douceur de la pluie.



Du même auteur :
Du bleu
Il pleut doucement, ma mère
L'eau passe
La reine de coeur
La tour Eiffel
Le carafon
Le givre
Les anges musiciens

Cadou - Chambre d'hiver

     Pierre Bonnard - La fenêtre ouverte 1921 - Collection Phillips

Ecouter sur DEEZER
Composé et interprété
par Michèle Bernard



René Guy Cadou (1920-1951)


Chambre d'hiver

Des milles chambres où j'ai vécu
La plus belle était un violon
Le manteau de la cheminée
Cachait une âme disparue

Sous le vieux cèdre de la lampe
Après une longue journée
Je m'attardais j'avais des craintes
Pour la suite des années

Mais soudain la lumière éteinte
Quelle est cette voix inouïe
Comme un fruit de coloquinte
Qui éclate dans la nuit?

Est-ce un enfant qu'on pourchasse
Dans la rue à coup de fouet
Un cirque fantôme qui passe
Trombonant sur les marais

C'est la corde du coeur qui casse
Et tout ce qui vient après
N'est que la plainte en surface
D'un amour qui se défait.



Du même auteur :
Anthologie
Automne
Chambre d'hiver
Etrange douceur
Hélène
Je t'attendais ainsi qu'on attend les navires
L'alphabet de la mort
L'aventure marine
La fleur rouge
Le temps des villas vides
Les chevaux de l'amour
Les femmes d'Ouessant
Les maisons du destin
Lettre à des amis perdus
Louisfert
Testament

Charles d'Orléans - Priez pour Paix

Ecouter sur DEEZER
Interprété par Béatrice Gobin
Compositeur : Francis Poulenc




Charles d'Orléans 1391-1463


Priez pour Paix

Priez pour paix, douce Vierge Marie,
Reine des cieux et du monde maistresse,
Faites prier, par vostre courtoisie,
Saints et saintes, et prenez vostre adresse
Vers vostre fils, requérant sa hautesse
Qu’il lui plaise son peuple regarder
Que de son sang a voulu racheter,
En déboutant guerre qui tout desvoie ;
De prières ne vous veuillez lasser,
Priez pour paix, le vrai trésor de joie.

Priez, prélats et gens de sainte vie,
Religieux, ne dormez en paresse,
Priez, maistres et tous suivant clergie,
Car par guerre faut que l’estude cesse ;
Moustiers destruits sont sans qu’on les redresse,
Le service de Dieu vous faut laisser,
Quand ne pouvez en repos demeurer ;
Priez si fort que briefment Dieu vous oie,
L’Eglise veut à ce vous ordonner ;
Priez pour paix, le vrai trésor de joie.

Priez, princes qui avez seigneurie,
Rois, ducs, comtes, barons pleins de noblesse,
Gentils hommes avec chevalerie ;
Car meschants gens surmontent gentillesse ;
En leurs mains ont toute vostre richesse,
Débats les font en haut estat monter,
Vous le pouvez chascun jour voir à clair,
Et sont riches de vos biens et monnoie,
Dont vous deussiez le peuple supporter ;
Priez pour paix, le vrai trésor de joie.

Priez, peuples qui souffrez tyrannie,
Car vos seigneurs sont en telle faiblesse
Qu’ils ne peuvent vous garder pour maistrie,
Ni vous aider en votre grand destresse ;
Loyaux marchands, la selle si vous blesse
Fort sur le dos, chacun vous vient presser
Et ne pouvez marchandise mener,
Car vous n’avez sûr passage ni voie,
En maint péril vous convient-il passer ;
Priez pour paix, le vrai trésor de joie.

ENVOI

Dieu tout-puissant nous vueille conforter
Toutes choses en terre, ciel et mer,
Priez vers lui que brief en tout pourvoie ;
En lui seulement est de tous maux amender ;
Priez pour paix, le vrai trésor de joie.


La Fontaine - La Laitière et le Pot au lait

                Illustration de Calvet-Rogniat

Ecouter la version chantée
Interprétation : Les Frères Jacques
Composition : Georges van Parys
- Diffusé par DEEZER -
Ecouter sur DEEZER
Interprétation : Anny Versini
Composition : A. & J.M. Versini




Jean de la Fontaine - (1621-1695)


La Laitière et le Pot au lait

Perrette sur sa tête ayant un Pot au lait
Bien posé sur un coussinet,
Prétendait arriver sans encombre à la ville.
Légère et court vêtue elle allait à grands pas ;
Ayant mis ce jour-là, pour être plus agile,
Cotillon simple, et souliers plats.
Notre laitière ainsi troussée
Comptait déjà dans sa pensée
Tout le prix de son lait, en employait l’argent,
Achetait un cent d’oeufs, faisait triple couvée ;
La chose allait à bien par son soin diligent.
Il m’est, disait-elle, facile,
D’élever des poulets autour de ma maison :
Le Renard sera bien habile,
S’il ne m’en laisse assez pour avoir un cochon.
Le porc à s’engraisser coûtera peu de son ;
Il était quand je l’eus de grosseur raisonnable :
J’aurai le revendant de l’argent bel et bon.
Et qui m’empêchera de mettre en notre étable,
Vu le prix dont il est, une vache et son veau,
Que je verrai sauter au milieu du troupeau ?
Perrette là-dessus saute aussi, transportée.
Le lait tombe ; adieu veau, vache, cochon, couvée ;
La dame de ces biens, quittant d’un oeil marri
Sa fortune ainsi répandue,
Va s’excuser à son mari
En grand danger d’être battue.
Le récit en farce en fut fait ;
On l’appela le Pot au lait.

