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Nerval - Epitaphe

                                        Gerard de Nerval

Ecouter sur DEEZER
Composé et interprété
par Patrick Hamel




Gerard de Nerval - (1808-1855)

Poésies diverses


Epitaphe

Il a vécu tantôt gai comme un sansonnet,
Tour à tour amoureux insoucieux et tendre,
Tantôt sombre et rêveur comme un triste Clitandre.
Un jour il entendit qu'à sa porte on sonnait.

C'était la Mort ! Alors il la pria d'attendre
Qu'il eût posé le point à son dernier sonnet;
Et puis sans s'émouvoir, il s'en alla s'étendre
Au fond du coffre froid où son corps frissonnait.

Il était paresseux, à ce que dit l'histoire,
Il laissait trop sécher l'encre dans l'écritoire.
Il voulait tout savoir mais il n'a rien connu.

Et quand vint le moment où, las de cette vie,
Un soir d'hiver, enfin l'âme lui fut ravie,
Il s'en alla disant : Pourquoi suis-je venu ?


Queneau - Si tu t'imagines

                                                Juliette Greco

Ecouter sur DEEZER
Chanté par Juliette Gréco
Musique de Joseph Kosma




Raymond Queneau (1903-1976)


Si tu t'imagines

Si tu t'imagines
si tu t'imagines
fillette fillette
si tu t'imagines
xa va xa va xa
va durer toujours
la saison des za
la saison des za
saison des amours
ce que tu te goures
fillette fillette
ce que tu te goures

Si tu crois petite
si tu crois ah ah
que ton teint de rose
ta taille de guêpe
tes mignons biceps
tes ongles d'émail
ta cuisse de nymphe
et ton pied léger
si tu crois petite
xa va xa va xa va
va durer toujours
ce que tu te goures
fillette fillette
ce que tu te goures

les beaux jours s'en vont
les beaux jours de fête
soleils et planètes
tournent tous en rond
mais toi ma petite
tu marches tout droit
vers sque tu vois pas
très sournois s'approchent
la ride véloce
la pesante graisse
le menton triplé
le muscle avachi
allons cueille cueille
les roses les roses
roses de la vie
et que leurs pétales
soient la mer étale
de tous les bonheurs
allons cueille cueille
si tu le fais pas
ce que tu te goures
fillette fillette
ce que tu te goures.



Du même auteur :
Adieu
Ballade en proverbes du vieux temps
Bien placés, bien choisis
Complainte
Exercices de style - Alexandrins
Exercices de style - Botanique
Exercices de style - Ode
Exercices de style - Sonnet
Il pleut
L'écolier
Perplexité
Saint-Ouen's blues
Si tu t'imagines
Tant de sueur humaine

Aragon - Il n'aurait fallu


Ecouter sur DEEZER
Interprété par Monique Morelli
sur une musique de Leo Ferré




Louis Aragon - (1897-1982)

Le roman inachevé


Il n'aurait fallu

Il n’aurait fallu
Qu’un moment de plus
Pour que la mort vienne
Mais une main nue
Alors est venue
Qui a pris la mienne

Qui donc a rendu
Leurs couleurs perdues
Aux jours aux semaines
Sa réalité
A l’immense été
Des choses humaines

Moi qui frémissais
Toujours je ne sais
De quelle colère
Deux bras ont suffi
Pour faire à ma vie
Un grand collier d’air

Rien qu’un mouvement
Ce geste en dormant
Léger qui me frôle
Un souffle posé
Moins une rosée
Contre mon épaule

Un front qui s’appuie
A moi dans la nuit
Deux grands yeux ouverts
Et tout m’a semblé
Comme un grand champ de blé
Dans cet univers

Un tendre jardin
Dans l’herbe où soudain
La verveine pousse
Et mon cœur défunt
Renaît au parfum
Qui fait l’ombre douce.


Hugo - Océan


Ecouter sur DEEZER
Composé et interprété
par Marc Robine




Victor Hugo - (1802-1885)

La Légende des siècles


Océan

...
- Je pars, dit le capitaine,
Pour Gibraltar, pour Athènes,
Pour Tafilet.
- Nous partons, disent les mousses,
Pour Malte où les nuits sont douces
Comme le lait.

