Fonction Calldeezer

Cliquer sur un auteur pour lire et entendre chanter ses textes. Les auteurs précédés d'un astérisque (*) ont une page permettant l'accès rapide à leurs oeuvres.
Pour écouter les enregistrements musicaux sur DEEZER il faut que le module complémentaire Flash Player (ou Shockwave Flash) soit "toujours activé" dans le navigateur.
(à faire pour chaque nouvelle version de Firefox
: Outils / Modules complémentaires / Shockwave / Toujours activer).

*Apollinaire Guillaume (40) *Aragon Louis (76) *Banville Théodore de (31) *Baudelaire Charles (91) Beart Guy (8) Belleau Rémy (4) Beranger (10) Berimont Luc (11) Bourget Paul (7) *Brassens Georges (42) Brel Jacques (10) Bruant Aristide (6) Cabrel Francis (5) Cadou René-Guy (16) Carco Francis (10) Carême Maurice (8) Caussimon Jean-Roger (6) Chateaubriand (4) Claudel Paul (9) Cocteau Jean (8) Coppée Francois (10) Corbière Tristan (8) Corneille (4) *Couté Gaston (19) *Cros Charles (18) De Baïf (6) *Desbordes-Valmore Marceline (19) *Desnos Robert (16) Desportes Philippe (5) Dimey Bernard (12) Du Bellay Joachim (9) *Eluard Paul (25) Ferré Léo (6) Florian Claris de (7) Fort Paul (13) *Gautier Théophile (28) Genet Jean (4) Gerard Rosemonde (4) Haraucourt Edmond (5) *Hugo Victor (113) Jacob Max (11) Jammes Francis (7) *La Fontaine Jean de (31) Labé Louise (10) Laforgue Jules (4) *Lamartine Alphonse de (20) Leclerc Félix (6) *Leconte de Lisle (23) Mac Orlan Pierre (8) Machaut Guillaume de (11) Malherbe Francois de (5) Mallarmé Stéphane (10) *Marot Clément (29) Mendès Catulle (7) *Musset Alfred de (30) *Nerval Gérard de (24) Noailles Anna de (6) Norge (4) Nougaro Claude (6) *Orléans Charles d' (22) Peguy Charles (7) Pisan Christine de (6) *Prévert Jacques (28) Queneau Raymond (14) Racine Jean (4) Radiguet Raymond (4) Regnier Henri de (6) Richepin Jean (9) Rilke Rainer Maria (8) *Rimbaud Arthur (44) *Ronsard Pierre de (86) Rostand Edmond (6) Saint-Amant (5) Samain Albert (10) Silvestre Armand (12) Souchon Alain (4) Soupault Philippe (6) *Sully Prudhomme (18) Supervielle Jules (8) Toulet Paul J. (5) Trenet Charles (5) Verhaeren Emile (5) *Verlaine Paul (71) Vian Boris (6) Vigneault Gilles (5) *Villon Francois (22) Vilmorin Louise de (8) Voltaire (3)

Hugo - Ecrit après la visite d'un bagne


Ecouter sur DEEZER
Interprétation : Chanson Plus Bifluorée
Composition : Sylvain Richardot



Victor Hugo - (1802-1883)


Ecrit après la visite d'un bagne

Chaque enfant qu'on enseigne est un homme qu'on gagne.
Quatrevingt-dix voleurs sur cent qui sont au bagne
Ne sont jamais allés à l'école une fois,
Et ne savent pas lire, et signent d'une croix.
C'est dans cette ombre-là qu'ils ont trouvé le crime.
L'ignorance est la nuit qui commence l'abîme.
Où rampe la raison, l'honnêteté périt.

Dieu, le premier auteur de tout ce qu'on écrit,
A mis, sur cette terre où les hommes sont ivres,
Les ailes des esprits dans les pages des livres.
Tout homme ouvrant un livre y trouve une aile, et peut
Planer là-haut où l'âme en liberté se meut.
L'école est sanctuaire autant que la chapelle.
L'alphabet que l'enfant avec son doigt épelle
Contient sous chaque lettre une vertu ; le coeur
S'éclaire doucement à cette humble lueur.
Donc au petit enfant donnez le petit livre.
Marchez, la lampe en main, pour qu'il puisse vous suivre.

La nuit produit l'erreur et l'erreur l'attentat.
Faute d'enseignement, on jette dans l'état
Des hommes animaux, têtes inachevées,
Tristes instincts qui vont les prunelles crevées,
Aveugles effrayants, au regard sépulcral,
Qui marchent à tâtons dans le monde moral.
Allumons les esprits, c'est notre loi première,
Et du suif le plus vil faisons une lumière.
L'intelligence veut être ouverte ici-bas ;
Le germe a droit d'éclore ; et qui ne pense pas
Ne vit pas. Ces voleurs avaient le droit de vivre.
Songeons-y bien, l'école en or change le cuivre,
Tandis que l'ignorance en plomb transforme l'or.

Je dis que ces voleurs possédaient un trésor,
Leur pensée immortelle, auguste et nécessaire ;
Je dis qu'ils ont le droit, du fond de leur misère,
De se tourner vers vous, à qui le jour sourit,
Et de vous demander compte de leur esprit ;
Je dis qu'ils étaient l'homme et qu'on en fit la brute ;
Je dis que je nous blâme et que je plains leur chute ;
Je dis que ce sont eux qui sont les dépouillés ;
Je dis que les forfaits dont ils se sont souillés
Ont pour point de départ ce qui n'est pas leur faute ;
Pouvaient-ils s'éclairer du flambeau qu'on leur ôte ?
Ils sont les malheureux et non les ennemis.
Le premier crime fut sur eux-mêmes commis ;
On a de la pensée éteint en eux la flamme :
Et la société leur a volé leur âme.