Quel esprit ne bat la campagne ?
Qui ne fait châteaux en Espagne ?
Picrochole, Pyrrhus, la Laitière, enfin tous,
Autant les sages que les fous ?
Chacun songe en veillant, il n’est rien de plus doux :
Une flatteuse erreur emporte alors nos âmes :
Tout le bien du monde est à nous,
Tous les honneurs, toutes les femmes.
Quand je suis seul, je fais au plus brave un défi ;
Je m’écarte, je vais détrôner le Sophi ;
On m’élit roi, mon peuple m’aime ;
Les diadèmes vont sur ma tête pleuvant :
Quelque accident fait-il que je rentre en moi-même ;
Je suis gros Jean comme devant.


Mallarmé - Renouveau

        Odilon Redon - Composition de Fleurs

Ecouter sur DEEZER
Composition Henri Sauguet
Interprétation : Jean-François Gardeil



Stéphane Mallarmé (1842-1898)


Renouveau

Le printemps maladif a chassé tristement
L'hiver, saison de l'art serein, l'hiver lucide,
Et, dans mon être à qui le sang morne préside
L'impuissance s'étire en un long bâillement.

Des crépuscules blancs tiédissent sous mon crâne
Qu'un cercle de fer serre ainsi qu'un vieux tombeau
Et triste, j'erre après un rêve vague et beau,
Par les champs où la sève immense se pavane

Puis je tombe énervé de parfums d'arbres, las,
Et creusant de ma face une fosse à mon rêve,
Mordant la terre chaude où poussent les lilas,

J'attends, en m'abîmant que mon ennui s'élève...
-- Cependant l'Azur rit sur la haie et l'éveil
De tant d'oiseaux en fleur gazouillant au soleil.



Du même auteur :
Apparition
Autre éventail
Brise Marine
Départ
Le vierge, le vivace et le bel aujourd'hui
Le vitrier
Offert avec un verre d'eau
Renouveau
Soupir
Tristesse d'été

La Fontaine - Le Corbeau et le Renard

Ecouter sur DEEZER
Interprétation : Anny et Jean-Marc Versini
Composition : Jean-Marc Versini




Jean de la Fontaine - (1621-1695)


Le Corbeau et le Renard

Maître Corbeau, sur un arbre perché,
Tenait en son bec un fromage.
Maître Renard, par l’odeur alléché,
Lui tint à peu près ce langage :
« Hé ! bonjour, Monsieur du Corbeau.
Que vous êtes joli ! que vous me semblez beau !
Sans mentir, si votre ramage
Se rapporte à votre plumage,
Vous êtes le Phénix des hôtes de ces bois. »
A ces mots le Corbeau ne se sent pas de joie ;
Et pour montrer sa belle voix,
Il ouvre un large bec, laisse tomber sa proie.
Le Renard s’en saisit, et dit : « Mon bon Monsieur,
Apprenez que tout flatteur
Vit aux dépens de celui qui l’écoute :
Cette leçon vaut bien un fromage, sans doute. »
Le Corbeau, honteux et confus,
Jura, mais un peu tard, qu’on ne l’y prendrait plus.



Ecouter sur DEEZER
Interprétation : Les Frères Jacques
Composition : Georges van Parys

Apollinaire - Clotilde

Ecouter sur DEEZER
Version moderne
Composée et interprétée
par Urbain Rinaldo




Guillaume Apollinaire - (1880-1918)


Clotilde

L’anémone et l’ancolie
Ont poussé dans le jardin
Où dort la mélancolie
Entre l’amour et le dédain

Il y vient aussi nos ombres
Que la nuit dissipera
Le soleil qui les rend sombres
Avec elles disparaîtra

Les déités des eaux vives
Laissent couler leurs cheveux
Passe il faut que tu poursuives
Cette belle ombre que tu veux



Ecouter sur DEEZER
Version classique
interprétée par Brigitte Balleys
Musique d'Arthur Honegger

Coppée - Les trois oiseaux

Ecouter sur DEEZER
Interprétation : Félicity Lott et Ann Murray
Composition : Léo Delibes



François Coppée (1842-1908)


Les trois oiseaux

J’ai dit au ramier : Pars et va quand même,
Au delà des champs d’avoine et de foin,
Me chercher la fleur qui fera qu’on m’aime.
Le ramier m’a dit : C’est trop loin !

Et j’ai dit à l’aigle : Aide-moi, j’y compte,
Et, si c’est le feu du ciel qu’il me faut,
Pour l’aller ravir prends ton vol et monte.
Et l’aigle m’a dit : C’est trop haut !

Et j’ai dit enfin au vautour : Dévore
Ce cœur trop plein d’elle et prends-en ta part.
Laisse ce qui peut être intact encore.
Le vautour m’a dit : C’est trop tard !



Du même auteur :
La Vague et la Cloche
Les oiseaux se cachent pour mourir
Les trois oiseaux
Lied
Mai
Matin d'octobre
Menuet
Obstination
Ritournelle
Sérénade du passant