- Nous partons, dit le pilote,
Pour l'Inde où la jonque flotte,
Pour Tétuan,
Pour Chypre, île aux belles femmes...
- Et pour le pays des âmes,
Dit l'océan.
...
Hommes, vous rêvez de croire
Que vous vaincrez mon eau noire,
Aux fiers bouillons,
Ma vague aux mille étincelles,
En pendant à des ficelles
Quelques haillons !

C'est donc là votre navire !
Une écorce qui chavire
Sous tout climat !
Cette épingle qui m'éraille,
C'est l'ancre, et ce brin de paille,
C'est le grand mât !

Ces quatre planches mal jointes
Se déchireront aux pointes
Du moindre écueil.
L'homme au front triste, aux mains blanches,
Ne sait clouer que les planches
De son cercueil.

...


La Fontaine - Le Coche et la Mouche

                        Illustration de Willy Aractingi

Ecouter sur DEEZER
Interprété par le groupe Chemin Faisant
sur une musique d'Yves Plaquet




Jean de La Fontaine - (1621-1695)


Le Coche et la Mouche

Dans un chemin montant, sablonneux, malaisé,
Et de tous les côtés au Soleil exposé,
Six forts chevaux tiraient un Coche.
Femmes, Moine, vieillards, tout était descendu.
L'attelage suait, soufflait, était rendu.
Une Mouche survient, et des chevaux s'approche ;
Prétend les animer par son bourdonnement ;
Pique l'un, pique l'autre, et pense à tout moment
Qu'elle fait aller la machine,
S'assied sur le timon, sur le nez du Cocher ;
Aussitôt que le char chemine,
Et qu'elle voit les gens marcher,
Elle s'en attribue uniquement la gloire ;
Va, vient, fait l'empressée ; il semble que ce soit
Un Sergent de bataille allant en chaque endroit
Faire avancer ses gens, et hâter la victoire.
La Mouche en ce commun besoin
Se plaint qu'elle agit seule, et qu'elle a tout le soin ;
Qu'aucun n'aide aux chevaux à se tirer d'affaire.
Le Moine disait son Bréviaire ;
Il prenait bien son temps ! une femme chantait ;
C'était bien de chansons qu'alors il s'agissait !
Dame Mouche s'en va chanter à leurs oreilles,
Et fait cent sottises pareilles.
Après bien du travail le Coche arrive au haut.
Respirons maintenant, dit la Mouche aussitôt :
J'ai tant fait que nos gens sont enfin dans la plaine.
Ca, Messieurs les Chevaux, payez-moi de ma peine.
Ainsi certaines gens, faisant les empressés,
S'introduisent dans les affaires :
Ils font partout les nécessaires,
Et, partout importuns, devraient être chassés.


Prévert - Quelqu'un

                Jacques Prévert : Histoires - Folio

Ecouter sur DEEZER
Interprété par Yves Montand
Musique de Christiane Verger




Jacques Prévert - (1900-1977)

Histoires


Quelqu'un

Un homme sort de chez lui
C’est très tôt le matin
C’est un homme triste
Cela se voit sur sa figure
Soudain dans une boîte à ordures
Il voit un vieux Bottin Mondain
Quand on est triste on passe le temps
Et l’homme prend le Bottin
Le secoue un peu et le feuillette machinalement
Quand on est triste on passe le temps
Les choses sont comme elles sont
Cet homme si triste est triste parce qu’il s’appelle Ducon
Et il feuillette
Et continue à feuilleter
Et il s’arrête
A la page des D
Et il regarde à la colonne des D-U Du ..
Et son regard d’homme triste devient plus gai et plus clair
Personne
Vraiment personne ne porte le même nom
Je suis le seul Ducon
Dit-il entre ses dents
Et il jette le livre s’époussette les mains
Et poursuit fièrement son petit bonhomme de chemin.


Zachary Richard - Poesie cadienne (1)

                                      Le Bayou dans le bois d'Attakapas

Ecouter sur DEEZER
Interprété par
Zachary Richard



Zachary Richard


Au bord de Lac Bijou

Dans le Sud de la Louisiane
Dans le bois d'Attakapas
Où la rivière joint la levée
Planté dans l'anse est un vieux chêne vert
Au bord de Lac Bijou

Dans son feuillage
Où les branches font leur crochet
Les hirondelles reviennent chaque printemps
Ils se réfugient dedans ce chêne vert
Au bord de Lac Bijou

Tourne, tourne dans mes bras
Tiens-moi serré encore
Reste avec moi, en bas le chêne vert
Au bord de Lac Bijou


C'était l'année de cinquante et sept
La première fois je les ai vus
Les deux ensemble se bâtir un nid
Au bord de Lac Bijou

Ils revenaient quand l'hiver était fini
Je les appelais Pierre et Marie
Un grand monsieur noir comme la nuit
Sa damoiselle avec lui.

