Rue de Vanves (Rue Losserand aujourd'hui) au coeur du quartier Plaisance (XIVe)
Ecouter la version chantée Interprétation : Marc Ogeret Composition : Marc Robine - Diffusé par DEEZER - |
Louis Aragon - (1897-1982)
Quatorzième arrondissement
Lieux sans visage que le vent
Ô ma jeunesse rue de Vanves
Passants passés printemps d’avant
Vous me revenez bien souvent
Quartier pauvre où je me promène
Reconnais celui qui t’aima
La sonnette du cinéma
S’entendait avenue du Maine
Très tôt tes maisons s’aveuglaient
Je m’enfonçais dans tes façades
Les affiches des palissades
Avaient des loques et des plaies
J’arrivais au chemin de fer
Qui bordait la ville et la vie
Au fossé tant de fois suivi
Sans savoir vraiment pour quoi faire
Les trains n’y passaient presque plus
C’était un lieu d’herbe et de flâne
Où dans l’ortie et le pas d’âne
Des papiers ornaient les talus
Qui s’en souvient tous des pareils
L’air m’échappe à vous la chanson
O mes amis perdus ce sont
Choses qui sortent par l’oreille
Nous étions comme un rire amer
Au seuil de ce siècle sans voix
Ô mes compagnons je vous vois
Et vos bouteilles à la mer
Ce que vous avez jamais cru
Déjà décroît comme un faubourg
Dans un bruit lointain de tambours
On a changé le nom des rues
L’histoire a passé dans son van
Votre grain songes décevants
Et voici que dorénavant
Il n’y a plus de rue de Vanves