Pendant le carême ce dernier mois d'avril
Je lui ai vu une dernière fois
Un oiseau seul posé sur sa branche
Au bord de Lac Bijou.

Il restait tranquille, son coeur après se casser
Guettant du matin au soir
Jusqu'au dimanche qu'il est parti aussi
Du bord de Lac Bijou.


Mac Orlan - La Fille de Londres

Pierre Mac Orlan
Ecouter sur DEEZER
Interprété par Germaine Montero
Musique de Marceau Verschueren
Ecouter sur DEEZER
Interprété par Sanseverino
Musique de Marceau Verschueren



Pierre Mac Orlan (1882-1970)


La Fille de Londres

Un rat est venu dans ma chambre
Il a rongé la souricière
Il a arrêté la pendule
Et renversé le pot à bière
Je l'ai pris entre mes bras blancs
Il était chaud comme un enfant
Je l'ai bercé bien tendrement
Et je lui chantais doucement

Dors mon rat mon flic dors mon vieux Bobby
Ne siffle pas sur les quais endormis
Quand je tiendrai la main de mon chéri

Un chinois est sorti de l'ombre
Un chinois a regardé Londres
Sa casquette était de marine
Ornée d'une ancre coralline
Devant la porte de Charlie
A Pennyfields j'lui ai souri
Dans le silence de la nuit
En murmurant je lui ai dit

Je voudrais je voudrais je n'sais trop quoi
Je voudrais ne plus entendre ma voix
J'ai peur j'ai peur de toi j'ai peur de moi

Sur son maillot de laine bleue
On pouvait lire en lettres rondes
Le nom d'une vieille compagnie
Qui paraît-il fait l'tour du monde
Nous sommes entrés chez Charlie
A Pennyfields loin des soucis
Et j'ai dansé toute la nuit
Avec mon chinetoque ébloui

Et chez Charlie il faisait jour et chaud
Ted jouait Daisy Belle sur son vieux piano
Un piano avec des dents de chameau

J'ai conduit le chinois dans ma chambre
Il a mis le rat à la porte
Il a remonté la pendule
Il a rempli le pot à bière
Je l'ai pris dans mes bras tremblants
Pour le bercer comme un enfant
Il s'est endormi sur le dos
Alors j'lui ai pris son couteau

C'était un couteau perfide et glacé
Un sale couteau rouge de vérité
Un sale couteau rouge ... sans spécialité



Ecouter sur DEEZER
Interprété par Catherine Sauvage
Musique de Marceau Verschueren

Du même auteur :
Jean de la Providence de Dieu
La Belle de Mai
La chanson de Margaret
La fille de Londres
La fille des bois
Le pont du nord
Marie-Dominique
Tendres promesses

Hugo - La blanche Aminte


Ecouter sur DEEZER
Interprétation de
Colette Magny



Victor Hugo


La blanche Aminte

Sitôt qu'Aminte fut venue
Nue,
Devant le dey qui lui semblait
Laid,

Plus blanche qu'un bloc de Carrare
Rare,
Elle défit ses cheveux blonds,
Longs.

Alors, ô tête de l'eunuque,
Nuque
Du Bostangi, tu te courbas
Bas.

Le bassa, dont l'amour enflamme
L'âme,
À ses pieds laissa son mouchoir
Choir,

En disant : - Ne sois pas rebelle,
Belle,
Tes pieds blancs et tes blonds cheveux
Veux.

Or, c'était le bassa d'Épire,
Pire,
Qu'un vrai moine et plus qu'un manchot
Chaud,

Faisant turques et circassiennes
Siennes,
Et pour soi seul en nourrissant
Cent.

Donc, à sa parole exigeante,
Gente,
Aminte ne dit rien au vaurien
Rien.

Elle inclina son cou de cygne,
Signe
Qu'elle trouvait le vieux corbeau
Beau.

Quand ses femmes virent Aminte,
Mainte
Jalouse idée à plus de vingt
Vint.

Longtemps le sérail infidèle
D'elle
Parla, puis de ses cheveux blonds
Longs,

Les blanches qu'à Chypre on rencontre
Contre,
Et les noires de Visapour
Pour.


Apollinaire - Les saltimbanques

                                Les Saltimbanques de Pedro Uhart

Ecouter sur DEEZER
Interprété par Yves Montand
Musique de Louis Bessières




Guillaume Apollinaire - (1880-1918)


Les Saltimbanques

Dans la plaine les baladins
S'éloignent au long des jardins
Devant l'huis des auberges grises
Par les villages sans églises

Et les enfants s'en vont devant
Les autres suivent en rêvant
Chaque arbre fruitier se résigne
Quand de très loin ils lui font signe

Ils ont des poids ronds ou carrés
Des tambours des cerceaux dorés
L'ours et le singe animaux sages
Quêtent des sous sur leur passage


Luce - Femme à Lunettes

Renan Luce



Renan Luce


Femme à lunettes

Femme à lunettes
Elle est devenue
Ce fameux soir
Où à l'oeil nu
Elle tentait de mater
Avec charme
C'qu'il y avait
Dans la petite lucarne
Ses yeux qui plissent
Et moi complice
Qui suis toujours aux ptits soins
J'l'ai emmené chez l'opticien
...




Paroles et musique de Renan Luce

Trenet - Le jardin extraordinaire

Jardin Zen Japonais

Ecouter la version chantée
Paroles et musique de Charles Trenet
- Diffusé par DEEZER -



Charles Trenet (1913-2001)


Le jardin extraordinaire


C'est un jardin extraordinaire:
Il y a des canards qui parlent anglais.
Je leur donne du pain, ils remuent leur derrière
En me disant "Thank you very much, Monsieur Trenet".
On y voit aussi des statues
Qui se tiennent tranquilles tout le jour, dit-on
Mais moi, je sais que, dès la nuit venue,
Elles s'en vont danser sur le gazon.
Papa, c'est un jardin extraordinaire:
Il y a des oiseaux qui tiennent un buffet.
Ils vendent du grain, des petits morceaux de gruyère.
Comme clients ils ont Monsieur le maire et le Sous-Préfet.

Il fallait bien trouver, dans cette grande ville maussade
Où les touristes s'ennuient au fond de leurs autocars,
Il fallait bien trouver un lieu pour la promenade.
J'avoue que ce samedi-là je suis entré par hasard...
Dans, dans, dans...

Ce jardin extraordinaire,
Loin des noirs buildings et des passages cloutés.
Y avait un bal que donnaient des primevères.
Dans un coin de verdure, les petites grenouilles chantaient
Une chanson pour saluer la lune.
Dès que celle-ci parut, toute rose d'émotion,
Elles entonnèrent, je crois, la valse brune.
Une vieille chouette me dit: "Quelle distinction!"
Maman, dans ce jardin extraordinaire,
Je vis soudain passer la plus belle des filles.
Elle vint près de moi, et là me dit sans manières:
"Vous me plaisez beaucoup, j'aime les hommes dont les yeux brillent!"

Il fallait bien trouver, dans cette grande ville perverse,
Une gentille amourette, un petit flirt de vingt ans
Qui me fasse oublier que l'amour est un commerce
Dans les bars de la cité,
Oui, mais oui mais pas dans...
Dans, dans, dans...

Mon jardin extraordinaire.
Un ange du Bizarre, un agent nous dit:
"Étendez-vous sur la verte bruyère,
Je vous jouerai du luth pendant que vous serez réunis."
Cet agent était un grand poète
Mais nous préférions, Artémise et moi,
La douceur d'une couchette secrète
Qu'elle me fit découvrir au fond du bois.
Pour ceux qui veulent savoir où le jardin se trouve,
Il est, vous le voyez, au coeur de ma chanson.
J'y vole parfois quand un chagrin m'éprouve.
Il suffit pour ça d'un peu d'imagination!
Il suffit pour ça d'un peu d'imagination!
Il suffit pour ça d'un peu d'imagination!



Du même auteur :
L'âme des Poètes
Le jardin extraordinaire
Le soleil et la lune
Une noix
Vous oubliez votre cheval

Hugo - Gastibelza


Ecouter sur DEEZER
Composé et interprété
par Georges Brassens



Victor Hugo - Les Rayons et les ombres


Gastibelza

Gastibelza, l'homme à la carabine,
Chantait ainsi :
" Quelqu'un a-t-il connu doña Sabine ?
Quelqu'un d'ici ?
Dansez, chantez, villageois ! la nuit gagne
Le mont Falù.
- Le vent qui vient à travers la montagne
Me rendra fou !

" Quelqu'un de vous a-t-il connu Sabine,
Ma señora ?
Sa mère était la vieille maugrabine
D'Antequera,
Qui chaque nuit criait dans la Tour-Magne
Comme un hibou... -
Le vent qui vient à travers la montagne
Me rendra fou !

" Dansez, chantez! Des biens que l'heure envoie
Il faut user.
Elle était jeune et son oeil plein de joie
Faisait penser. -
À ce vieillard qu'un enfant accompagne
Jetez un sou ! ... -
Le vent qui vient à travers la montagne
Me rendra fou.

" Vraiment, la reine eût près d'elle été laide
Quand, vers le soir,
Elle passait sur le pont de Tolède
En corset noir.
Un chapelet du temps de Charlemagne
Ornait son cou... -
Le vent qui vient à travers la montagne
Me rendra fou.

" Le roi disait en la voyant si belle
À son neveu : -- Pour un baiser, pour un sourire d'elle,
Pour un cheveu,
Infant don Ruy, je donnerais l'Espagne
Et le Pérou ! -
Le vent qui vient à travers la montagne
Me rendra fou.

" Je ne sais pas si j'aimais cette dame,
Mais je sais bien
Que pour avoir un regard de son âme,
Moi, pauvre chien,
J'aurais gaîment passé dix ans au bagne
Sous le verrou... -
Le vent qui vient à travers la montagne
Me rendra fou.

" Un jour d'été que tout était lumière,
Vie et douceur,
Elle s'en vint jouer dans la rivière
Avec sa soeur,
Je vis le pied de sa jeune compagne
Et son genou... -
Le vent qui vient à travers la montagne
Me rendra fou.

" Quand je voyais cette enfant, moi le pâtre
De ce canton,
Je croyais voir la belle Cléopâtre,
Qui, nous dit-on,
Menait César, empereur d'Allemagne,
Par le licou... -
Le vent qui vient à travers la montagne
Me rendra fou.

" Dansez, chantez, villageois, la nuit tombe !
Sabine, un jour,
A tout vendu, sa beauté de colombe,
Et son amour,
Pour l'anneau d'or du comte de Saldagne,
Pour un bijou... -
Le vent qui vient à travers la montagne
Me rendra fou.

" Sur ce vieux banc souffrez que je m'appuie,
Car je suis las.
Avec ce comte elle s'est donc enfuie !
Enfuie, hélas !
Par le chemin qui va vers la Cerdagne,
Je ne sais où... -
Le vent qui vient à travers la montagne
Me rendra fou.

" Je la voyais passer de ma demeure,
Et c'était tout.
Mais à présent je m'ennuie à toute heure,
Plein de dégoût,
Rêveur oisif, l'âme dans la campagne,
La dague au clou... -
Le vent qui vient à travers la montagne
M'a rendu fou ! "


Boris Vian - A tous les enfants



Boris Vian (1920-1959)


A tous les enfants

A tous les enfants
Qui sont partis le sac au dos
Par un brumeux matin d’avril
Je voudrais faire un monument
A tous les enfants
Qui ont pleuré le sac au dos
Les yeux baissés sur leurs chagrins
Je voudrais faire un monument

Pas de pierre, pas de béton
Ni de bronze qui devient vert
Sous la morsure aiguë du temps
Un monument de leur souffrance
Un monument de leur terreur
Aussi de leur étonnement
Voilà le monde parfumé
Plein de rires, pleins d’oiseaux bleus
Soudain griffé d’un coup de feu
Un monde neuf où sur un corps
Qui va tomber
Grandit une tache de sang

Mais à tous ceux qui sont restés
Les pieds au chaud sous leur bureau
En calculant le rendement
De la guerre qu’ils ont voulue
A tous les gras tous les cocus
Qui ventripotent dans la vie
Et comptent comptent leurs écus
A tous ceux-là je dresserai
Le monument qui leur convient
Avec la schlague, avec le fouet
Avec mes pieds avec mes poings
Avec des mots qui colleront
Sur leurs faux-plis sur leurs bajoues
Des masques de honte et de boue.




Interprété par Joan Baez
La musique est de Claude Vence


Du même auteur :
A tous les enfants
Ils cassent le monde
La java des bombes atomiques
Le déserteur
Quand j'aurai du vent dans mon crâne
Sermonette

Genet - Le Condamné à Mort (1)

    Maurice Pilorge, guillotiné en 1939, a inspiré à J.Genet
    les textes du "Condamné à Mort".

Ecouter la version chantée
Composée et interprétée
par Hélène Martin
- Diffusé par YOUTUBE -
Ecouter la version live
Interprétation : Etienne Daho
Composition : Hélène Martin
- Diffusé par DEEZER -



Jean Genet (1910-1986)


Sur mon cou

Sur mon cou sans armure et sans haine, mon cou
Que ma main plus légère et grave qu’une veuve
Effleure sous mon col, sans que ton cœur s’émeuve,
Laisse tes dents poser leur sourire de loup.

Ô viens mon beau soleil, ô viens ma nuit d’Espagne,
Arrive dans mes yeux qui seront morts demain.
Arrive, ouvre ma porte, apporte-moi ta main,
Mène-moi loin d’ici battre notre campagne.

Le ciel peut s’éveiller, les étoiles fleurir,
Ni les fleurs soupirer, et des prés l’herbe noire
Accueillir la rosée où le matin va boire,
Le clocher peut sonner : moi seul je vais mourir.

Ô viens mon ciel de rose, ô ma corbeille blonde !
Visite dans sa nuit ton condamné à mort.
Arrache-toi la chair, tue, escalade, mords,
Mais viens ! Pose ta joue contre ma tête ronde.

Nous n’avions pas fini de nous parler d’amour.
Nous n’avions pas fini de fumer nos gitanes.
On peut se demander pourquoi les cours condamnent
Un assassin si beau qu’il fait pâlir le jour.

Amour viens sur ma bouche ! Amour ouvre tes portes !
Traverse les couloirs, descends, marche léger,
Vole dans l’escalier, plus souple qu’un berger,
Plus soutenu par l’air qu’un vol de feuilles mortes.

Ô Traverse les murs ; s’il le faut marche au bord
Des toits, des océans ; couvre-toi de lumière,
Use de la menace, use de la prière,
Mais viens, ô ma frégate, une heure avant ma mort.



Chanté par Marc Ogeret jeune
Composition : Hélène Martin
- Diffusé par YOUTUBE -

Du même auteur :
Les assassins du mur
Où sans vieillir
Pardonnez-moi mon Dieu
Sur mon cou

Nerval - Le Relais

Ecouter sur DEEZER
Interprété par Cathy Fernandez
sur une musique d'Hélène Triomphe




Gerard de Nerval - (1808-1855)


Le Relais

En voyage, on s'arrête, on descend de voiture ;
Puis entre deux maisons on passe à l'aventure,
Des chevaux, de la route et des fouets étourdi,
L'œil fatigué de voir et le corps engourdi.

Et voici tout à coup, silencieuse et verte,
Une vallée humide et de lilas couverte,
Un ruisseau qui murmure entre les peupliers,
Et la route et le bruit sont bien vite oubliés!

On se couche dans l'herbe et l'on s'écoute vivre,
De l'odeur du foin vert à loisir on s'enivre,
Et sans penser à rien on regarde les cieux...
Hélas ! une voix crie : « En voiture, messieurs! »


Ferré - Les poètes



Ecouter la version chantée
Interprétation : Leo Feré
Composition : Leo Ferré
- Diffusé par DEEZER -



Leo Ferré - (1916-1993)


Les poètes

Ce sont de drôles de types qui vivent de leur plume
Ou qui ne vivent pas c'est selon la saison
Ce sont de drôles de types qui traversent la brume
Avec des pas d'oiseaux sous l'aile des chansons

Leur âme est en carafe sous les ponts de la Seine
Leurs sous dans les bouquins qu'ils n'ont jamais vendus
Leur femme est quelque part au bout d'une rengaine
Qui nous parle d'amour et de fruit défendu

Ils mettent des couleurs sur le gris des pavés
Quand ils marchent dessus ils se croient sur la mer
Ils mettent des rubans autour de l'alphabet
Et sortent dans la rue leurs mots pour prendre l'air

Ils ont des chiens parfois compagnons de misère
Et qui lèchent leurs mains de plume et d'amitié
Avec dans le museau la fidèle lumière
Qui les conduit vers les pays d'absurdité

Ce sont de drôles de types qui regardent les fleurs
Et qui voient dans leurs plis des sourires de femme
Ce sont de drôles de types qui chantent le malheur
Sur les pianos du coeur et les violons de l'âme

Leurs bras tout déplumés se souviennent des ailes
Que la littérature accrochera plus tard
A leur spectre gelé au-dessus des poubelles
Où remueront leurs vers comme un effet de l'Art

Ils marchent dans l'azur la tête dans les villes
Et savent s'arrêter pour bénir les chevaux
Ils marchent dans l'horreur la tête dans des îles
Où n'abordent jamais les âmes des bourreaux

Ils ont des paradis que l'on dit d'artifice
Et l'on met en prison leurs quatrains de dix sous
Comme si l'on mettait aux fers un édifice
Sous prétexte que les bourgeois sont dans les goûts



Du même auteur :
Avec le temps
Cette Blessure
La mémoire de la mer
Les poètes
Merci mon Dieu
Saint-Germain-des-Prés

Hugo - S'il est un charmant gazon


                                Interprété par Elly Ameling




Victor Hugo - (1802-1885)

Les chants du crépuscule


S'il est un charmant gazon

S'il est un charmant gazon
Que le ciel arrose,
Où brille en toute saison
Quelque fleur éclose,
Où l'on cueille à pleine main
Lys, chèvrefeuille et jasmin,
J'en veux faire le chemin
Où ton pied se pose !

S'il est un sein bien aimant
Dont l'honneur dispose,
Dont le ferme dévouement
N'ait rien de morose,
Si toujours ce noble sein
Bat pour un digne dessein,
J'en veux faire le coussin
Où ton front se pose !

S'il est un rêve d'amour
Parfumé de rose,
Où l'on trouve chaque jour
Quelque douce chose,
Un rêve que Dieu bénit,
Où l'âme à l'âme s'unit,
Oh ! j'en veux faire le nid
Où ton coeur se pose !


Baudelaire - La Beauté

         Titien, Vénus au miroir - Washington, National Gallery of Art

Ecouter sur DEEZER
Composé et interprété
par Léo Ferré



Charles Baudelaire - (1821-1867)

Les fleurs du mal


La Beauté

Je suis belle, ô mortels! Comme un rêve de pierre,
Et mon sein, où chacun s'est meurtri tour à tour,
Est fait pour inspirer au poète un amour
Éternel et muet ainsi que la matière.

Je trône dans l'azur comme un sphinx incompris ;
J'unis un cœur de neige à la blancheur des cygnes ;
Je hais le mouvement qui déplace les lignes,
Et jamais je ne pleure et jamais je ne ris.

Les poètes, devant mes grandes attitudes,
Que j'ai l'air d'emprunter aux plus fiers monuments,
Consumeront leurs jours en d'austères études ;

Car j'ai, pour fasciner ces dociles amants,
De purs miroirs qui font toutes choses plus belles :
Mes yeux, mes larges yeux aux clartés éternelles !


Ronsard - Quand vous serez bien vieille

     Georges de la Tour - La Madeleine à la Veilleuse

Ecouter la version chantée
Composée et interpétée
par Kirjuhel
- Diffusé par DEEZER -
Ecouter sur DEEZER
Interprété par
James Ollivier




Pierre de Ronsard - (1524-1585)

Sonnets pour Hélène


Cueillez dès aujourd'hui
les roses de la vie

Quand vous serez bien vieille, au soir, à la chandelle,
Assise auprès du feu, devidant et filant,
Direz, chantant mes vers, et vous esmerveillant :
Ronsard me celebroit du temps que j'estois belle.

Lors vous n'aurez servante oyant telle nouvelle,
Desja sous le labeur à demy sommeillant,
Qui, au bruit de Ronsard, ne s'aille réveillant,
Benissant vostre nom de louange immortelle.

Je seray sous la terre, et, fantosme sans os,
Par les ombres myrteux je prendray mon repos;
Vous serez au fouyer une vieille accroupie,

Regrettant mon amour et vostre fier desdain.
Vivez, si m'en croyez, n'attendez à demain ;
Cueillez dés aujourd'huy les roses de la vie.


Ronsard - Vous méprisez Nature


Ecouter sur DEEZER
Interprété par Loretta Liberato
sur une musique de Georges Bizet



Pierre de Ronsard (1524-1585)


Nouvelle continuation des Amours

Vous méprisez Nature : êtes-vous si cruelle
De ne vouloir aimer ? Voyez les passereaux
Qui démènent l'amour : voyez les colombeaux,
Regardez le ramier, voyez la tourterelle,

Voyez deçà delà d'une frétillante aile
Voleter par le bois les amoureux oiseaux,
Voyez la jeune vigne embrasser les ormeaux,
Et toute chose rire en la saison nouvelle :

Ici, la bergerette en tournant son fuseau
Dégoise ses amours, et là, le pastoureau
Répond à sa chanson ; ici toute chose aime,

Tout parle de l'amour, tout s'en veut enflammer :
Seulement votre coeur, froid d'une glace extrême,
Demeure opiniâtre et ne veut point aimer.


Lamartine - Pensée des Morts


Ecouter sur DEEZER
Composé et interprété
par Georges Brassens




Alphonse de Lamartine - (1790-1869)

Harmonies poétiques et religieuses


Pensée des Morts

Voila les feuilles sans sève
Qui tombent sur le gazon
Voila le vent qui s'élève
Et gémit dans le vallon
Voila l'errante hirondelle
Qui rase du bout de l'aile
L'eau dormante des marais
Voila l'enfant des chaumières
Qui glane sur les bruyères
Le bois tombé des forêts

C'est la saison où tout tombe
Aux coups redoublés des vents
Un vent qui vient de la tombe
Moissonne aussi les vivants
Ils tombent alors par mille
Comme la plume inutile
Que l'aigle abandonne aux airs
Lorsque des plumes nouvelles
Viennent réchauffer ses ailes
A l'approche des hivers

C'est alors que ma paupière
Vous vit pâlir et mourir
Tendres fruits qu'à la lumière
Dieu n'a pas laissé mûrir
Quoique jeune sur la terre
Je suis déjà solitaire
Parmi ceux de ma saison
Et quand je dis en moi-même
"Ou sont ceux que ton coeur aime?"
Je regarde le gazon

C'est un ami de l'enfance
Qu'aux jours sombres du malheur
Nous prêta la providence
Pour appuyer notre coeur
Il n'est plus: notre âme est veuve
Il nous suit dans notre épreuve
Et nous dit avec pitié
"Ami si ton âme et pleine
De ta joie ou de ta peine
Qui portera la moitié?"

C'est une jeune fiancée
Qui, le front ceint du bandeau
N'emporta qu'une pensée
De sa jeunesse au tombeau
Triste, hélas! dans le ciel même
Pour revoir celui qu'elle aime
Elle revient sur ses pas
Et lui dit: "ma tombe est verte!
Sur cette terre déserte
Qu'attends-tu? je n'y suis pas!"

C'est l'ombre pâle d'un père
Qui mourut en nous nommant
C'est une soeur, c'est un frère
Qui nous devance un moment
Tous ceux enfin dont la vie
Un jour ou l'autre ravie,
Emporte une part de nous
Semblent dire sous la pierre
"Vous qui voyez la lumière
De nous vous souvenez-vous?"


Souchon - S'asseoir par terre


Ecouter la version chantée
Composée et interprétée
par Alain Souchon
- Diffusé par DEEZER -



Alain Souchon - RCA 1976


S'asseoir par terre

Tu verras bien qu'un beau matin fatigué
J'irai m'asseoir sur le trottoir d'à côté
Tu verras bien qu'il n'y aura pas que moi
Assis par terre comme ça


Le temps d'un jean et d'un film à la télé
On se retrouve à vingt-huit balais
Avec dans le coeur plus rien pour s'émouvoir
Alors pourquoi pas s'asseoir

Depuis le temps qu'on est sur pilote automatique
Qu’on fait pas nos paroles et pas notre musique
On a le vertige sur nos grandes jambes de bazar
Alors pourquoi pas s'asseoir

J'appuie sur la gâchette accélérateur
Y’a que des ennemis dans mon rétroviseur
Au-dessus de cent quatre-vingts je perds la mémoire
Alors pourquoi pas s'asseoir

La nuit je dors debout dans un R.E.R.
Dans mon téléphone tu sais j'entends la mer
Y’a pas le soleil dans ma télé blanche et noire
Alors pourquoi pas s'asseoir



Du même auteur :
Caterpillar
Et si en plus il n'y a personne
La Beauté d'Ava Gardner
S'asseoir par terre